L'analyse d'Olivier Soudée, CEO et co-fondateur d’Haliro.
Dans un contexte
économique marqué par des incertitudes et une pression accrue sur les budgets,
il est légitime de se poser la question : l’avenir de la Responsabilité
Sociétale des Entreprises (RSE) est-il en danger ?
Derrière ce
questionnement, deux préoccupations majeures se dessinent. La première concerne
les budgets alloués à la RSE, de plus en plus sous pression en raison du
ralentissement économique. La seconde touche à la fonction même de la RSE au
sein des entreprises, qui semble, pour certains, perdre de son impact et de sa
visibilité.
Le ralentissement des
budgets : un frein à la RSE ?
Les entreprises sont
aujourd’hui confrontées à une révision drastique de leurs priorités
financières, avec des ajustements souvent sévères. Les budgets RSE, souvent
perçus comme non essentiels dans un contexte de crise ou de réduction des
coûts, subissent des coupes qui rendent difficile le financement de projets à
long terme. Les équipes RSE se voient ainsi contraintes de jongler avec des
ressources limitées, ce qui peut conduire à un éparpillement des initiatives et
à une difficulté à maintenir une cohérence dans l’engagement sociétal de
l’entreprise.
Il est frappant de
constater que, dans ce contexte, certains services RSE, au lieu d’être
soutenus, sont considérés comme des postes à éliminer ou des dépenses
secondaires. De plus en plus, les responsables RSE se retrouvent avec des
budgets qui ne correspondent pas à la complexité des missions qui leur sont
assignées, ce qui rend difficile la mise en œuvre de stratégies pérennes et
impactantes.
L’évolution de la
fonction RSE : entre visibilité et réelles transformations
Le rôle du responsable
RSE dans l’entreprise semble également évoluer, voire se diluer dans certains
cas. Bien que la fonction de la RSE soit plus que jamais nécessaire pour
répondre aux défis environnementaux et sociaux actuels, elle peine parfois à se
maintenir au centre des préoccupations stratégiques. Beaucoup d’entreprises
attribuent désormais des budgets de RSE limités, voire réduits à des actions
ponctuelles ou symboliques. Dans certains cas, la fonction RSE est réduite à un
faire-valoir, un élément de communication plus que d'action.
Cette perception pose
la question de la véritable transformation vers un avenir durable. Le véritable
enjeu réside dans la capacité de la RSE à être un moteur de changement en
interne. Or, force est de constater que l'intégration des équipes et des collaborateurs
dans des projets RSE est souvent un défi. La réglementation est souvent perçue
comme une contrainte plutôt qu’une opportunité, et l'on peine à embarquer les
collaborateurs sur des enjeux à long terme. Les initiatives RSE sont parfois
vues comme trop complexes ou trop éloignées des réalités du terrain.
Repenser la RSE : un
changement de paradigme nécessaire
Pour que la RSE reste
un levier stratégique et non un simple sujet de communication, il est essentiel
que les entreprises repensent la manière dont elles l'intègrent dans leurs
pratiques. Cela nécessite un véritable changement de culture et une volonté de
faire évoluer les mentalités à tous les niveaux. La RSE ne doit pas être perçue
comme une contrainte administrative ou un simple “nice to have”, mais comme une
véritable opportunité de transformation, tant pour l’entreprise que pour la
société.
Le rôle des
responsables RSE doit également être redéfini. Ceux-ci doivent être armés pour
dépasser les obstacles administratifs et les contraintes budgétaires, et
parvenir à démontrer la valeur ajoutée de la RSE dans un cadre plus large,
celui de la création de valeur durable à long terme. Cela nécessite un
investissement plus fort dans la formation des équipes, une meilleure
collaboration inter-départementale et une stratégie plus systématique qui va
au-delà de l’initiative ponctuelle.
En conclusion, l’avenir de la RSE n’est pas nécessairement en danger, mais il dépend de notre capacité collective à repenser la manière dont nous abordons cette fonction. Si les budgets se resserrent, il appartient aux entreprises de trouver de nouveaux moyens d’intégrer la RSE dans leur ADN et de donner à cette fonction toute la légitimité et les ressources nécessaires pour jouer son rôle de transformation durable. C’est un défi de taille, mais essentiel pour répondre aux enjeux écologiques, sociaux et économiques du monde de demain.