- 56% des dirigeants financiers restent optimistes sur les
perspectives de croissance de leur entreprise en 2025
- 45%
des directions financières souhaitent investir dans la digitalisation
l’année prochaine, notamment dans l’IA
- L’ancrage
de la RSE dans les activités des directions financières s’est renforcé en
2 ans, dans la conformité réglementaire (+15 points), le pilotage de la
performance (+14 points) et la communication externe (+11 points)
Les facteurs d’incertitude – géopolitiques, sociaux et économiques – apparus en 2023, ne se sont pas résorbés et amènent à une diminution du niveau de confiance des directeurs administratifs et financiers (DAF), partout dans le monde et notamment en France, où la confiance à horizon 3 ans baisse de 7 points. Les principaux risques anticipés pour 2025 suivent ceux de 2024, liés à l’environnement politique et économique ainsi qu’à la cybersécurité. Pour y faire face, les DAF misent sur l’enrichissement des modèles de pilotage de la performance (58%) et sur le développement des compétences des collaborateurs (58%).
Tel est le résultat de la 13èmeédition de l’enquête du cabinet de conseil et d’audit PwC France et Maghreb, menée en partenariat avec la DFCG, consacrée aux priorités des directions financière et intitulée « Bâtir l’avenir avec optimisme ». L’étude 2025 se projette à plus long terme et réfléchit sur la façon de bâtir la finance de demain à travers 3 prismes qui façonneront le monde à venir : Techno, RSE et Local.
La faible croissance
mondiale couplée aux taux d’intérêts élevés a entrainé une diminution de
l’investissement des entreprises, qui préfèrent différer leurs projets en
attendant une reprise de la consommation. Malgré l’engouement économique créé
par les Jeux Olympiques et Paralympiques de cet été, le manque de visibilité
des orientations politiques pourrait limiter les effets bénéfiques sur le long
terme. Dans ce contexte, les directions financières mettent en première
priorité à court et moyen terme
(1 et 3 ans) le pilotage de la performance, à
la deuxième place en 2024, afin d’apporter davantage d’appui aux métiers et de
faciliter la prise de décision. Elle est suivie de la gestion du cash, qui
reste une des grandes priorités à court terme, puis de la gestion des talents
(pour les grands groupes) et de la stratégie de développement (pour les
ETI/PME), deux enjeux qui seront encore plus stratégiques à horizon 3 ans.
L’ancrage de la RSE
chez les DAF se poursuit. A court terme, la CSRD et les éléments extra-financiers
continuent de prendre du poids dans la stratégie de performance de
l’entreprise, ce qui amène la plupart des directions financières à intégrer une
composante RSE lors des projets de transformation. Ce mouvement, initialement
perçu dans les grands groupes il y a quelques années, concerne aujourd’hui de
plus en plus d’ETI.
« Dans un monde
imprévisible et en perpétuelle mutation, l’accélération technologique, une
vision globale de la performance et la résilience des modèles économiques sont
trois dimensions de transformation profonde des entreprises que les directions
financières doivent prendre en compte pour bâtir l’avenir avec optimisme »,
déclare Laurent Morel, Associé Consulting Finance chez PwC France et Maghreb.
Bâtir la finance de
demain à la croisée de 3 mondes : techno, RSE et local
En complément du
baromètre, l’enquête a proposé aux dirigeants interrogés une réflexion
prospective pour imaginer la finance de demain autour de 3 mondes : Techno, RSE
et Local. En effet, si 60 % des dirigeants interrogés considèrent que le modèle
actuel d’affaire de l’entreprise ne sera plus viable d’ici 10 ans, il est
nécessaire de repenser et de transformer ce dernier. Si aucun des 3 mondes
n’est significativement apparu comme plus probable ou plus désirable, deux
piliers ressortent comme essentiels à la transformation de l’entreprise de
demain : les modèles de pilotage de la performance et les compétences des
collaborateurs.
1/ Monde Techno
Dans ce monde, la data
serait au cœur du métier des directeurs financiers, qui devraient
développer de nouvelles compétences dans leurs équipes pour traiter les volumes
importants et hétérogènes de données, pour concevoir des modèles statistiques,
etc. L’utilisation de l’intelligence artificielle est déjà devenue
incontournable pour les DAF, qui sont plus de 30% à investir.
Si l’IA représente un
outil de création de valeur pour l’entreprise et d’amélioration des capacités
cyber, elle constitue également un nouveau facteur de menace pour l’avenir,
notamment pour les fonctions comptables. Une maîtrise accrue des coûts associés
à l’usage de la technologie sera nécessaire, à travers la mise en place de KPIs
spécifiques pour le suivi des coûts technologiques pour 43% des répondants et
l’implémentation de modèles de costing et d’outils dédiés pour plus d’1 DAF sur
3 (36%). Par ailleurs, près de 9 répondants sur 10 (89%) estiment que la
formation et la sensibilisation sont parmi les leviers les plus efficaces pour
améliorer les dispositifs cyber, et 67% évoquent la mise en place de
politiques et procédures de sécurité.
Les missions des DAF
évoluent et évolueront avec l’avancée technologique, qui permettra d’alléger le
temps de travail consacré aux activités chronophages pouvant être exécutées
grâce à la digitalisation des processus de production des états financiers. Les
équipes consacreront donc plus de temps sur les activités d’analyse et pourront
davantage adopter une posture de support au « business ».
2/ Monde RSE
Garant de la
performance globale de l’entreprise, le directeur financier doit intégrer les
enjeux RSE dans toutes ses activités. Si ces derniers varient selon le secteur
d’activité, le climat (73%), la consommation de l’eau (50%) et les
conditions de travail (48%) arrivent largement en tête des préoccupations des
dirigeants financiers, loin devant la pollution chimique ou la
biodiversité (16%) ou bien l’usage des sols (12%).
Dans ce monde RSE, les
directions financières devront développer de nouvelles compétences et de
nouvelles pratiques pour mieux comprendre le lien entre ces enjeux, le modèle
économique de l’entreprise et sa performance. Aussi, 76% des répondants ont
déjà intégré des éléments RSE dans les revues de performance, 54% dans les
processus prévisionnels et 45% dans le modèle de costing.
La transition ne
pouvant se faire au détriment des enjeux économiques de l’entreprise, les
dirigeants interrogés ont identifié les principaux leviers pour préserver les
marges des entreprises dans cette projection de monde RSE :
- L’augmentation
du niveau d’exigence auprès des fournisseurs et la négociation des prix
d’achat plus bas pour les produits et services à impact RSE négatif (33%).
- L’augmentation
des prix de vente des produits et services impactés par le coût de la
transition (31%).
- L’augmentation de la pression auprès des états et collectivités pour obtenir des subventions (19%).
La publication
d’informations de durabilité relève désormais de cadres fixés par les
régulateurs et l’ambition est de faire en sorte que cette donnée arrive au
niveau de qualité de l’information financière, d’ici quelques années
seulement. Les prochaines étapes de la CSRD vont donner à la fonction
finance un rôle majeur, qui pourrait évoluer plus en compétences (contrôle
interne, contrôle de gestion, etc.) qu’en responsabilité. L’augmentation des
ressources semble donc un passage obligé pour pouvoir élargir les compétences
des directions financières à la durabilité dans le cadre de leurs missions
« traditionnelles ». La fonction finance doit réfléchir et anticiper,
car les premières entreprises à pouvoir fournir une information robuste,
fiable et alignée avec les enjeux stratégiques tout en étant en conformité avec
les réglementations en vigueur, seront considérées comme les plus performantes.
3/ Monde Local
Dans ce monde, les
directions financières devront maîtriser la structure de coûts de l’entreprise
et préserver les marges de cette dernière. Pour cela, les répondants de
l’enquête identifient tous les 2 mêmes leviers : la rationalisation des
processus (54%) et la digitalisation des processus (45%).
L’intensification des
contraintes réglementaires reste une préoccupation forte pour les DAF, notamment dans
les PME et ETI, pouvant perturber l’organisation des directions financières par
les coûts générés et les ressources mobilisées pour leur mise en œuvre. Profiter
de ces projets de mise en conformité pour repenser et digitaliser les processus
associés se révèle alors la meilleure façon d’en tirer parti.
La résilience des modèles économiques deviendrait alors la première responsabilité des directions financières, alors que la réindustrialisation à venir sera décentralisée et davantage régionale. Les entreprises vont devoir repenser leurs chaînes d’approvisionnement, investir dans des infrastructures locales et aligner leurs pratiques sur les nouvelles valeurs de durabilité, de sobriété et d’économie circulaire. Par exemple, les multinationales devront se fragmenter en entités régionales autonomes pour réduire leur dépendance aux facteurs externes. Dans ce monde, les DAF auraient un rôle central en guidant les entreprises vers des modèles économiques plus résilients et durables.