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[Tribune] CGP Entrepreneurs - De la nécessité de se former en continu pour intégrer les enjeux de durabilité

Par Clément Vaudandaine, responsable conformité et formation chez CGP Entrepreneurs

 

L’évolution constante des obligations réglementaires, notamment en matière de finance durable, amène les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) à se former en continu. La refonte du règlement SFDR, qui avait défini en 2021 un nouveau standard avec les fameux articles 6, 8 et 9, à laquelle s’ajoutent actuellement d’autres évolutions réglementaires, participent à complexifier cet environnement. Pour les CGP, il est essentiel de bien se tenir informé des évolutions en cours et à venir.

 

SFDR : un cadre fondamental en cours de mutation

 

Depuis 2022, la directive MiFID II impose aux CGP de recueillir les préférences de leurs clients en matière de durabilité, afin de leur proposer des solutions alignées avec leurs valeurs. Cette démarche peut néanmoins se révéler complexe dans un cadre où les critères ESG ne sont pas toujours clairement définis. La distinction actuelle entre les fonds dits « article 8 » et « article 9 » du règlement SFDR, par exemple, reste floue et sujette à interprétation, ce qui peut brouiller le message auprès des clients.

 

Une refonte de ce cadre a donc été initiée au niveau européen pour offrir une meilleure clarté. La Commission européenne et les régulateurs envisagent ainsi de supprimer les catégories « article 8 » et
« article 9 » pour adopter une nouvelle classification plus détaillée, permettant d’assurer une transparence accrue et d’éviter les pratiques de « greenwashing ». Les CGP, en première ligne de la relation avec les épargnants, devront s’adapter à ces changements pour en expliquer les subtilités à leurs clients et remplir ainsi leur devoir de conseil.

 

De nombreuses évolutions simultanées

 

Les CGP sont déjà confrontés à de nombreuses questions de la part de leurs clients pour bien comprendre les tenants et aboutissants de la finance durable et s’assurer de la robustesse des critères ESG. Bien connaître les évolutions en cours et anticiper leurs impacts est donc essentiel pour être en mesure d’apporter les réponses les plus précises possible.

 

Ce travail est d’autant plus important que la période actuelle foisonne de nouveautés réglementaires.
La directive CSRD, qui a commencé à entrer en vigueur en début d’année 2024, va améliorer la transparence des données ESG fournies par certaines entreprises à partir de l’an prochain. Dans un autre domaine, le renforcement des critères du label ISR va entraîner tous les fonds labellisés à exclure les énergies fossiles à partir du 1er janvier 2025 – ou à perdre leur label – et à s’aligner progressivement avec les critères des accords de Paris. Enfin, les nouvelles règles de l’ESMA (AEMF) pour encadrer le nom des fonds durables va bousculer le marché dès le 21 novembre prochain, avec une entrée en vigueur généralisée à partir de mai 2025.

 

 

Vers une gestion de patrimoine engagée

 

Bien connaître ces évolutions réglementaires et leurs implications peut être un défi, en particulier pour les cabinets de petite taille, souvent unipersonnels ou dotés de peu de ressources humaines. Pourtant, ce travail de mise à jour est indispensable, car il permet aux CGP de maîtriser un langage financier qui évolue régulièrement, et d’incarner une nouvelle culture de l’investissement fondée sur les enjeux sociétaux et environnementaux.

 

La pédagogie dans ce domaine est devenue un axe fondamental du métier de CGP. D’autant plus que ces évolutions ne sont pas terminées : une harmonisation des labels européens, tenant notamment compte de la taxonomie européenne, pourrait à terme faciliter la compréhension et la transparence de l’ensemble des produits. Une classification simplifiée et harmonisée offrirait des repères plus clairs, mais elle nécessitera pour les CGP d’être toujours mieux formés en étant capables de naviguer dans un paysage réglementaire de plus en plus technique et exigeant.

 

En somme, la formation continue à la finance durable est une nécessité pour les CGP qui souhaitent garder une longueur d’avance dans un secteur en pleine transformation. Dans ce métier comme dans d’autres, la prise en compte du développement durable est désormais une exigence incontournable. Se former dans ce domaine ne se limite plus à une simple mise à jour de connaissances ; c’est une transformation profonde, touchant à la structure même de la gestion de patrimoine.

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