Êtes-vous suffisamment bien indemnisé pour votre stage ?
Proposez-vous la bonne indemnisation pour vos stagiaires ?
À
l'occasion de la journée internationale des stagiaires, le 10 novembre
et 10 ans après la loi sur l'encadrement des stagiaires en France, Eiquem a publié
les résultats d’une enquête nationale sur l’indemnisation des stages en 2024.
Ce rapport vise à permettre à chaque stagiaire, candidat(e) et entreprise
de se situer par rapport au marché. Cette année, en plus des thématiques
traditionnelles, Eiquem s’est également intéressé à la question de
l’inclusivité. Un des objectifs est de savoir si les tendances de la société se
retrouvent aussi au commencement des carrières.
La méthodologie
Ce
rapport se base sur les réponses de 940 volontaires parmi un vivier de 60 000 personnes.
Le questionnaire en ligne a été administré du 16 octobre au 6 novembre 2024 par
email, LinkedIn, réseaux personnels, aux candidat(e)s Eiquem et contacts dans
les formations (commerce, ingénierie, BTS, université…). Les réponses étaient
anonymes et facultatives sur les questions concernant l’inclusivité pour
respecter les données des interrogé(e)s. Toute réponse est déclarative.
Les
résultats se basent sur 1 334 réponses de stage (certains interrogé(e)s ayant
répondu pour plusieurs stages) dont 712 en 2024.
Les
chiffres clés :
- L’indemnisation
moyenne des stagiaires en France en 2024 est de 1017,90€
- L’indemnisation
moyenne des femmes est de 13% inférieure à celle des hommes.
- L’indemnisation
des personnes en situation de handicap est de 31% inférieure à
celle des personnes qui ne sont pas en situation de handicap
- Celle de la
communauté LGBTQIA+ 10% inférieure à ceux qui ne font pas partie de
cette communauté.
Résultats
de l’enquête
Combien
gagne un stagiaire en moyenne en France en 2024 et quel est le cadre
légal ?
L’indemnisation
moyenne d’un stagiaire en France en 2024 est de 1017,90€ mensuel brut.
Cette année, 90% des stagiaires déclarent ne pas être indépendants
financièrement uniquement avec les indemnités.
Actuellement
en France l’indemnisation minimum doit respecter la loi n°2014-788 du 10
juillet 2024, qui assure une gratification mensuelle dès lors que le stage est
supérieur à deux mois (consécutifs ou non). Cette somme n’a pas le caractère
d’un salaire, mais celui d’une indemnité.
Depuis le
1er janvier 2024, la gratification minimum est de 4,35€ par heure
de présence active. Pourtant, certaines entreprises indemnisent leurs
stagiaires en dessous de la gratification minimum : d’après les chiffres d'Eiquem, en
2024, cette réalité concerne 22,31% des stages de 2 mois ou plus en
France.
55,6% des
interrogés sont des femmes. 11% des répondants appartiennent à la communauté
LGBTQIA+. 2,1% sont en situation de handicap.
Où
gagne-t-on le plus ? Start-up, PME ou grands groupes ?
Dans les grands
groupes, les stagiaires gagnent en moyenne 1 240,86 € brut par mois. Ce résultat
est bien inférieur à celui des PME (851,39€) et des start-up (861,63€). Les
indemnisations des stagiaires dans les administrations (763,52€) et surtout
dans les associations (390€) sont encore inférieures.
Si
l’indemnisation est plutôt stable au sein des PME (de 859€ en 2020 à 851,39€ en
2024) voire en légère augmentation chez les grands groupes (de 1 220€ en 2020 à
1 240,86 € en 2024), celle des associations a chuté (de 820€ en 2020 à 390 en
2024).
Y
a-t-il de fortes disparités selon les fonctions occupées en entreprise ?
Sans trop
d’étonnement, les indemnisations varient fortement en fonction des secteurs et
des fonctions. La fonction avec l’indemnisation la plus élevée cette année est
la finance avec une gratification de 1 283€ brut par mois en moyenne. Elle est
suivie par le conseil (1 209€), l’informatique (1 076€) et le marketing (1 021€).
En queue
de peloton, nous retrouvons les fonctions commerciales à 782€ et les ressources
humaines à 793€. Elles sont suivies par la comptabilité (827€), les achats
(890€) et la communication (892€).
Depuis
2020, certaines indemnités ont évolué : la fonction achats passe de 1 400€ en
2020 à 890€ en 2024, soit une baisse de 36%. À l’inverse, les indemnités dans
la communication ont fait un bond de 33% entre 2020 (669€) et 2024 (892€).
Qu’en
est-il des différences en fonction des localisations de stages ? La
macrocéphalie urbaine concerne-t-elle aussi les indemnités de stages ?
On
observe une différence significative entre les stages faits en Ile-de-France
(Paris compris) et le reste du pays : en province, les indemnités s’élèvent
en moyenne à 860€ brut par mois en 2024 alors que les Franciliens touchent 1 169€.
Au sein
des différentes régions françaises, on observe des différences significatives :
la grande gagnante est l’Ouest, avec une indemnité moyenne de 966 €, suivie par
l’Est avec 802€ et le Sud à 772€. Avec une moyenne de 672€, le Nord se place en
dernière position.
À
l’étranger, l’indemnisation moyenne se situe autour de 845€.
Les
indemnités des Franciliens ont augmenté de 14,5% depuis 2020 (passant de
1 020€ en 2020 à
1 169€ en 2024). Celles des Français hors Ile-de-France sont stables
avec une légère augmentation de 1,02% depuis 2020. Pour les stages effectués à
l’étranger, on observe une baisse significative de presque 25%.
Il faut
noter une baisse significative de presque 38% dans les stages effectués dans le
Nord depuis 2020, passant de 1 077€ en 2020 à 672€ en 2024.
Qu’en
est-il du télétravail chez les stagiaires ? L’épidémie de Covid-19 a-t-elle
établi le télétravail pour les stagiaires plus de quatre ans après ?
Au moment
du confinement en 2020, 74,10% des stagiaires étaient passés en télétravail.
Si avant
le Covid, le télétravail des stagiaires n’existait pas, quatre ans après, plus d’un
stagiaire sur deux (50,9%) a accès au télétravail pendant son stage.
Zoom
sur les indemnisations et l’inclusivité
Cette
année, Eiquem a eu l’ambition d’apporter un éclairage sur la question de l’inclusivité
pour savoir si les tendances de la société se retrouvent aussi au commencement
des carrières. En posant des chiffres objectifs sur la situation, l'équipe a créé un support d’information sur la question des disparités touchant certaines
populations discriminées et a tenté de trouver des facteurs de
corrélations entre les différents facteurs.
Y
a-t-il des différences d’indemnisations dès les débuts de carrière entre les
hommes et les femmes ?
En
France, si à temps équivalent et tous métiers confondus, les femmes touchent
des salaires inférieurs de 15,5% aux hommes (source : Observatoire des
inégalités, 2024), ces différences se retrouvent également dès les stages.
Tous stages confondus, les femmes gagnent 955€ brut par mois et les hommes 1 098€,
soit une différence de 143€, ou 13% de différence.
Comment
expliquer ces différences ? Les fonctions qui rémunèrent le
mieux les stagiaires sont la finance, le conseil et l’informatique. Or dans ces
trois fonctions, les hommes sont surreprésentés : ils occupent 54,1% des stages
en finance, 65,2% des stages en conseil et 68,8% des stages en informatique.
À
l’inverse, les stages en fonctions commerciales, en
ressources humaines et en communication font partie des stages les moins
rémunérés. Les femmes y sont surreprésentées. Elles occupent 59% des stages en
fonction commerciale, 75% des stages en ressources humaines et 69% des stages
en communication.
La
différence s’explique par des différences significatives dans les fonctions occupées
par les stagiaires en fonction de leur genre.
Qu’en
est-il des populations LGBTQIA+ ?
En 2024,
les stagiaires appartenant à la communauté LGBTQIA+ gagnent en moyenne, tous
stages confondus, 939,38€. Les personnes qui n’appartiennent pas à cette
communauté gagnent en moyenne
1 030,26€. La différence est de 90.88 € soit
presque 10%.
Parmi les
fonctions les mieux rémunérées, en conseil et en informatique par exemple, les
personnes appartenant à la communauté LGBTQIA+ sont sous-représentées.
Parmi les
fonctions les moins bien rémunérées, cette population est surreprésentée.
Par exemple, si la part totale d’interrogés faisant de la communication n’est
que de 3,7%, elle est à 8,8% des interrogés appartenant à la population
LGBTQIA+.
Et les
personnes en situation de handicap ?
L’indemnisation
moyenne des stagiaires en situation de handicap est de 712€ brut par mois en
2024. Pourtant, chez les personnes qui ne sont pas en situation de handicap,
cette moyenne est de 1 030€, soit une différence de presque 31% tous stages
confondus.
Comment
expliquer ces différences ? Du côté des stages les mieux rémunérés, cette
population est sous-représentée notamment en finance. Eiquem n'a obtenu aucune
réponse de personnes en situation de handicap, dont la part la part en finance est de 17,2% selon l'enquête.
Chez les
stages moins rémunérés comme les fonctions commerciales, cette population est surreprésentée
: les personnes en situation de handicap sont 20% à faire un stage de
commercial alors que la part totale des interrogés à faire un stage en
commercial est de 11%.
Alors,
retrouve-t-on des différences d’indemnisations dès les débuts de carrières ?
Les résultats de cette analyse du terrain sont sans appel : ces différences se retrouvent dès le début des carrières. Des corrélations ont surtout été observées dans les fonctions des stagiaires qui suivent les différences de représentations en fonction des secteurs. Ces différences s'expliquent principalement par la surreprésentation de ces stagiaires moins indemnisés comme la communication ou les RH. À l’inverse, ces communautés sont sous-représentées au sein de la population exerçant des stages mieux indemnisés, comme le conseil et la finance.