À l’approche de la COP
29, Babbel publie un éclairage unique sur l’évolution du langage climatique en
analysant près de dix ans de discours d’ouverture des Secrétaires Généraux de
l’ONU lors des Conférences des Parties (COP). À travers cette analyse, les
experts linguistes de Babbel ont identifié cinq évolutions majeures qui
reflètent les préoccupations mondiales croissantes, l’urgence climatique et
l’évolution des priorités diplomatiques. En révélant cette transformation
linguistique, Babbel invite à prendre la mesure de la gravité de la situation
et à répondre à l’urgence avec une détermination collective.
« L'évolution du
langage climatique montre comment les mots s'adaptent pour refléter les
priorités changeantes et les préoccupations collectives. Ce changement —
passant de la responsabilité partagée à des concepts de justice et de survie —
révèle une tendance marquante : le langage devient un outil pour mobiliser des
impératifs moraux, transformant des objectifs environnementaux complexes en
messages accessibles et percutants. C'est un puissant rappel du rôle que joue
le langage, non seulement pour informer, mais aussi pour inspirer une action
collective à l'échelle mondiale », explique Sophie Vignoles, Cheffe de la
production de contenu d'apprentissage chez Babbel.
1. De l’urgence à
l’alarme
Depuis la COP 21 en
2015, les discours d’ouverture des Secrétaires Généraux, Ban Ki-moon et António
Guterres, révèlent une montée en intensité face à la crise climatique. Alors
qu’en 2015 l’objectif était de limiter le réchauffement à 2°C, les années suivantes
se teintent d’un ton alarmiste. Aujourd'hui, les métaphores percutantes –
"planète en feu", "tuyau d'incendie de combustibles
fossiles", "signes vitaux de la Terre échouent" – illustrent
l’urgence absolue d’une action immédiate.
2. Un appel moral
désespéré
Si la coopération
mondiale reste un thème constant, les récentes COP marquent un tournant radical
dans un ton désespéré, visant à secouer la morale des dirigeants. En 2022 et
2023, les discours sont empreints de phrases-choc comme "nous sommes en train
de creuser notre propre tombe", "la planète nous envoie un
message", et "pacte de suicide collectif". Désormais, l’accent
est mis sur une action immédiate pour éviter des catastrophes irréversibles :
la survie de l’humanité et des générations futures repose sur la capacité des
leaders à agir avec responsabilité et solidarité.
3. De la
"responsabilité collective" à la "justice climatique"
En 2015 et 2016, les discours appelaient à une "responsabilité collective" via des actions concrètes : transition énergétique, financement climatique, réduction des émissions. Des expressions comme "un accord porteur de transformation" soulignaient la nécessité d’une coopération mondiale. Mais en 2017, António Guterres change le ton et exhorte les nations à une "justice climatique", à "répondre à la crise avec solidarité et équité". Aujourd'hui, les mots "Pacte de solidarité climatique" résonnent comme des ultimatums : l'inaction est un défi direct au futur de l’humanité.
4. Vers un discours
plus technique
Dès 2018, les discours
se font plus techniques, focalisés sur des solutions concrètes :
"neutralité carbone", "transition juste", "financement
climatique" et "technologies climatiques". Ce virage marque une
prise de conscience : il faut s’attaquer aux freins financiers et économiques,
comme les subventions aux combustibles fossiles et les inégalités d’adaptation.
Les termes liés à la "transition juste" sont devenus essentiels pour
apaiser les tensions et garantir que les pays vulnérables soient intégrés au changement,
évitant ainsi d'aggraver les inégalités mondiales.
5. L’économie verte,
nouveau pilier du discours climatique
Depuis la COP 21, la transition énergétique s'impose comme un pilier central du discours mondial. En 2015, l’accent était mis sur la réduction des émissions et la résilience climatique, mais les discours ont rapidement évolué. Aujourd’hui, les termes de "décarbonisation de l’économie" et "économie verte" dominent, affirmant la transition énergétique comme un moteur de croissance économique. On parle désormais de "l’économie sans émission nette", de "emplois verts" et de "l’énergie renouvelable, un cadeau qui continue de donner".