• Les Etats doivent désormais
décarboner leur économie vingt fois plus rapidement qu’en 2023 pour limiter le
réchauffement climatique à +1,5% et respecter l’Accord de Paris (soit une
décarbonation de 20% chaque année), ce qui n’a jamais été observé.
• Aucun pays du G20 n’a
atteint un taux de décarbonation supérieur à 11,5% depuis 2000.
• Malgré une
augmentation record de +14% de la capacité d'énergie renouvelable en 2023, la
demande énergétique en forte hausse a conduit à une augmentation de +1,5% de la
consommation de combustibles fossiles, mettant en péril les progrès déjà
réalisés.
• La France se place
parmi les bons élèves avec une intensité carbone en baisse de 7% grâce à un
recours moins fréquent aux énergies fossiles dans son mix énergétique (-10,6%).
À l'approche de
l'ouverture de la COP29, la dernière édition de l'Index Net Zero Economy 2024,
publiée par le cabinet de conseil et d'audit PwC, dresse un constat alarmant.
Le dépassement du seuil de
+1,5 °C de réchauffement climatique bien avant la
fin du XXIe siècle est désormais une quasi-certitude. Pour maintenir le
réchauffement en dessous de 2 °C - l'ambition de l'Accord de Paris - il serait
nécessaire d'opérer une transformation radicale, impliquant un taux annuel de
décarbonation de 6,9%. Cet objectif est d’autant plus difficilement atteignable
qu'aucun pays du G20 n'a enregistré de taux de décarbonation annuel supérieur à
11,5% depuis 2000.
Depuis 16 ans, l’Index
Net Zero Economy de PwC compare les données relatives à la croissance
économique et aux émissions de CO2 dues à l'énergie avec les taux requis pour
atteindre les objectifs de l'Accord de Paris. Il permet de mesurer les progrès
réalisés par les économies pour rompre le lien entre la croissance économique
et l'augmentation des émissions de carbone liées à l'énergie.
Le dernier Index publié
par PwC dévoile que l'intensité carbone à l’échelle mondiale a diminué de
seulement 1,02% en 2023, la plus faible baisse depuis 2011. Un taux de
décarbonation annuel de
20,4% (contre 17,2% l'année dernière) est désormais
nécessaire pour limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C par rapport aux
niveaux préindustriels. La France, qui fait partie des pays qui avaient réduit
leur intensité carbone plus rapidement que la moyenne mondiale en 2022 (-4,2%),
poursuit ses efforts avec une réduction de -7% en 2023.
« Même si la France se
classe parmi les bons élèves, les efforts à l’échelle mondiale sont colossaux
pour limiter au maximum le réchauffement climatique. Pour atteindre ces
objectifs, le développement des partenariats public-privé peut aider à gérer
efficacement la demande énergétique. Les entreprises doivent montrer l'exemple
en utilisant des technologies économes en énergie, en adoptant des modèles
d'affaires circulaires et en améliorant les processus de fabrication. De leur
côté, les États doivent accélérer leurs politiques pour renforcer la sobriété
énergétique dans des secteurs clés tels que le bâtiment, l'industrie et les
transports, un levier essentiel pour la transition », décrypte Olivier
Muller, Associé au sein du département Développement durable et changement
climatique chez PwC France et Maghreb.
La capacité des
énergies renouvelables en hausse, mais les combustibles fossiles restent
dominants
Malgré une croissance
record des capacités en énergies renouvelables (+14% pour atteindre 3 870 GW en
2023), la capacité installée totale de combustibles fossiles a augmenté de
1,5%, dépassant
16 000 GW. Ainsi, les combustibles fossiles restent la première
source d’énergie dans le mix énergétique mondial.
Après avoir augmenté en
France depuis 2021, la part des énergies fossiles dans le mix énergétique
français se réduit à nouveau avec une baisse significative de 10,6% en 2023.
La demande énergétique
croissante risque de freiner le développement des énergies renouvelables
Bien que les énergies
renouvelables soient amenées à devenir la principale source d'électricité d'ici
2025, la hausse continue de la demande énergétique mondiale, notamment due aux
économies émergentes, aux efforts d'adaptation climatique, à l'électrification
des transports et à l'essor de l'intelligence artificielle et des datacenters,
pourrait compromettre les gains obtenus par les énergies propres. Sans une
amélioration significative de l'efficacité énergétique et une meilleure gestion
de la demande, ces facteurs risquent de neutraliser les bénéfices de
l'expansion des énergies renouvelables, pourtant un facteur clé de la
décarbonation mondiale.
La réduction de
l'intensité énergétique offre la possibilité d'accélérer l'action
La réduction de
l'intensité énergétique et la gestion plus efficace de la demande offrent aux
entreprises et aux gouvernements la possibilité d'accélérer leur action. Les
recherches menées récemment par PwC en collaboration avec le Forum économique
mondial montrent que les technologies actuelles peuvent permettre au monde de
réduire son intensité énergie d'environ un tiers (31 %), sans réduire la
production économique*. Si des mesures étaient prises à grande échelle d'ici la
fin de la décennie, les économies annuelles pourraient atteindre 2 000
milliards de dollars (aux prix actuels de l'énergie). Ceci permettrait aux
Etats d'améliorer leurs Contributions déterminées au niveau national (CDN) en
2025 et au-delà.
Un soutien financier et
technologique essentiel pour une transition juste
La disparité des taux
de décarbonation entre les pays développés et les pays en développement en 2023
met en évidence la nécessité d'un soutien financier plus important pour assurer
une transition équitable. L'année dernière, les pays du G7 ont réduit leur
intensité de carbone de 5,3%, tandis que les pays de l'E7 (Chine, Inde, Brésil,
Russie, Mexique, Indonésie et Turquie) ont connu une augmentation de 0,04%.
« À l'approche de la
COP29, nous avons besoin de toute urgence d'un Nouvel Objectif Chiffré
Collectif ambitieux en matière de financement afin de permettre aux pays en
développement d'atteindre leurs objectifs climatiques », conclut Olivier
Muller, Associé au sein du département Développement durable et changement
climatique chez PwC France et Maghreb.