Juste prix ou… prix juste ? 5ème édition du
baromètre Max Havelaar / OpinionWay de la transition alimentaire;
• 48% des Français
priorisent une juste rémunération des agriculteurs quand il s’agit d’acheter
des produits alimentaires responsables
• 3/4 des Français
déplorent un manque d’information sur la part du prix d’achat reversée aux
producteurs
Le Baromètre Max
Havelaar France de la Transition Alimentaire opère une plongée dans l’évolution
des motivations et habitudes des Français et propose un nouvel état des lieux
de leurs habitudes, attentes. Si le pouvoir d’achat et le prix demeurent la
préoccupation centrale pour une majorité, cette nouvelle étude révèle que,
malgré le contexte d'inflation et de crise économique, les Français
maintiennent une volonté forte de consommer responsable : ils ne souhaitent pas
choisir entre accessibilité de la consommation responsable pour tous et juste
rémunération des agriculteurs.
Cette nouvelle édition
du Baromètre comporte aussi un volet exclusif sur la vision des Français à 10
ans concernant l’alimentation responsable. Quelles sont les aspirations des
Français pour l’alimentation de demain ? Où en sont les consommateurs en termes
d’achat de produits responsables ?
1er enseignement : La vision des Français sur la consommation
alimentaire du futur c’est « des prix plus justes pour tous, agriculteurs et
consommateurs ! »
Invités à se projeter à
10 ans, les Français décrivent une consommation alimentaire idéale qui serait
plus juste économiquement, tant pour les consommateurs que pour les
agriculteurs – et ce, de façon durable. La double priorité pour une majorité de
Français est de proposer des produits qui affichent un prix raisonnable (41%)
et qui garantissent une rémunération équitable pour les producteurs (41%).
« Les différentes
crises ont eu bien évidemment un impact sur les modes de consommation des
Français, mais le soutien aux agriculteurs demeure intact, après un début
d’année qui a médiatisé leur colère. Les Français pointent du doigt clairement
la nécessité d’un rééquilibrage du partage de la valeur. C’est la question qui
est au cœur des filières équitables et du principe de prix planchers. La
responsabilité du secteur agroalimentaire c’est la transparence des marges ;
celle du Gouvernement c’est de soutenir fiscalement les entreprises qui paient
le prix juste aux paysans », interpelle Blaise Desbordes, directeur
général de l’ONG Max Havelaar France.
Au-delà de ces deux
piliers fondamentaux, les attentes des consommateurs s’étendent à d’autres
critères importants :
• 36% des Français
aspirent à des produits qui soient bénéfiques pour la santé,
• Tandis que 33% des
sondés mettent en avant l'importance de soutenir l’économie locale.
• D’autres enjeux,
comme le bien-être animal (27%) ou la protection de l’environnement (26%), sont
également perçus comme essentiels à une consommation alimentaire de demain.
2éme enseignement : La
concurrence environnementale et sociale déloyale obstacle numéro 1 à la
généralisation de l’alimentation durable pour les Français
Les Français expriment
des attentes fortes en matière de régulation internationale du commerce
agricole et de souveraineté alimentaire : 51% des sondés considèrent la
concurrence déloyale comme un obstacle à la généralisation de l’alimentation
qu’ils souhaiteraient à l’avenir, contre 39% qui fustigent l’inaction du
Gouvernement. Parmi les mesures à prendre figurent en tête :
• La limitation des importations d’aliments dont les conditions de production ne sont pas conformes aux normes sociales et environnementales françaises (54%)
• Et l’adoption de prix
minimums sur les produits issus de l’agriculture, assurant ainsi un revenu
digne aux agriculteurs (43%).
3ème enseignement :
Au-delà des crises, et malgré des freins persistants, la consommation
responsables s’installe
Les crises ont modifié
les habitudes alimentaires : l'inflation ayant eu un impact majeur (44%), bien
supérieur à celui du Covid (20%), de la crise agricole (18%) ou du changement
climatique (19%). Mais la sensibilité des Français au prix n’évince ni les
intentions d’acheter responsable, ni les motivations de fond pour le faire. Sur
ce point, avec un score identique ou presque à celui de la première édition du
Baromètre (2019), le soutien aux agriculteurs (58%) reste stable malgré les
crises, tout comme la santé (55%, #2 depuis 2019). Le suremballage et la
protection de la planète décroissent eux légèrement.
Si 3 interviewés sur 4
désignent le prix comme principal frein à leur consommation de produits
alimentaires responsables (77%), l’achat de ces produits s’installe
progressivement dans leur quotidien :
• 91% des Français
achètent un produit alimentaire responsable au moins une fois par mois (+2pts
en un an) et 70% au moins une fois par semaine (+4pts).
• Un Français sur deux
exprime l’envie d’en faire davantage pour avoir une consommation plus
responsable (47%)
Après cinq années de
crises consécutives, on constate que les Français accordent davantage
d’importance à plusieurs critères responsables au moment de choisir un produit
alimentaire :
• Le fait qu’il soit
local (72%)
• Le lieu de
production, de transformation, etc. (72%)
• Le fait qu’il soit
issu du commerce équitable (60%)
Quant aux lieux de
consommation des produits responsables, le Baromètre indique une remontée
générale de l’e-commerce (+4pts) et des supermarchés spécialisés bio (+3pts)
quand les marchés et les achats directs chez les producteurs restent
relativement stables sur 2 ans.
Blaise Desbordes poursuit : « Depuis la création de ce baromètre en 2019, nous constatons que la consommation responsable s’installe durablement, et s’ancre sur deux aspirations : le local et la juste rémunération. »
4e enseignement : les
attentes portent sur plus de transparence, pour faire des choix plus éclairés
Le Baromètre Max
Havelaar de la transition alimentaire montre également une attente croissante
des consommateurs pour plus de transparence sur la répartition de la valeur
tout au long de la chaîne de production : 70% des sondés souhaitent que les
entreprises et les distributeurs communiquent plus clairement la part du prix
reversée aux producteurs. Les Français sont également en demande d’informations
sur les conditions d’élevage et le bien-être animal (63%) ainsi que sur
l’impact environnemental des produits alimentaires qu’ils achètent (61%)
Cette transparence est
perçue comme un levier essentiel pour permettre aux consommateurs de faire des
choix plus informés et éthiques.
Alors que l’étude
semble montrer une progression des entreprises du secteur alimentaire dans le
développement d’une alimentation plus responsable, une majorité de Français
estiment que :
• L’industrie
agro-alimentaire devrait faire plus d’effort pour proposer des produits
responsables (87%)
• Le principal enjeu de
l’industrie agro-alimentaire devrait être la meilleure rémunération des
agriculteurs (49%)
Malgré l’augmentation des prix, les Français restent attachés à une consommation alimentaire responsable et éthique. La juste rémunération des producteurs, la transparence des marges et la protection des filières locales sont des priorités pour les consommateurs, qui souhaitent que les pouvoirs publics et l’industrie agro-alimentaire prennent des mesures concrètes pour soutenir ces démarches.