Columbia
University Press a publié Defeating Dengue (Vaincre la dengue), un
ouvrage coécrit par Edward Freeman, professeur à la Darden School of Business
de l’Université de Virginie, et Andrew Sell, ancien chercheur principal à
l’Institut pour les affaires publiques de Darden.
Ce livre présente une
approche multipartite qui pourrait jouer un rôle crucial dans la lutte contre
la propagation du virus de la dengue à l’échelle mondiale dans les années à
venir.
L'ouvrage raconte
l'histoire inspirante d'une communauté indonésienne ayant réussi à réduire de
77% les cas d'infection par la dengue grâce à une collaboration inattendue
entre divers acteurs.
Au cœur de cette
solution réside une approche existante : infecter les moustiques avec une bactérie
extrêmement commune et présente dans 50% des espèces d’insectes appelée Wolbachia.
Cette bactérie, lorsqu’elle est inoculée aux moustiques, permet de réduire leur
capacité de transmission des virus, tel que la dengue. Les moustiques porteurs
de cette bactérie sont ensuite relâchés dans les communautés pour se reproduire
avec des moustiques sauvages, afin de constituer une population de
moustiques incapable de transmettre le virus. Bien que le potentiel de Wolbachia
soit déjà scientifiquement établi, sa mise en œuvre à grande échelle représente
un défi majeur.
Traditionnellement, la
lutte contre la dengue s'est concentrée sur la réduction de la population de
moustiques par l'utilisation d'insecticides. L’idée de relâcher davantage de
moustiques a suscité scepticisme et résistance au sein des communautés concernées.
Les deux auteurs montrent que surmonter ces obstacles nécessite une coalition
solide, ainsi qu’une planification stratégique intégrant logistique,
communication, éducation et apprentissage à partir des échecs.
Dans le cadre de ce
projet, des milliers de personnes issues de divers horizons de la société -
notamment une grande famille d’entrepreneurs et sa fondation, des professeurs
et du personnel d’universités et d’écoles de médecine, des bénévoles locaux
ainsi que le sultan de Yogyakarta - ont formé un partenariat multipartite.
Leurs efforts ont couvert un large éventail d’actions, allant du financement et
de la gestion à des études de terrain à grande échelle, jusqu’au lâcher de
moustiques dans leurs propres jardins.
« L’effort contre la
dengue en Indonésie illustre parfaitement l'approche par les parties prenantes.
Cela démontre également le rôle essentiel que la philanthropie et les
entreprises peuvent jouer pour améliorer leurs communautés », affirme Edward Freeman.
L'approche par les
parties prenantes, formulée par Edward Freeman dans un contexte commercial,
soutient que les entreprises doivent considérer les effets de leurs actions sur
tous les acteurs impliqués,
y compris les employés, les clients et les communautés
locales. Ce principe peut également s'appliquer à des problèmes sociaux et
communautaires, comme le montre ce livre.
Parmi les figures clés
de cette initiative, George Tahija, diplômé de Darden, a été un investisseur
majeur dans le World Mosquito Project, visant à tester l’efficacité de Wolbachia
en Indonésie. Les résultats de ce projet, publiés dans le New England Journal
of Medicine, témoignent d’une réduction significative des cas de dengue et
d’hospitalisations dans les zones où les moustiques infectés ont été libérés.
Les deux auteurs soulignent que cette approche pourrait être déployée dans d'autres régions du monde, face à la menace croissante des moustiques porteurs de la dengue. « Le virus de la dengue menace la santé des habitants du monde entier. Mais il est possible de l'arrêter. Dans notre ouvrage nous montrons comment une communauté l'a prouvé en établissant un partenariat de confiance entre les parties prenantes, ce qui a permis de trouver une solution imaginative à un problème qui la contrariait depuis des générations », conclut Edward Freeman.