Par Séverine Amate, membre des Expertes France.
13% de capacité
d'emprunt en plus, l'équivalent d'une pièce de 12 m² dans certaines villes, mais
pas là où est l'emploi.
« Alors que le
gouvernement a récemment décidé une revalorisation anticipée de 3,1% du SMIC au
1er novembre, soit environ 42€ brut de plus par mois pour un salarié à temps
plein, les salariés au salaire minimum (SMIC) voient leur pouvoir d'achat
immobilier légèrement renforcé, grâce à un effet de levier combiné avec la
baisse des taux d'intérêt. Ce passage de 4,50 à 3,60% sur 25 ans permet un gain
de capacité d’emprunt d’environ 13%, bien que ce niveau reste en deçà de celui
de 2021. Ce phénomène reste toutefois inégal selon les villes : les baisses de
prix immobiliers dans certaines métropoles permettent de gagner jusqu'à 12 m²
de surface supplémentaire, tandis que des zones comme Paris demeurent
inaccessibles, même avec cette amélioration. Ces tendances illustrent l'impact
des politiques de taux et de revalorisation salariale pour renforcer
l’accessibilité au logement des ménages modestes dans un contexte économique
tendu. »
Simulation d’achat pour
un salarié au SMIC ou un couple
Pour une personne seule
au SMIC avec une capacité d’emprunt de 93 000€ (sur 25 ans à 3,6% hors
assurance avec 10% d'apport), le montant empruntable reste limité, couvrant en
moyenne l'achat d'un studio ou d’un petit deux-pièces dans certaines villes de
province où le prix au m² est inférieur à 2 000€. Cependant, dans des villes où
les prix immobiliers sont élevés, comme Paris, cela ne permet d'acquérir que de
très petites surfaces.
Pour un couple
percevant deux SMIC, la capacité d’emprunt double, soit environ 186 000€, ce
qui ouvre davantage de possibilités dans les grandes métropoles de province. En
régions, cette capacité permet l'achat d’un logement de taille moyenne (entre
50 et 70 m² selon la ville) à des prix accessibles. Toutefois, dans des villes
comme Paris, même pour un couple au SMIC, cette somme reste insuffisante pour
acheter un logement de taille conséquente, renforçant la disparité régionale
dans l’accessibilité à la propriété.
« Bien que l’augmentation de 42€ brut par mois du SMIC apporte un soutien supplémentaire pour les ménages modestes, elle reste insuffisante pour délivrer un pouvoir d’achat immobilier permettant d’acheter un bien de taille moyenne aux prix pratiqués en France. En effet, cette hausse représente une amélioration, mais elle ne permet pas, à elle seule, de combler le fossé entre la capacité d’emprunt des salariés au SMIC et les prix de l'immobilier dans de nombreuses régions, particulièrement dans les grandes villes où le prix au m² reste élevé. Ainsi, si cette revalorisation peut faciliter l’accès à la propriété dans certaines zones où les prix sont modérés, elle ne suffit pas, en l’état, à rendre les biens immobiliers accessibles aux ménages au SMIC dans les grandes agglomérations et sur les marchés les plus tendus. »