L’analyse de Paul Jardel ,consultant RSE chez Bartle.
Comme pour les COP sur
le climat, la première phase de cette COP, qui se tient à Cali en Colombie,
vise à établir un cadre global ambitieux : le Cadre mondial pour la
biodiversité de Kunming-Montréal, adopté lors de la COP15 est souvent comparé
aux accords de Paris pour le climat. Ce cadre fixe des objectifs clés, comme
protéger 30% des terres et des océans d'ici 2030.
Selon Paul Jardel : « Le véritable défi
commence maintenant. La COP16 marque le moment où les pays doivent faire état
de leurs progrès vers ces objectifs, démontrant leur capacité à transformer des
engagements en actions concrètes. Il s'agit également d'accélérer le déblocage
des financements nécessaires pour permettre une mise en œuvre effective des
mesures de préservation. Définir un cadre non contraignant est à la portée de
tous, mais l'enjeu réside dans son application. »
Quelques autres de ses
convictions
1/ Suivi du cadre
mondial
Les discussions se
concentreront sur l'évaluation des progrès réalisés dans la mise en œuvre du
Cadre mondial pour la biodiversité. Ces échanges visent à ajuster les
politiques et mobiliser des ressources pour atteindre les objectifs globaux
d'ici 2030.
« Le suivi du cadre
mondial risque d’être un sujet épineux du fait du peu de pays venant avec une
stratégie et un plan d’action national. Selon Courrier International, seuls 25
pays ont publié leur “stratégie et plan d’action nationale pour la biodiversité”
depuis la dernière COP15 en 2022… 3 pays du G7 ont publié. Dix-sept pays
hébergent à eux seuls 70 % de la biodiversité mondiale. »
2/ Le rôle des
entreprises
Les entreprises sont en
effet confrontées à la nécessité d’intégrer la biodiversité tout au long de
leur chaine de valeur, notamment à travers l’adoption de pratiques durables de
leur approvisionnement, jusqu’à la fin de vie de leurs produits. Il ne s'agit
plus seulement de limiter les impacts négatifs des activités économiques sur
les écosystèmes, mais aussi de contribuer activement à leur préservation.
« Le secteur privé doit
devenir un acteur clé dans l’atteinte des objectifs mondiaux de protection de
la biodiversité notamment via des engagements concrets en matière de réduction
des émissions de carbone, de gestion des ressources naturelles et d’innovation
pour des modèles économiques plus durables. Il faut que la COP permette de
développer des outils facilitant le travail d’approche par les risques des
entreprises. »
3/ L’obtention des
financements
Les discussions sur le
financement se concentreront sur la mobilisation des ressources pour la mise en
œuvre du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal. Les débats
porteront notamment sur le rôle du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et
les initiatives pour créer des mécanismes financiers innovants, tout en
abordant des propositions de comités permanents pour soutenir ces efforts
financiers.
« Deux sujets, tout
aussi important l’un que l’autre concernant l’obtention de financement : L’abondement
du fonds destiné à la protection de la nature, encore une fois les pays
développés devront mettre en œuvre concrètement le financement de ce fonds à la
mesure des montants promis il y a deux ans.
La valorisation des services écosystémiques qui permettra de
reconnaître, mesurer et intégrer les bénéfices que la nature apporte à l’économie
et au bien-être humain. Cela encouragera des financements pour la préservation
et la restauration des écosystèmes, en favorisant l’usage durable des
ressources. »
4/ Solutions fondées
sur la nature
Les discussions sur les
solutions fondées sur la nature porteront sur leur rôle dans l'atténuation et
l'adaptation aux changements climatiques, ainsi que sur la protection de la
biodiversité. Ces solutions incluent des approches comme la restauration des
écosystèmes, l'agriculture régénératrice et la gestion durable des forêts, avec
l'objectif de générer des bénéfices à la fois pour la nature et pour les
populations humaines.
« Les solutions fondées sur la nature représentent une grande opportunité d'adaptation au changement climatique notamment via le financement de fonds dédiés spécifiquement à la recherche dans ce secteur. Cependant, la recherche à ce sujet reste encore trop faible, les solutions fondées sur la nature doivent être financées à la fois par le public et par le privé pour établir des standards communs et mesurer les impacts réels ! »