Une
nouvelle recherche publiée en octobre 2024 par le professeur de finance d’HEC
Paris, Matthias Efing, aborde une question cruciale en matière de gouvernance
d'entreprise : les indicateurs ESG dans la rémunération des dirigeants sont-ils
davantage une question d'image que d'impact ?
Intitulée « All Hat
and No Cattle ? ESG Incentives in Executive Compensation » (« Tout dans
l’apparence, rien dans l’action ? Les incitations ESG dans la rémunération des
dirigeants »), cette recherche repose sur un ensemble de données inédites
couvrant les informations relatives à la rémunération des dirigeants en Europe.
Elle analyse les données de 674 cadres de 73 grandes entreprises cotées entre
2013 et 2020.
Le rapport conclut que,
bien que les objectifs ESG soient de plus en plus liés à la rémunération des
dirigeants, ils ont souvent une influence minimale sur la rémunération réelle,
ce qui soulève des préoccupations quant à un éventuel « greenwashing ».
Voici les principales
conclusions de l’étude
• Les indicateurs ESG
font désormais partie des plans de rémunération de 60% des dirigeants en
Europe, mais représentent moins de 5% de la rémunération totale liée à la
performance.
• Les indicateurs
financiers traditionnels dominent encore, représentant 87 % des variations de
rémunération à court terme, tandis que les objectifs ESG ne contribuent qu’à
hauteur de 1%.
• Les objectifs ESG
sont plus symboliques qu’efficaces, surtout dans des secteurs comme la finance,
où ils ne sont pas directement liés à la performance financière.
• Les industries ayant
un impact environnemental important, comme l’énergie, les services publics et
la fabrication, tendent à appliquer des indicateurs ESG plus lourds pour mieux
aligner la rémunération des dirigeants avec des résultats durables, contrairement
aux entreprises dont les avantages ne sont pas liés à leur impact
environnemental.
• Les postes
spécialisés comme les directeurs des ressources humaines et les directeurs
techniques manquent souvent d'indicateurs pertinents, ce qui suggère que les
entreprises se concentrent sur les indicateurs ESG pour leurs dirigeants les
plus visibles dans le but de projeter une image plus respectueuse de
l'environnement.
Alors que les indicateurs ESG font l'objet d'une attention croissante de la part des régulateurs et des investisseurs, le rapport soulève d'importantes questions quant à leur réelle valeur dans la stratégie et la gouvernance d'entreprise.