L’analyse de Sébastien Roca, directeur
général de Cedrus & Partners.
Investir dans du non
coté lorsque l’on dispose de nombreuses années devant soi est une bonne idée.
Accolée aux actions, cette classe d’actifs permet de booster les performances
de son épargne qui sera, de toute façon, sécurisée à l’approche du dénouement
des contrats.
La loi Industrie Verte
d’octobre 2023 rend obligatoire l’introduction d’une part minimum
d’investissement en actifs non cotés dans les gestions pilotées des plans
d’épargne retraite (PER) et des contrats d’assurance vie. La mise en
application de cette mesure est prévue pour le 24 octobre 2024 pour les
produits qui seront ouverts à partir de cette date. S'agissant des PER
collectifs, (souscrits en entreprise dans le cadre de l’épargne salariale), une
dérogation a été mise en place : l’obligation n’entrera en vigueur que le 30
juin 2026.
De 2 à 15% obligatoires
en fonction du profil de l’épargnant et de l’horizon d’investissement
Dans les PER sous
gestion pilotée, la part obligatoire varie de 2 à 15%, en fonction de
l’appétence au risque de l’épargnant. Par exemple, pour la gestion pilotée «
prudente », les fonds d'investissement dédiés au non côté doivent représenter,
dans le PER, au moins 2 à 6% des versements en fonction de la date envisagée du
retrait des fonds, tandis que dans une gestion « dynamique », les PER doivent
comprendre entre 6 et 15% de non coté. En assurance-vie, le pourcentage doit
atteindre au moins
4% dans une gestion pilotée « équilibrée » et 8% dans la
version « dynamique ».
Les 3 « S » ou les
points positifs du capital investissement
Initiée par la loi
Industrie verte de 2023, dans un objectif de favoriser la réindustrialisation
verte, la mesure semble inquiéter un certain nombre d’épargnants, néophytes en
matière de capital-investissement ou de « private equity ». Qu’ils se rassurent
!
D’abord parce que les
pourcentages obligatoires sont relativement faibles, prenant place dans une
allocation d’actifs très diversifiée et sécurisée au fil du temps via les fonds
euros. Les family offices européens, les fonds de pension américains ont en moyenne
plus de 20% de capital investissement dans leurs produits financiers de long
terme.
Ensuite, parce que,
contrairement aux idées reçues, le risque - certes réel pour cette classe
d’actifs - doit plus être perçu comme une opportunité de booster les
performances de son contrat que comme un danger. Ce dernier est d’ailleurs
limité par les gestionnaires de PER et d’assurances vie au travers d’une
stratégie de diversification des actifs non cotés au sein même de la poche
private equity. Capital-risque, capital-développement, LBO... en France ou à
l’étranger... les possibilités sont nombreuses, et opter pour des fonds de
fonds accroît aussi la mutualisation du risque.
Les 3 « S » permettent
d’expliquer pourquoi du non coté dans un placement long terme représente une
opportunité pour les particuliers :
● Surperformance :
sur les 10 dernières années, le private equity a surperformé les marchés cotés
de plus de 5 % par an en moyenne, selon une étude d’Hamilton Lane
● Stabilité :
les fréquences plus éloignées de valorisation des actifs (par rapport à ceux
qui sont cotés) permettent de décorréler les portefeuilles et d’éviter une trop
grande volatilité
● Société de demain
: grâce à la loi Industrie verte, Bercy attend 67 milliards de capitaux
redirigés pour financer la transition écologique. Un objectif auquel souhaitent
participer de plus en plus d’épargnants voulant donner du sens à leurs
investissements.
Cette insertion dans le non côté devrait donc être bénéfique aux épargnants qui ont du temps devant eux, mais n’en profitent pas... Sécuriser totalement son épargne pendant plusieurs décennies est contre-productif, empêchant les épargnants de profiter des performances financières parfois à deux chiffres de certains actifs, dont fait partie le capital investissement.