Dans un contexte politique marqué par la montée des préoccupations sociales et économiques, les questions écologiques peinent à s'imposer au premier plan.
Cependant, face à l'urgence climatique,
une nouvelle note de la Fondation Jean-Jaurès, en partenariat avec Project
Tempo, explore les moyens de réintégrer l'environnement au cœur des priorités
politiques avec quatre impératifs.
Antoine Bristielle,
directeur de l’opinion de la Fondation Jean-Jaurès et directeur de France de
Project Tempo, livre ici les conclusions de cette étude.
L’étude de Project Tempo, menée entre janvier et mai 2024 sur un échantillon représentatif de
2 000 Français, révèle que si l'écologie reste une préoccupation importante pour une partie de la population, notamment chez les jeunes urbains et les classes aisées, elle peine à séduire les classes moyennes « pressurisées » et les habitants des zones rurales. Les résultats montrent que les mesures incitatives sont largement préférées aux politiques contraignantes, en particulier lorsqu’elles s’accompagnent de garanties en matière de pouvoir d’achat.
Six profils de Français
face aux enjeux écologiques
L'étude identifie six grandes catégories de Français avec des rapports différents à l’environnement :
les écolos engagés, les européistes, la France qui va bien, les classes
moyennes pressurisées, les localistes, et les traditionnalistes. Chaque groupe
présente des priorités distinctes : tandis que les écolos engagés soutiennent
fermement les politiques climatiques, même contraignantes, les localistes et
classes moyennes pressurisées s'inquiètent de leur impact sur le pouvoir
d'achat. Cette segmentation précise permet d’ajuster les politiques pour
susciter une adhésion plus large à la transition écologique.
Tolérance des
politiques environnementales : un enjeu clé
L’étude révèle
également une importante variation dans la tolérance des Français aux
différentes politiques environnementales. Si les écolos engagés et les
européistes sont prêts à accepter des mesures contraignantes, comme la taxation
des vols en classe affaires ou l’interdiction à la vente des voitures à essence
et diesel dès 2035, d'autres groupes, notamment les localistes et les classes
moyennes pressurisées, sont plus réticents lorsque ces mesures impactent leur
pouvoir d'achat. En particulier, les politiques coercitives sont moins
populaires, les Français préférant des mesures incitatives, comme les
subventions aux agriculteurs pour l’installation de panneaux solaires ou les
réductions fiscales pour les entreprises qui adoptent des véhicules électriques.
Antoine Bristielle affirme
que «
pour que les politiques climatiques soient largement acceptées, elles doivent
être perçues comme justes et intégrées aux préoccupations sociales des
Français. » Il ajoute que « des politiques environnementales locales et des
incitations fiscales adaptées aux entreprises et aux citoyens seront la clé du
succès. »
L'étude révèle que les Français sont divisés sur les enjeux environnementaux.
Environ 28% de la population, représentée par les écolos engagés et les européistes, placent l'environnement au centre de leurs préoccupations et critiquent principalement l'inaction climatique des gouvernements. À l'opposé, 15% des Français, principalement les traditionnalistes, sont réfractaires aux politiques environnementales. La majorité, représentant 57% de la population (localistes, classes moyennes pressurisées, et France qui va bien), se trouve dans une position ambivalente : leur soutien aux mesures écologiques dépend de la nature de ces dernières. Pour convaincre cette majorité, les politiques doivent avoir un ancrage local, promouvoir un changement systémique impliquant les grandes entreprises, renforcer l'indépendance énergétique de la France et prendre en compte les problématiques de pouvoir d'achat, avec une préférence pour les incitations fiscales plutôt que les taxes.