Le régime poursuit son
désendettement, mais sur une trajectoire fortement infléchie par un contexte
économique dégradé et par les prélèvements de l’État sur ses recettes.
Le 22 octobre, l’Unédic
a présenté les prévisions financières du régime pour la période 2024-2027. La
situation financière du régime devrait être équilibrée en 2024. Le solde est
dégradé sur chaque année de la période, en raison notamment d’une conjoncture
économique plus défavorable qu’anticipé jusqu’alors. Cependant, c'est
principalement la non-compensation partielle des exonérations de cotisations,
décidée fin 2023, qui freine significativement le désendettement de l'Assurance
chômage. Ces prélèvements contraignent l’Unédic à emprunter sur les marchés
financiers, dans un contexte de taux élevés, pour rembourser les échéances
dues.
Une conjoncture
économique dégradée
D’après le dernier
Consensus des économistes, la croissance serait plus faible que prévu à
l’horizon de la prévision : 1,1% en 2024, 1% en 2025, 1,3% en 2026 et 1,4% en
2027.
L’inflation baisserait
plus rapidement qu’escompté auparavant. Elle serait de 2,2% en 2024
(après 4,9%
en moyenne sur 2023), puis inférieure à 2% de 2025 à 2027.
Un marché de l'emploi
en ralentissement
En 2024 et 2025, les
créations d’emploi seraient limitées (respectivement +38 000 et +31 000). Une
reprise plus marquée débuterait en 2026 (+131 000) et se poursuivrait en 2027
(+146 000).
À partir de 2026, la
poursuite de la montée en charge de la réforme 2023 et une conjoncture devenue
plus favorable feraient reculer le nombre de chômeurs indemnisés à 2,4 M en
2027.
Un solde à peine à
l'équilibre en 2024
Les recettes du régime
– en intégrant les prélèvements de l’État – continueraient d’augmenter jusqu’en
2027 (45,3 Md€ en 2024, 45,6 Md€ en 2025, 46,0 Md€ en 2026 et 51,1 Md€ en 2027),
bien qu’inférieures à ce qui était anticipé lors des précédentes prévisions en
raison du contexte économique dégradé.
Les dépenses du régime,
quant à elles, diminueraient (44,9 M€ en 2024, 43,9 Md€ en 2025, 42,5 Md€ en
2026 et 41,7 Md€ en 2027).
Le solde 2024 de
l’Assurance chômage s’élèverait à 300 M€. Il serait ensuite de 1,8 Md€ en 2025,
3,5 Md€ en 2026 et 9,4 Md€ en 2027.
Au-delà du contexte
économique dégradé, le solde du régime est affecté par les prélèvements de
l’État, comme en 2023. Pour 2024, il aurait été de 3,1 Md€ sans ces
prélèvements.
Les prélèvements de
l'État freinent le désendettement du régime
Si le régime
d’assurance chômage continue de réduire sa dette, remboursée à partir de ses
excédents, sa trajectoire de désendettement est infléchie : elle est contrainte
par la non-compensation partielle des exonérations de cotisations, décidée
arbitrairement par un arrêté gouvernemental du 27 décembre 2023. Les recettes
du régime seront ainsi réduites de 12,05 Md€ de 2023 à 2026, contraignant
l’Unédic à recourir à l’emprunt sur les marchés financiers pour rembourser ses
échéances. Ce recours à l’emprunt représente un coût supplémentaire estimé à
0,9 Md€ entre 2023 et 2027. Au total, les décisions gouvernementales diminuent
de près de 13 Md€ les capacités de l’Unédic à rembourser la dette de
l’Assurance chômage. À l’horizon 2027, la capacité de désendettement de
l’Unédic reste soumise à l’incertitude habituelle du contexte macroéconomique
et à de potentielles nouvelles décisions ayant un impact significatif sur
l’équilibre financier du régime.
La dette du régime
d’assurance chômage atteindrait 44,3 Md€ en 2027. Elle aurait été de 31,3 Md€
sans les prélèvements de l’État. Cette dette comprend toujours la « dette Covid
», soit 18,1 Md€ mis à la charge de l’Unédic.