L’analyse
de Fidel Martin, Président d’Exoé
Les « small caps », ces
entreprises à petite capitalisation boursière, ont longtemps été perçues comme
des opportunités de croissance significatives pour les investisseurs prêts à
prendre plus de risques. Pourtant, force est de constater que ces dernières
années, elles attirent de moins en moins. Comment expliquer cette tendance et
quelles en sont les conséquences pour les marchés financiers et les
investisseurs ?
La concentration des
ressources des analystes financiers sur les grandes capitalisations
L'une des principales
raisons pour lesquelles les « small caps » sont de moins en moins couvertes
réside dans la concentration des analystes sur les grandes capitalisations.
Dans un secteur financier où la régulation est omniprésente et les marges plus
réduites, les ressources des sociétés de bourse sont concentrées vers les
grandes entreprises, qui constituent la majeure partie des indices boursiers et
captent une très large part des flux d'investissement sur les actions.
Cette concentration
permet aux analystes de se focaliser sur les entreprises dont la communication
financière et les perspectives de croissance sont déjà bien documentés, et qui
bénéficient d'une plus large couverture médiatique. À l'inverse, les small caps,
plus volatiles et bien moins suivies, sont perçues comme un pari plus risqué
pour des analystes soumis à une pression de résultats immédiats.
Les évolutions
réglementaires : MIFID
Un autre facteur majeur
qui a contribué à cette diminution de la couverture des small caps est la mise
en place de la directive MIFID en Europe. Cette régulation a imposé une
séparation stricte entre les services de recherche et d’exécution. En conséquence,
de nombreuses sociétés de bourse ont réduit leur couverture sur ces petites
capitalisations, bien moins attractives en termes de rentabilité.
Les conséquences de
cette évolution sont particulièrement visibles dans les secteurs où ces
entreprises représentent une part importante des acteurs économiques, comme
l'industrie technologique, la santé ou encore les énergies renouvelables.
Avec trop peu d’études
et de suivi pour offrir des perspectives sur ces entreprises, elles sont
souvent moins valorisées par le marché, ce qui limite leur capacité à lever des
fonds et à se développer.
Quelles solutions pour
inverser la tendance ?
Pour renverser les
tendances défavorables affectant les investissements dans les sociétés de
moyenne capitalisation (SMC), plusieurs réformes réglementaires et fiscales
pourraient être envisagées. Voici une exploration des solutions proposées :
1. Exclusion des
valeurs SMC du calcul Priips : exclure 10% des valeurs SMC dans les fonds du
calcul sous le règlement PRIIPs pourrait réduire la complexité réglementaire
pour les investisseurs, favorisant ainsi l'investissement dans ces entreprises.
2. Réduction de la Flat
Tax :
baisser la flat tax de 30 à 20% sur les plus-values générées par les SMC
pourrait stimuler les investissements en rendant les gains plus attractifs
fiscalement.
3. Extension du délai
de report des moins-values : permettre le report des moins-values sur 10
ans au lieu de 5 ans donnerait plus de flexibilité pour compenser ces pertes
contre des gains futurs, améliorant la gestion fiscale des investissements.
4. Création d'un PEA
SMC spécifique :
instituer un Plan d'Épargne en Actions spécifique pour les SMC avec la
possibilité de cumul par rapport au PEA classique pourrait encourager les
investissements directs dans ces entreprises tout en bénéficiant d'avantages
fiscaux.
5. Plafonnement des
taux de distribution : égaliser les taux de distributions des assureurs et des
distributeurs aux coûts de gestion administrative du fonds pourrait réduire les
frais excessifs et augmenter les rendements nets pour les investisseurs.
6. Choix des fonds par
le client :
ne pas interdire la commercialisation de fonds aux frais de fonctionnement
élevés mais plutôt laisser le choix au client final pourrait favoriser une
concurrence basée sur la performance et la qualité de service, plutôt que sur
les coûts seuls.
Ces mesures pourraient contribuer à une meilleure dynamique de marché pour les SMC, en attirant plus d'investissements et en diversifiant les opportunités pour les investisseurs.