A l’occasion du salon Produrable, grand rendez-vous européen de l’économie durable, qui s’est tenu du 9 et 10 octobre 2024 à Paris, l’agence Nantes Saint-Nazaire Développement dévoile une expérimentation sur « la mesure d’impact » menée auprès de quelques entreprises nantaises.
Si cette démarche est obligatoire dans les investissements publics,
c’est la première fois qu’elle est menée par une agence de développement
économique auprès d’entreprises. Une expérimentation bénéfique tant au niveau
interne que de leurs partenaires et financeurs.
Au-delà d’engendrer des
retombées financières, une entreprise peut-elle avoir un impact positif en
termes social ou environnemental sur son territoire ? Mesurer l’impact autre
que financier d’un investissement, la démarche est déjà rendue obligatoire en France
pour les collectivités publiques qui engagent des investissements supérieurs à
20 millions d’euros. Mais elle ne l’est pas pour les entreprises.
Implantée sur un
territoire où 40% des entreprises sont engagées dans une démarche RSE (source
Oïkos), l’agence Nantes Saint-Nazaire Développement a proposé à 4 entreprises,
qu’elle avait accompagnées lors de leur implantation à Nantes, d’expérimenter
leur retour social sur investissement (SROI en anglais). L’expérimentation qui
a été menée sur 6 mois en 2023 a permis de générer un retour sur investissement
(ROI) agrégé de 187 millions d’euros de valeur nette globale d’ici 2025 et 136
millions d’euros de coûts évités pour les finances publiques.
« Un euro investi
équivaut à 2 euros de création de valeur sociétale »
« C’est la 1ère fois
que cette méthode déjà éprouvée pour les financements de l’Etat est mise en
œuvre à l’échelle d’une agence de développement économique », souligne Julie Debrux,
fondatrice de Citizing qui a mené cette mesure de l’impact auprès des
entreprises.
La démarche a permis de mettre en évidence des impacts en termes sociaux
(insertion de personnes éloignées de l’emploi, santé), environnementaux (rejets
de carbone évités à travers le recyclage), ou économiques, comme le coût évité
pour les finances publiques. « Ce qui en ressort est que chaque euro mis sur
la table par les entreprises ou par l'Etat est largement plus que compensé par
les impacts sociaux et environnementaux. En effet, chaque euro investi équivaut
à 2 euros de création de valeur ajoutée sociétale et environnementale. »
Cette expérimentation a été complétée avec l’utilisation de l’outil Impact
Track, également entreprise nantaise, qui permet de passer de l’estimation du
SROI à un suivi par type d’impact en temps réel.
Des discours aux
preuves
Et le bénéfice est
aussi au-delà des attentes pour les entreprises. « La vraie plus-value de
cette expérimentation pour Upcyclea a été la monétarisation qui nous permet
d’aller plus loin. La prochaine étape sera de calculer l’impact de tout notre
volet informatique pour aboutir à une évaluation à 360°.
Une expérimentation
très riche qui nous a permis de passer de l’ambition à la réalité », explique
Christine Guinebretière, fondatrice d’Upcyclea, entreprise de l’économie
circulaire.
« Cette démarche s’est
révélée très intéressante dans le sens où nous avions des intuitions sur notre
impact mais nous n’avions pas poussé la démarche aussi loin. Cela nous a permis
d’avoir une mesure structurée et d’envisager d'autres études à l'avenir comme
celle sur l'empreinte carbone. Ces résultats nous sont aussi utiles tant en
interne pour motiver nos équipes qu’auprès de nos partenaires ou pour des
recherches de financements », souligne Morgan Guyader, fondateur de
Malakio, entreprise au croisement du design et de l’économie circulaire.
« Même si mon
entreprise n'est pas encore rentable financièrement, l'expérimentation m'a
permis de montrer qu'elle était très rentable pour la société », poursuit Maxime
Labat, co-fondateur de La Virgule, entreprise qui fabrique des sacs à dos à
partir de matériaux recyclés.
Générer un impact
positif pour la société
A travers cette
démarche, l’agence Nantes Saint-Nazaire Développement a voulu montrer qu’une
entreprise peut avoir pour objectif, non seulement de récolter des rendements
financiers, mais aussi de générer un changement positif pour la société. « Il
est intéressant de faire prendre conscience aux entreprises qu’elles ont un
rôle à jouer sur leur territoire, même en phase de démarrage de leur activité.
L’expérimentation nous a permis de prendre conscience que l’entreprise pouvait
avoir une valeur ajoutée autre que financière. En tant que première agence de
développement économique à mission, il nous a paru important de mettre
davantage en valeur la responsabilité territoriale de l’entreprise et en quoi
elle peut jouer un rôle dans la transformation positive de la société en
général », conclut Aspasia Nanaki, directrice Prospective à l’agence
Nantes Saint-Nazaire Développement.
Nantes Saint-Nazaire Développement étudie actuellement des pistes de financement pour généraliser cette démarche à d’autres entreprises.
Chiffres de
l’expérimentation : 187 M€ de valeur nette globale créée par les 4 entreprises
entre 2021 et 2025, dont :
- 408K€ de gains
financiers nets pour les entreprises et leurs partenaires
- 563K€ de coûts évités
liés au chômage et à l’emploi en insertion
- 50 M€ (ou 906kT)
d’émissions nettes de gaz à effet de serre évités
- 52k€ (ou 11
mégatonnes) de coûts évités dans le traitement des déchets
- 136 M€ de coûts évités pour les finances publics.