Cercle de
prospective sur l’avenir de la profession comptable, le CEG, prendra désormais
chaque année « le pouls » de cette filière, à travers un baromètre qui
passe au crible des sujets clés des cabinets : état d’esprit, finances,
facture électronique, IA, concurrence, honoraires, état des clients, ...
Cette 1ère édition
2024 du baromètre s’appuie sur une enquête en ligne réalisée auprès de
près de 600 professionnels, ainsi que sur les travaux internes du CEG. Elle
dresse le portrait ambivalent d’une profession tiraillée entre stabilité et
grands bouleversements.
Jérôme Clarysse , Président du CEG, livre son analyse sur ce baromètre : « Au CEG, nous menons une veille très active sur la profession. Nous voyons que les fintechs, les legaltechs, les néobanques s’activent pour prendre le marché de la data et de l’IA. Mais en face, et ce baromètre nous le montre, les cabinets font preuve d’une certaine stabilité, d’une certaine solidité. La profession s’habitue à ces transformations qui s’enchaînent, et ne semble pas sur le point de disparaître. Mais on peut se demander si les cabinets ne sous- estiment pas l’éventuelle menace venant de l’extérieur ... Les prochaines éditions nous permettront de le savoir. »
Les principales notes du baromètre
Des écarts de
perception sur le moral des équipes et le management
Les participants ont en
moyenne noté de manière correcte leur état personnel (7,60/10), leur état
professionnel (6,99/10) et leur optimisme sur la profession comptable
(6,80/10). De même, ils notent le moral des équipes à 6,56/10 et le
management de leur cabinet à 6,45/10.
Mais derrière ces
moyennes « consensuelles », on trouve des écarts significatifs entre les
différents profils : les experts-comptables dirigeants ou associés,
notamment, ont une vision plus positive de
« l’état des troupes ». Ainsi, au
moral des équipes, ils accordent une note supérieure de +1,36 point à celle
donnée par les collaborateurs comptables (7,23 vs. 5,87). Cela est encore plus
frappant pour le management de leurs cabinets, qu’ils notent 1,65 point de plus
que les collaborateurs (7,33 vs. 5,68) :
Il y a donc un écart
de perception tangible entre la direction et les équipes sur le climat
managérial qui règne dans les cabinets. Le CEG a également recueilli dans
son enquête plusieurs témoignages de collaborateurs, chefs de mission et
assistants comptables se plaignant des conditions de travail et de la forte
pression qu’ils ressentent au travail … Même si le management de proximité
semble mieux fonctionner dans les petites structures de moins de 10 salariés,
l’amélioration du management reste un enjeu clé dans bon nombre de cabinets.
Notamment pour leur permettre de recruter.
73,2% des cabinets
n’améliorent pas leurs délais de production
Du côté des cabinets,
le baromètre constate une certaine stabilité dans la manière de produire,
d’appréhender la concurrence, dans la santé financière des cabinets ... En
bref : le métier ne change pas tous les matins. Il conclut notamment que 73,2%
des répondants travaillent dans des cabinets qui n’améliorent pas leurs
délais de production. Soit la somme :
• des 41% qui disent
avoir des délais de production stables (... ce qui n’est pas une bonne
nouvelle, puisque la productivité est sensée s’améliorer en continu !)
• et des 32,2% qui
témoignent d’une productivité qui se dégrade.
Cette stagnation en
matière de délais de production tranche avec les profonds bouleversements qui
s’apprêtent à révolutionner les cabinets (facture électronique et IA en
tête), et dont la profession attend beaucoup.
Des clients qui font
grise mine
Les encours clients des
cabinets semblent raisonnables, avec une moyenne de 45 jours. Par ailleurs,
61,6% des répondants disent que les délais d’encaissements de leurs cabinets
sont stables, voire qu’ils s’améliorent.
Mais pour autant, bon
nombre témoignent des difficultés clients qui s’accroissent. Ils sont ainsi
30% à signaler que les ouvertures de procédures collectives sont à la hausse
chez leurs clients. Les experts-comptables, premiers partenaires business des
entreprises (et notamment des TPE- PME), sont aux premières loges pour
constater quand ces dernières vivent des difficultés …
Polarisation autour de
deux modèles de cabinets
Face à ce paysage
contrasté, le baromètre conclut à une polarisation grandissante de la
profession autour de 2 modèles de cabinets :
• Les grandes
structures,
qui se concentrent encore davantage en rachetant des cabinets de petite ou
moyenne taille. Ce mouvement est aussi facilité par l’arrivée des fonds
d’investissement dans la profession, qui viennent financer cette croissance, et
cherchent à stimuler les gains de productivité des cabinets.
• La permanence de
petits cabinets
qui reflètent l’ADN premier de l’exercice libéral. Parmi eux, beaucoup tirent
leur épingle du jeu avec un positionnement précis dans un secteur ou un type
d’offres, un fort niveau de digitalisation, un conseil de proximité et à
forte valeur ajoutée ... D’autres, en revanche, semblent ne pas chercher à
faire évoluer leur mode de fonctionnement historique.
La RSE, terrain de
conquête
La RSE, enfin, est de
plus en plus vue comme une future activité récurrente pour la profession
d’expertise comptable. Avec une posture privilégiée pour accompagner les
patrons de TPE dans leur démarche RSE, les cabinets doivent pourtant affronter
un marché :
• qui n’est pas encore
mature ni en attente,
avec une sensibilité des clients à la RSE
notée 3,15/10 et
• qui ne les a pas
encore identifiés comme légitimes pour ce type d’accompagnement. En effet,
l’immense majorité des clients n’interrogent jamais (55,82%) ou rarement
(30,99%) leur cabinet d’expertise comptable à ce sujet.
Pour les cabinets volontaristes sur la RSE : l’heure doit donc être à la proactivité. Les grands cabinets sont pionniers en la matière, puisque 47% des cabinets de plus de 200 salariés ont déjà̀ une offre en place.