Depuis 14 ans, le groupe EPSA, premier acteur européen du conseil en performance opérationnelle et durable, publie les résultats de son baromètre annuel du voyage d'affaires à l’occasion du salon IFTM Top résa.
Dans un contexte macro-économique marqué par de nombreuses incertitudes (dette publique élevée, croissance molle, changements climatiques), le voyage d’affaires démontre une étonnante stabilité après de nombreux tumultes. Impact environnemental, maîtrise budgétaire, accès aux contenus : nombreux sont les sujets abordés dans la 14ème édition du baromètre IFTM x EPSA du voyage d’affaires.
Entre
réorganisation du secteur de la distribution et consolidation des acteurs
majeurs
• Aérien
24 euros. C’est le surcoût que devront payer les entreprises pour réserver un billet d’avion auprès d’Air France, à compter du 1er janvier 2025, si elles n’utilisent pas le nouveau canal de réservation (le NDC) mis en place par la compagnie nationale.
Chez Lufthansa, pionnier mondial sur le sujet, cette bascule a été opérée dès 2015 et la compagnie allemande continue de monétiser la distribution. Il faudra ainsi désormais débourser 2€ de plus par dossier de voyage pour accéder à l’intégralité du contenu.
Outre-Atlantique,
en revanche, American Airlines, qui avait adopté une approche très offensive
sur ce même sujet de distribution, en est revenu, après avoir estimé ses pertes
à 1,5Md$ à cause de la fuite de clients ; signe que la distribution aérienne est
un sujet sensible.
Ces
quelques exemples illustrent une petite révolution dans les coulisses de la
distribution aérienne et plus globalement dans celle du voyage d’affaires.
Petit à petit, pour les agences de voyage, la distribution ne rémunère plus,
elle coûte.
De nouvelles taxes apparaissent aussi sur d’autres sujets. Ainsi, Lufthansa annonce l’introduction d’une surcharge écologique en 2025 pouvant atteindre 72€. En France, l’intégration de biocarburants aériens, rendue obligatoire progressivement par l’État (2% en 2025, 5% en 2030), est un autre facteur d’inflation
à venir.
Pour autant, les très fortes inflations à 2 chiffres qui ont marqué 2022 et 2023 semblent désormais révolues. En France, sur les vols domestiques, EPSA mesure une augmentation des prix moyens de
+9,8% sur le 1er semestre 2024 (vs 1er
semestre 2023). Un an auparavant, EPSA mesurait une augmentation de +18,8%,
soit près du double. L’accalmie est encore plus flagrante sur les vols
long-courriers avec +1,3% en 2024 à comparer aux +22,1% de l’année précédente.
• Ferroviaire
Pour
générer des économies mais surtout pour des raisons écologiques, le ferroviaire
est plébiscité par les entreprises depuis la sortie de la crise COVID19. Chaque
année, le trafic augmente et la SNCF, qui attend avec impatience l’arrivée
(retardée) des nouveaux TGV-M, enregistre des bénéfices (143M€ au premier
semestre 2024), quand les autres opérateurs souffrent : 1,2 Md€ de pertes en
2023 pour la Deutsche Bahn (chemins de fer allemands), 50M€ pour Trenitalia
France (+45% en un an), qui exploite des trains à grande vitesse sur Paris-Lyon
face à la SNCF. RailCoop et Midnight Trains ont quant à eux jeté l’éponge. Dans
ce contexte, quel avenir pour les futurs nouveaux entrants Proxima et Ilisto ?
Dans
l’intervalle, la SNCF se développe en Espagne, espère se lancer sur le marché
domestique italien en 2026 et continue de densifier l’offre Ouigo. Cette
tendance favorable, combinée à une capacité restreinte, entraine mécaniquement
une inflation qui reste soutenue. Les prévisions d’EPSA de 2023 (+6,8%) ont été
confirmées par l’Autorité de Régulation des Transports (ART), qui la mesure à
7%, quand la SNCF l’estimait à 5%. Toujours selon les prévisions du groupe
EPSA, 2024 devrait se situer dans une augmentation similaire à +7,2% en France.
• Hôtellerie
Du côté
de l’hôtellerie enfin, après les très fortes hausses dues à l’explosion des
coûts énergétiques et aux nécessaires hausses de salaire, un retour à plus de
modération est constaté dans la plupart des grandes métropoles françaises. Sur
le premier semestre 2024 (avant les JO), Paris reste stable avec un prix moyen
de 270€ (source : baromètre de l’hôtellerie MKG x CDS).
Fournisseurs,
clients-entreprises, agences de voyages : vers de nouveaux paradigmes qui ne
passent pas inaperçus
Face à des fournisseurs qui se consolident et imposent de nouveaux modèles de distribution à leur avantage d’une part, et des clients-entreprises en recherche d’économies toujours plus importantes d’autre part, les intermédiaires que sont les agences de voyages d’affaires réagissent en unissant leurs forces. Ainsi, le leader incontesté du secteur, American Express Global Business Travel (Amex GBT) est en passe d’acquérir CWT, numéro 3 mondial. Ensemble, ils représenteraient un volume d’affaires d’environ 45Md$, près du triple de leur unique concurrent et numéro 2 : BCD Travel.
Une sorte de
duopole se profile, générant des inquiétudes quant au manque de concurrence à
venir si l’opération se confirmait (elle est actuellement en cours d’évaluation
par les autorités de la concurrence au UK et aux US).
Un
niveau de dépenses pré-covid retrouvé
Malgré
une baisse globale et persistante du nombre de voyages d’affaires (-20%, soit 1
voyage sur 5), engagée depuis la période post-covid, le voyage d’affaires
renoue avec une forme de stabilité globale. Les déficits étant comblés par la
hausse des coûts globaux, due à l’inflation cumulée.
Cette tendance devrait se poursuivre en 2025, avec une hausse anticipée de +3,5%. Et ce, en dépit des incertitudes économiques.