La 15e édition du « Global Wealth Report » publiée par Allianz, passe au crible la situation patrimoniale et l'endettement des ménages dans près de 60 pays.
• Un soulagement inattendu : au niveau mondial, les
actifs financiers des ménages privés ont augmenté de 7,6 % en 2023, faisant
plus que compenser le recul enregistré l'année précédente.
• Pas de place pour les
dépôts bancaires :
L'épargne récemment constituée s'est normalisée après les années d’épargne
forcée liées à la pandémie. Les épargnants se détournent des dépôts bancaires.
• Restriction attendue
: Avec
la hausse des taux d'intérêt, la croissance de la dette privée s'est encore
affaiblie pour atteindre 4,1% à l'échelle mondiale, soit la croissance la plus
faible en 9 ans.
• Recul : La hausse des taux a
également pesé sur les actifs immobiliers, qui ont enregistré leur plus faible
croissance depuis 10 ans, avec une maigre progression de 1,8%.
• France : Les actifs financiers
renouent avec la croissance réelle (0,3%) mais restent en deçà du niveau de
2020 une fois l’inflation déduite.
France : Près de 4
années perdues
Avec un patrimoine
financier net par habitant de 72 380€, la France reste à la 16e place du
classement des 20 pays les plus riches.
Les actifs financiers
des ménages français ont augmenté de 5,9% en 2023, bien au-dessus de la moyenne
régionale de 5%. Les titres ont été le principal moteur de cette croissance (10%),
tandis que les deux autres catégories d'actifs ont affiché une croissance plus
modérée de 4,9% (assurances/retraites) et de 2,7% (dépôts bancaires),
respectivement ; cette dernière représente la plus faible croissance des dépôts
bancaires depuis 10 ans.
Cette année encore, la
croissance devrait être relativement forte (4,7%).
Conformément à la
tendance mondiale, l'épargne récemment constituée a diminué de 17,5% pour
atteindre 153 milliards d'euros, ce qui correspond plus ou moins aux niveaux
d'avant la pandémie. La diminution n'a toutefois pas été générale. Alors que
les dépôts bancaires récemment formés (-37,3%) et les titres (-43,3%) ont
diminué de manière substantielle, les allocations récemment constituées en
assurances/retraites ont augmenté, bien que dans une proportion limitée (+4,7%)
- mais suffisante pour dépasser les titres en volume absolu (36 milliards
d'euros contre 24 milliards d'euros). Les épargnants français renouent ainsi
avec leurs comportements passés en matière d'épargne, après avoir adopté les
titres à court terme à la suite d'une pandémie. À un autre égard également, les
épargnants français sont « à contre-courant » : malgré l’inversion des taux
d'intérêt, les obligations continuent à ne jouer pratiquement aucun rôle dans
leur portefeuille, contrairement à leurs voisins, en particulier les épargnants
italiens.
Le tableau est moins
rose en termes réels : corrigée de l'inflation, l'augmentation en 2023 n'a été
que de 0,3%. Le pouvoir d'achat des actifs financiers est toujours inférieur de
3,5% à celui de 2020 et ne dépasse que légèrement le niveau d'avant la pandémie
de 2019 (+1%).
Les épargnants français
ont perdu quasiment 4 ans.
Les actifs immobiliers
ont reculé de 5% en 2023 ; en réalité, le marché français du logement a été
l'un des plus durement touchés par le renversement des taux d'intérêt. Mais ce
recul est intervenu après des années de forte croissance, la valeur de
l'immobilier en 2023 restant confortablement supérieure au niveau d'avant la
pandémie (+12%). Mais les risques de transition sont très prononcés en France.
Les prix des logements devraient diminuer de 26,4% jusqu'en 2050. Cela se
traduirait par 37 650€ par habitant.
La croissance du passif
s'est quasiment arrêtée, n'augmentant que de 1,1%, soit la plus faible
progression depuis la crise de l'euro en 2012. Les actifs financiers nets,
enfin, ont progressé de
8,2%.