Durant les fluctuations des marchés au premier semestre 2024, nous avons vu la technologie américaine prospérer, la zone euro connaître de la volatilité et les marchés émergents dépasser les attentes. Les fonds gérés activement ont progressé à court terme, tandis que les stratégies passives continuent de faire preuve d'une résistance durable.
Le rapport du Baromètre Européen Actif/Passif
semestriel de Morningstar mesure la performance des fonds actifs par rapport à
leurs équivalents en gestion passive au sein de leur catégorie Morningstar
respective. Cette étude couvre environ 26 600 fonds actifs et passifs
domiciliés en Europe, ce qui représente environ la moitié du marché européen
des fonds.
Selon Monika Calay,
directrice de la recherche sur les gestionnaires, Morningstar « Au début de l'année
2024, les actions mondiales ont profité de l'élan donné par les grandes valeurs
technologiques. Les marchés développés ont généralement enregistré des gains,
tandis que les marchés émergents ont rebondi à mesure que les inquiétudes concernant
l'économie chinoise s'atténuaient. Les pressions inflationnistes, bien qu'en
baisse, sont restées plus persistantes que prévu, ce qui a réduit les attentes
en matière de réduction des taux et a eu un impact sur le sentiment du marché
obligataire. Quelle que soit la classe d'actifs, la survie d'un fonds est
étroitement liée à son taux de réussite. La sous-performance des fonds actifs
résulte souvent de la combinaison d'une mauvaise sélection d'actions ou
d'obligations et de l'effet cumulatif de frais plus élevés par rapport aux
alternatives passives plus abordables ».
Les principales conclusions pour les actions
• Le marché américain des actions a clôturé le premier semestre 2024 sur un record historique, porté par le rally du secteur technologique. Les stratégies passives ultra bon marché ont profité de cette dynamique, compte tenu de leur exposition importante aux grandes entreprises technologiques. Toutefois, les spécialistes de la sélection des titres ont été de plus en plus en mesure de trouver de la valeur à l'écart des secteurs très concentrés du marché. Dans la catégorie Morningstar des grandes capitalisations américaines, 51,7% des fonds d'actions actifs ont surpassé leurs concurrents passifs sur la période d’un an arrêtée à fin juin 2024, contre 41,9% en 2023. Cependant, sur le long terme, les arguments en faveur des fonds passifs pour cette exposition au marché restent écrasants. Seuls 8,1% des fonds actifs ont battu leurs concurrents passifs sur une période de 10 ans à fin juin 2024.
• Les marchés boursiers de la zone euro ont été plus volatils au premier semestre 2024. Les gains enregistrés au premier trimestre ont été suivis par une sous-performance généralisée au deuxième trimestre, due à un mélange d'inquiétudes politiques dans le sillage des élections parlementaires de l'UE et au rééquilibrage des attentes en matière d'assouplissement monétaire. Les gérants actifs de la catégorie des fonds mixtes de grande capitalisation de la zone euro ont connu des difficultés, seuls
20% d'entre eux ayant battu leurs homologues passifs au cours de la période d'un an se terminant en juin 2024, contre 23,9% à la fin de l'année 2023. Dans cette catégorie également, les taux de réussite à long terme des gérants actifs restent faibles. A fin juin 2024, le taux de réussite moyen sur 10 ans était de 9,7%.
• Le marché des actions britanniques a connu un retournement de situation au premier semestre 2024 après la stagnation de 2023, les principaux indices boursiers clôturant à des sommets historiques. Les fonds passifs en ont profité et, par conséquent, le taux de réussite à un an des gérants actifs est tombé à 41,2%, contre 63,5% en décembre 2023, tandis que leur taux de réussite à long terme sur une période de 10 ans a oscillé autour de 20%.
• Les actions des
marchés émergents ont connu un premier semestre 2024 positif, réussissant même
à surpasser les indices boursiers des marchés développés au deuxième trimestre.
L'apaisement des inquiétudes concernant la Chine et l'atténuation des attentes concernant
les réductions de taux d’intérêt aux États-Unis ont contribué à ce résultat.
Les fonds passifs ont intégré la totalité de la hausse ce qui a compliqué la
situation des gérants actifs pour dégager de la surperformance. Ainsi, le taux
de réussite à un an des gérants actifs de cette catégorie s'élevait à 40,2% en
juin, contre 46,3% en décembre 2023, tandis que le taux de réussite à 10 ans
est resté globalement inchangé à 28%.
Résultats des gérants
actifs actions sur différentes périodes (% de fonds actifs ayant
surperformé/sous-performé leurs homologues passifs ou fermé/fusionné)
Les principales conclusions pour les obligations
• Les gérants actifs de la catégorie des obligations d'État en euros ont enregistré un taux de réussite à un an de 48,1% à la fin du premier semestre 2024, contre 35,5% à la fin de l'année 2023. Les niveaux de duration ont été essentiels pour minimiser la baisse causée par l'atténuation des attentes en matière de réduction des taux. Le taux de réussite sur 10 ans s'élevait à 16%, ce qui montre que les fonds passifs à faible coût dans cette catégorie Core d'obligations sont difficiles à battre.
• Le crédit reste un domaine dans lequel les gérants actifs obligataires ont plus de latitude pour dégager de la surperformance. Le taux de réussite à un an des gérants actifs d'obligations d'entreprises en EUR est passé de 64,5% en décembre 2023 à 68,6% en juin 2024. Dans le même temps, le taux de réussite à 10 ans est resté élevé, à 45,4%
• La dette des marchés émergents est également un domaine dans lequel les gestionnaires actifs expérimentés peuvent dégager une valeur significative à court terme. Le taux de réussite à un an des gérants actifs dans la catégorie des obligations des marchés émergents en devises fortes s'élevait à 51% en juin, tandis que celui des gérants dans la catégorie des obligations en devises locales était de 43,1%. Dans les deux cas, les chiffres sont inférieurs à ceux de décembre 2023. Bien que léger, le redressement du sentiment à l'égard de la Chine a probablement pris certains gérants actifs au dépourvu. À long terme, les paris en gestion active sur les marchés émergents comportent de multiples risques et les chances de survivre et de surpasser une stratégie passive largement diversifiée diminuent considérablement. Le taux de réussite sur 10 ans des gérants actifs dans la catégorie des obligations en devises fortes s'élevait à 29,8%, alors qu'il n'était que de 13,5% pour leurs homologues actifs dans la catégorie des obligations en devises locales.
• La volatilité des
marchés obligataires s'est avérée un terrain fertile pour les gestionnaires
actifs obligataires, qui ont pu ajuster la duration des portefeuilles et
amortir la baisse des valorisations. Le taux de réussite moyen sur un an des
gérants actifs obligataires dans les 20 catégories analysées est passé de 49,8% en décembre 2023 à 57,9% en juin 2024. Sur le long terme, cependant, les
avantages des faibles frais associés aux fonds passifs portent leurs fruits. Le
taux de réussite moyen sur 10 ans s'élevait à 25,1% en juin 2024.
Résultats des gérants
actifs obligataires sur différentes périodes (% des fonds actifs ayant
surperformé, sous-performé leurs homologues passifs ou fermé/fusionné)