Depuis l'introduction
des simulateurs de vol en 3D dans les années 1980 et 1990, on a souvent prédit
l'adoption généralisée de la formation en réalité virtuelle. Cependant, alors
que cette technologie a été adoptée rapidement par les jeux vidéo, son application
dans le secteur professionnel a pris du retard. De nos jours, la réalité
étendue (XR) s'est enfin imposée comme un outil important dans le domaine de la
formation, transformant radicalement la manière dont les individus apprennent
et pratiquent diverses compétences. Cependant, comme toute technologie, la XR
présente des limites et des défis à relever.
Cornerstone, le leader
des solutions de Workforce Agility, liste ici les obstacles à surmonter pour
exploiter pleinement le potentiel de la formation immersive.
Le coût des équipements
Pendant longtemps, le
prix des casques de XR (pour, eXtended Reality) a représenté un obstacle
insurmontable au développement de programmes de formation à grande échelle.
L'investissement était trop élevé pour les organismes de formation, et les prix
des services l'étaient tout autant. Par conséquent, la formation à l'aide de
casques de réalité virtuelle était un luxe occasionnel.
Ces dernières années,
cependant, les casques de XR se sont considérablement démocratisés.
Des
équipements performants sont désormais disponibles à des prix abordables. Il
est désormais possible d'acquérir une flotte de casques sans augmenter le prix
des services. Pour l'instant, les casques de réalité augmentée restent plus
chers, mais la spirale vertueuse est en marche. Selon une étude menée par
Businesscoot, si les ventes de casques
AR passeront de 5 à 33% du marché d'ici 2025 dans le monde. Et la France suit quant à elle cette
dynamique observée avec près d’1,4 million de casques vendus en 2023.
L'infrastructure
L'avantage de la
réalité étendue (XR) est qu'elle élimine la nécessité de se rendre dans un lieu
physique ou de recréer des environnements d'apprentissage. Mais elle nécessite
des dépenses d'infrastructure : Les PC doivent être suffisamment puissants et le
réseau internet doit disposer d'une bande passante suffisante si les scénarios
impliquent plusieurs personnes interagissant à distance.
Sur ces deux points, la
démocratisation est également au rendez-vous. Le matériel et le débit
atteignent des niveaux de performance largement suffisants pour une utilisation
très efficace de la RV, à des prix abordables pour les organismes de formation
comme pour les entreprises.
D’autre part, si les
scénarios impliquent des mouvements physiques, les participants ont besoin d’un
espace équipé et isolé pour se déplacer dans l’univers virtuel sans se heurter
aux murs et les uns aux autres. Pour un organisme de formation ou une
entreprise, il faut pouvoir consacrer une salle qui puisse répondre aux besoins
des différentes sessions de formation. Les scénarios peuvent nécessiter des
repères visuels complexes et d’autres équipements qui rendent la salle
difficilement utilisable à d’autres fins.
La scénarisation
Le plus grand obstacle
est sans aucun doute le développement du contenu de formation lui-même. De
nombreuses journées de développement et des professionnels expérimentés sont
nécessaires pour une formation immersive ad hoc avec une dimension interactive.
Les compétences en animation 3D, en script numérique et en codage doivent être
combinées avec la maîtrise du sujet et de la pédagogie. Cela reste un processus
complexe. La GenAI rend cela possible aujourd'hui. La création de ces
environnements et de ces scénarios uniques nécessitait auparavant un codage ou
une animation de niveau hollywoodien, ce qui n'est pas envisageable pour le
développement des compétences non techniques dans un environnement
professionnel, mais c'est aujourd'hui possible grâce à l'IA générique. Au fur
et à mesure que cette technologie progresse, l'IA peut identifier les lacunes
de compétences d'un employé - ou de l'ensemble de la main-d'œuvre - et suggérer
une formation avec un contenu interactif qui répond aux besoins spécifiques de
cet employé.
Cependant, le jeu en
vaut la chandelle, qu'il s'agisse de programmes de formation prêts à l'emploi
ou de formations spécifiques à l'entreprise déployées à grande échelle. En
outre, de plus en plus, des outils vont permettre d'élaborer des scénarios à
moindre coût. C’est déjà le cas si l’on se contente, par exemple, d’incruster
des informations en réalité augmentée dans un parcours virtuel pré-filmé en
360°, auquel on accède via un écran. Les formations les plus immersives,
cependant, vont continuer à requérir des compétences de pointe et du temps de
développement.
L'offre de formation
Une conséquence des
obstacles précédents est que l'offre de formation n'est pas pléthorique. L'une
des raisons est que de nombreux sujets de formation ne se prêtent pas
nécessairement à la réalité étendue et ceci est particulièrement le cas des
formations purement théoriques couvrant des sujets juridiques ou techniques.
Cependant, avec la baisse de son coût la XR servira probablement d'interface
pour un nombre croissant de services de formation.
L’Analysis Group
prévoit que le métavers, s'il suit une trajectoire similaire à celle des
technologies mobiles en leur temps, pourrait représenter 2,8% du PIB mondial
d'ici 2032. Toutes les conditions économiques sont réunies pour que les usages
éducatifs de la XR décollent dans les années à venir. Dans le futur proche, le
problème de l’offre de formation en format RV sera celui de sa profusion et non
plus celui de sa rareté.
L'acculturation des
apprenants et des décideurs
Un obstacle observé
depuis longtemps par les organismes de formation est le besoin d'acculturation
des apprenants aux technologies de réalité étendue. Certains hésitent à
s'immerger ou se sentent mal à l'aise dans la dimension ludique et le jeu de
rôle. Il faut surtout consacrer beaucoup de temps à la prise en main des outils
et à la gestion des erreurs d'utilisation. Cela réduit le temps nécessaire à la
transmission des connaissances. Cet obstacle devrait disparaître rapidement car
de plus en plus de personnes ont eu l'occasion d'expérimenter la réalité
étendue, le plus souvent dans le cadre de jeux vidéo, mais aussi lors
d'expositions interactives ou d'événements Tech. En outre, mes générations qui
arrivent aujourd'hui sur le marché du travail sont beaucoup plus habituées à
ces méthodes et outils. Les scénarios sont de plus en plus intuitifs. Cette
barrière est donc en train de disparaître, même si certaines personnes sont
plus difficiles à acclimater que d'autres.
Une fois ces obstacles
surmontés, il est essentiel aussi dépasser aussi le tâtonnement des
responsables formation, des directeurs des ressources humaines et des managers.
Au fur et à mesure que le marché se développe, les décideurs craignent de faire
fausse route et préfèrent attendre et observer l'évolution des pratiques avant
de s'engager.
Une étude de PWC estime l’apport financier de ces technologies immersives à 1,5 Trillons de dollars pour l’économie mondiale d’ici 2030. Tout indique que notre monde se dirige vers une expérience de réalité mixte dans laquelle nous interagirons avec des objets et des espaces numériques même lorsque nous nous trouvons dans notre espace physique. Cette évolution est déjà visible dans plusieurs secteurs. Le secteur des ressources humaines évolue également dans cette direction et de plus en plus d'entreprises intègrent déjà la RV dans leurs programmes de formation. Les avantages de l'utilisation de la XR dans la formation et le développement sont évidents, mais pour réussir à la déployer dans le cadre de la formation, une entreprise doit être consciente des défis à relever et prévoir des moyens de surmonter ces difficultés.