Pour
la sixième année consécutive, WTW en France, publie les résultats de son
baromètre sur l’absentéisme dans le secteur privé.
Cette enquête a été
réalisée à partir de l’observation de 420 280 salariés issus de plus de 2000
entreprises du secteur privé sur une période de 5 ans. L’année 2023 a marqué,
pour la première fois depuis 2016, une inflexion de l’absentéisme (hors année 2020
marquée par la crise sanitaire). S’établissant à un taux de 4,8% contre 5,4% en
2022, il a baissé dans toutes les populations de salariés, quel que soit leur
genre, leur âge, leur secteur d’activité ou leur catégorie
socio-professionnelle.
Un absentéisme qui
baisse enfin
• En 2023, le taux
d’absentéisme a atteint 4,8%, en baisse de -10,3% par rapport à l’année
précédente (5,4%). Cette inflexion s’explique par le recul du nombre de
salariés qui s’arrêtent au moins une fois dans l’année. En effet, 34% des
travailleurs français se sont arrêtés au moins un jour au cours de l’année,
contre 43% en 2022, soit une diminution de -21%. De même, la part des salariés
en arrêt deux fois ou plus au cours de l’année passe de 28,5% à 22%.
• 94% des arrêts sont
dus à la maladie. Les accidents de travail, de trajet et les maladies
professionnelles représentent seulement 6% des arrêts (4% en 2022), mais ils
contribuent pour près de 16% à l’absentéisme, compte tenu d’une durée d’absence
plus de 3 fois plus longue (67 jours contre 18 jours pour la maladie). Les
secteurs du transport, de la construction, de la santé et de la restauration
restent les plus touchés par les accidents de travail, alors que l’industrie
extractive et la construction sont les plus impactées par les maladies
professionnelles.
• En 2023, 6% des
arrêts dépassent 90 jours, représentant plus de la moitié de l’absentéisme, en
hausse par rapport à 2022 (4%), ce qui explique en partie l’augmentation de
près de 15% de la durée moyenne par arrêt (23,1 jours contre 20,2 jours en
2022).
• A l’image des
dernières années, le vendredi reste le jour d’absence le plus important, quelle
que soit la catégorie socio-professionnelle ou le secteur (taux d’absentéisme
de 5,08% contre 5,60% en 2022).
Une diminution qui
concerne toutes les populations de salariés
• Le taux d’absentéisme
des femmes (5,8% contre 6,3% en 2022) diminue moins que celui des hommes (4,2%
contre 4,8% en 2022). Cela peut s’expliquer notamment par une surreprésentation
des femmes dans certains secteurs d’activité, comme la santé ou l’hôtellerie-restauration,
ou à des postes d’employés dont l’amélioration du taux d’absentéisme est parmi
les plus faibles.
• S’il baisse pour
toutes les tranches d’âge, le taux d’absentéisme chez les salariés de 20-30 ans
enregistre la plus importante diminution, passant de 3,6% en 2022 à 3% en 2023.
Leur absentéisme est, en revanche, marqué par une multitude d’arrêts courts, avec
une fréquence d’absences qui reste bien plus élevée (1,89 arrêt par salarié)
que celle des populations plus âgées (1,64 arrêt par collaborateur âgé de 50-60
ans).
• Chaque catégorie
socio-professionnelle a vu son taux d’absentéisme baisser en 2023. Les ouvriers
combinent une forte prévalence (42,1% des salariés ont eu au moins un arrêt
dans l’année) avec une durée moyenne par arrêt élevée (28,2 jours), ce qui peut
s’expliquer par la pénibilité de leur emploi. Les professions intermédiaires et
les employés ont une importante prévalence (respectivement 35,1% et 34% ont
connu au moins un arrêt de travail en 2023) et une durée moyenne par arrêt
modéré (20,2 jours et 22,8 jours). Enfin, les cadres sont les seuls dont la
prévalence a augmenté entre 2021 et 2023 : 24,7% d’entre eux ont été arrêtés au
cours de l’année passée, en hausse de +8,33% sur 2 ans. Leur fréquence d’arrêt
(1,57 arrêt par collaborateur) est, en outre, celle qui a connu la plus forte
progression depuis 2021 (+7,5%).
• Le top 3 des secteurs
d’activité avec le taux d’absentéisme le plus élevé demeure inchangé : la santé
humaine et l’action sociale (7,56% vs. 8,32% en 2022), l’hébergement et la
restauration (7,39% vs. 7,5% en 2022), ainsi que le transport et l’entreposage
(6,18% vs. 6,84% en 2022).
• La nature du contrat
de travail a une grande importance sur le taux d’absentéisme des salariés : il
est de 2,1% chez les travailleurs en CDD, soit plus de 2 fois moindre que chez
ceux en CDI (5%).
• Le Grand-Est est une
nouvelle fois la région la plus touchée, avec le taux d’absentéisme (6,36%, en
baisse de -11%) et la prévalence (38,5% des salariés ayant eu au moins un arrêt
dans l’année) les plus élevés. Les Hauts-de-France (taux d’absentéisme de 6,04%,
en diminution de -8%) et la Bourgogne-Franche-Comté (5,09%, en baisse de -9%)
se situent respectivement à la deuxième et troisième place parmi les régions
les plus impactées par l’absentéisme.
• Après une
augmentation de près de 44% entre 2019 et 2022, le coût direct de l’absentéisme
par salarié (Indemnités Journalières de Sécurité sociale + Maintien de salaire
+ Indemnités Journalières de prévoyance complémentaires) est en légère baisse
(-6%), s’établissant à 1 535€ en 2023. A ce coût, risquent désormais de
s’ajouter les congés payés que vont accumuler les salariés en arrêt. En
revanche, à compter de 2027, les entreprises n’auront plus besoin de déclarer
l’arrêt maladie d’un collaborateur auprès de la Sécurité sociale. Cela devrait
réduire le coût indirect de l’absentéisme en allégeant la charge administrative
des employeurs.
Noémie Marciano, Directrice de l’activité Health & Benefits de WTW en France, constate : « Pour la première fois depuis 2016, le taux d’absentéisme diminue par rapport à l’année précédente. Il faut néanmoins rester vigilant car l’année 2022 avait été marquée par la vague Omicron et nous notons une très légère hausse de l’absentéisme début 2024. Outre le fait que les employeurs intègrent désormais le bien-être dans leur stratégie RH, ils commencent à mesurer le risque d’absentéisme, à identifier les populations les plus susceptibles d’être touchées, et à en comprendre les causes potentielles. Communiquer, former les managers, déployer des actions de prévention, proposer du soutien psychologique et du conseil en gestion budgétaire sont également des initiatives à favoriser pour poursuivre l’inflexion de l’absentéisme ».