De la CSRD (reporting ESG), à l’EUDR (déforestation), ou encore à la CSDDD (devoir de vigilance), ces réglementations imposent aux entreprises de nouvelles normes et obligations. Ces sujets ne sont plus uniquement réservés à quelques entreprises engagées, mais bien à l’ensemble des entreprises européennes, qui sont contraintes de faire évoluer leurs processus. Parmi l’ensemble des secteurs d'activité, la grande distribution fait partie des secteurs les plus impactés et les acteurs de l’industrie vont devoir faire évoluer plusieurs niveaux de leurs organisations. Plus l’enseigne est grande, plus les chaînes d’approvisionnement, les points de vente et les zones de frictions sont nombreux et s’assurer de la mise en conformité avec les réglementations ESG devient un parcours du combattant.
Voici 3 grands chantiers que les entreprises
de la grande distribution doivent entreprendre en priorité d’ici à la fin de
l’année 2024 pour se conformer aux nouvelles exigences.
1/ Exploitation de la
donnée : le nerf de la guerre
Depuis quelques années,
les chaînes d'approvisionnement de la grande distribution sont un sujet de
controverse, car les violations des droits de l'homme commises par certaines
entreprises de sous-traitance ont été d’une gravité sans précédent. Travail forcé,
traite d’êtres humains et esclavage moderne ont fait la une de la presse,
autant de problématiques où les réglementations ESG comme la CSDDD (devoir de
vigilance) tentent d’apporter des réponses. Aujourd’hui, le secteur de la
grande distribution se trouve confronté à un double défi : regagner la
confiance des consommateurs de plus en plus conscients des enjeux
environnementaux et des impacts de leur consommation ; tout en se conformant
aux nouvelles réglementations ESG à l’échelle européenne.
Pour atteindre ces
objectifs, la donnée est le levier d’action et la ressource essentielle à la
transformation des entreprises. En effet, pour les retailers chaque étape dans
la chaîne de valeur génère des données : l’origine d’un produit, la façon dont il
a été produit, les matières utilisées, etc. L’enjeu se trouve donc dans la
méthode de captation et de traitement de toutes ces données. Pour cela, les
entreprises doivent s’entourer d’acteurs capables de leur fournir la
méthodologie et les moyens technologiques nécessaires pour traiter la donnée,
et ainsi garantir une chaîne d'approvisionnement en règle. Outre l’enjeu de
répondre aux différentes exigences réglementaires qui se mettent en place, les
données collectées peuvent également servir à identifier les axes
d'amélioration qui vont permettre d'ajuster la stratégie de l’entreprise.
2/ Stop au greenwashing :
les entreprises doivent être le moteur d’une réelle transformation
Parmi les grands
chantiers liés à la mise en place des réglementations ESG, ressortent les
problématiques de publicité mensongère à travers des campagnes dites de
“greenwashing” ou de bluewashing. Le premier désigne une forme de publicité ou
de marketing dans laquelle les entreprises font des déclarations non fondées,
trompeuses et exagérées sur la manière dont leurs produits et services sont
respectueux de l'environnement ou "verts". Le second constitue une
critique similaire, mais se réfère à la conscience sociale qu'une entreprise
prétend avoir.
Les litiges fondés sur
ce type d’allégations ont régulièrement augmenté au cours des dernières années.
Étant donné que les nouvelles réglementations de l'UE permettent aux
organisations de protection des consommateurs de lancer des actions collectives
dans ce domaine, cela peut représenter un risque majeur pour une entreprise sur
le plan financier et pour son image de marque. Dans un contexte où le cadre
réglementaire à l’échelle européenne est en constante évolution, il est
essentiel d’être accompagné dans sa transformation par des acteurs spécialisés
sur les sujets.
3/ Empreinte carbone : la
grande distribution attendue sur le sujet de la neutralité carbone en 2050
Enfin, la
décarbonisation est l’un des autres grands chantiers de la transition ESG du
secteur retail D’après un récent rapport sur la durabilité publié par Deloitte,
la chaîne logistique du commerce de détail contribue actuellement jusqu’à 25%
des émissions de gaz à effet de serre (GHG) dans le monde. Bien que cette
statistique tende à évoluer positivement, notamment parce que les acteurs du
secteur ont augmenté leurs investissements dans le développement durable, les
entreprises de la grande distribution sont attendues sur le sujet pour être les
moteurs d’une économie à faible émission de carbone.
Par la nature de ses
activités, et sa complexité, les émissions élevées du secteur de la grande
distribution peuvent provenir de nombreuses sources allant de la production, au
transport et à la commercialisation des produits. Au-delà des attentes des consommateurs
sur ces sujets, les réglementations ESG telles que la CSRD, ou encore l’EUDR,
ont pour objectif de mettre les grandes entreprises face à leur méthodologie et
les pousser à revoir leurs copies pour contribuer aussi à atteindre l’objectif
de la neutralité carbone d’ici 2050.
Pour le secteur du
retail, l’année 2024 représente un tournant majeur dans le déploiement de
stratégies et d’outils destinés à répondre aux réglementations ESG. Qu’il
s’agisse de la CSRD, de la CSDDD ou encore de l’EUDR, les entreprises doivent
mettre en place dès maintenant des processus adaptés à leurs problématiques
internes pour collecter la donnée, adopter des actions conformes à la
réglementation. Ces grands chantiers doivent être pensés sur le long-terme,
afin d’être prêt à introduire les prochaines transformations telles que
l’introduction du digital product passport (DPP - passeport numérique des
produits), un projet fiche produit numérique et électroniquement accessible,
contenant des informations détaillées sur le bien auquel elle est rattachée,
actuellement en discussion à la commission européenne.