L'activisme a presque diminué de moitié en raison de la hausse des taux d'intérêt et de la rareté des fusions-acquisitions, rendant le marché européen moins attractif pour la création de valeur.
Cinquante-deux
sociétés européennes ont fait l'objet de demandes activistes au premier
semestre 2024, soit une baisse de 45% par rapport aux 95 du premier semestre
2023. Selon ce nouveau rapport Diligent Market Intelligence : Proxy Season
Review 2024, produit en association avec Olshan Frome Wolosky et Campaign
Management, plus de la moitié des entreprises américaines qui ont fait l’objet
de demandes étaient évaluées à plus de 10 Mrds$, les activistes recherchant des
opportunités de création de valeur dans les de grandes entreprises reconnues
dans leur secteur.
«
Le paysage de l'activisme actionnarial et de la gouvernance d'entreprise
devient de plus en plus complexe et dynamique. Les campagnes d'activisme
actionnarial étant très médiatisées et faisant l'objet d'un examen public
renforcé, il est de plus en plus important pour les entreprises de disposer
d'une stratégie de gouvernance d'entreprise et d'engagement actionnarial solide
et axée sur les données, en prévision d’une éventuelle intervention d’un
actionnaire activiste », déclare Richard Peterson, Vice-président des stratégies
et services data de Diligent.
La
carte de procuration universelle continue également à donner lieu à davantage
d'accords entre les activistes et les entreprises, car les investisseurs
peuvent désormais choisir entre toucher directement la direction ou ses listes
dissidentes, ils accèdent ainsi plus facilement à la représentation au sein des
conseils de direction.
Les
principales conclusions du rapport font ressortir trois thèmes que les conseils
de direction et les investisseurs doivent garder à l'esprit :
1/
Les activistes cherchent à débloquer la valeur des entreprises à grande
capitalisation dans le monde
•
Deux cent trente-deux (51,7%) des sociétés américaines faisant l'objet de
demandes cette année étaient évaluées à plus de 10 milliards de dollars, contre
178 (49,7%) au premier semestre 2021, 205 (50,9%) au premier semestre 2022 et
215 (52,2%) au premier semestre 2023.
•
Ces campagnes très médiatisées entraînent des coûts élevés. Au premier semestre
2024, les courses aux procurations ont coûté en moyenne 1,7 million de dollars
aux activistes et 4,4 millions de dollars aux entreprises, contre
respectivement 660 000 dollars et 3,1 millions de dollars en 2020.
•
À l'inverse, l'activisme européen a presque diminué de moitié au premier
semestre 2024, avec 96 demandes formulées contre 176 et 177 respectivement aux
premiers semestres 2022 et 2023. Cela est dû au fait que le marché britannique
a historiquement accueilli la majorité des campagnes activistes européennes, et
qu’il perd de son attractivité en tant que cible de création de valeur, en
raison de la hausse des taux d'intérêt et de la rareté des
fusions-acquisitions.
2/
La procuration universelle entraîne une augmentation des règlements
•
Au 30 juin 2024, les activistes ont obtenu 22 sièges au conseil
d'administration d'entreprises européennes, contre 25 à la même période l'année
précédente. 54,5% des sièges obtenus au premier semestre 2024 l'ont été par le
biais d’accords, contre 33,3% au premier semestre 2022 et 8% au premier
semestre 2023.
•
Quatre accords ont été obtenus auprès de sociétés américaines impliquant la
formation d'un comité spécial, contre un seul au cours de la même période de
l'année précédente.
3/
Les engagements ESG atteignent des records
•
Au premier semestre 2024, 18 propositions d'actionnaires environnementales et
sociales (E&S) ont fait l'objet d'un vote dans les entreprises européennes,
contre 39 au premier semestre 2023.
•
Les propositions d'actionnaires E&S européennes ont obtenu en moyenne 16%
de soutien au premier semestre 2024, contre 11,5% au premier semestre 2022 et
15,2% au premier semestre 2023.
•
Les propositions visant à renforcer les objectifs de réduction des émissions
ont gagné la faveur des investisseurs, six (10,3%) propositions sur le climat
ayant obtenu plus de 40% de soutien dans les entreprises américaines.
• Les litiges sont de plus en plus fréquents dans les campagnes ESG très médiatisées. Aux États-Unis, les actions en justice contre les auteurs de propositions soulèvent des préoccupations concernant les droits des actionnaires, tandis qu'en Europe, les investisseurs intentent des actions en justice pour obliger les entreprises à respecter leurs engagements en matière de développement durable.