Par Arnaud
Marquant, Directeur des opérations chez KB Crawl SAS
La propagation des fake
news continue de croître. Mais les techniques de veille stratégique offrent des
outils précieux pour analyser et contrer ce phénomène.
Il y a quatre ans, la
pandémie de Covid-19 a déclenché une vague massive de désinformation sur les
réseaux sociaux. Ce phénomène persiste encore en 2024, comme l'illustre une
étude récente d'Ipsos concernant la désinformation pendant la campagne électorale
européenne. Bien que 74% des sondés se disent capables de distinguer le vrai du
faux, 66% croient néanmoins à au moins une fake news. Face à cette réalité,
comment les citoyens peuvent-ils se protéger contre la désinformation, surtout
à l'ère de l'IA générative capable de produire des contenus très réalistes ?
Les techniques utilisées par les experts en veille stratégique peuvent être
particulièrement utiles. Voici trois points essentiels à retenir.
Aborder l'information
avec un esprit Critique
Un expert en veille
traite chaque information avec un esprit critique. Comme on examine un fruit
avant de le manger, il évalue l'apparence, la forme et les détails de
l'information. Cette approche permet de détecter que des informations provenant
de réseaux sociaux comme X (anciennement Twitter), Instagram ou TikTok sont
souvent sujettes à la propagande. Les sujets sensibles tels que les conflits
(Ukraine, Israël-Hamas) ou le climat sont particulièrement ciblés par la
désinformation. De plus, les titres accrocheurs et sensationnalistes sont
souvent un signe de fausses informations. En somme, un regard critique est
essentiel avant de prendre pour acquis toute information.
Vérifier les sources de
l'information
La vérification des
sources est une tâche clé pour un expert en veille. Il s'agit de vérifier
l'auteur, le site de publication et le moment de diffusion de l'information.
Par exemple, pour un article écrit par un prétendu expert, il est crucial de
vérifier l'identité de l'auteur, ses affiliations et la reconnaissance de ses
publications par des agences officielles. Rechercher des informations sur
l'institution à laquelle l'auteur est associé peut également aider à évaluer la
crédibilité de la source. Si la source initiale de l'information n'est pas
mentionnée, une recherche en ligne peut permettre de la retrouver, ou de
découvrir qu'il s'agit d'une rumeur.
Gérer ses émotions et
ses biais cognitifs
Les émotions jouent
souvent un rôle central dans la croyance et la diffusion des fake news. Peur,
colère face à une injustice perçue, espoir... ces sentiments sont des
catalyseurs puissants, surtout lorsqu'ils renforcent nos propres convictions.
Le biais de confirmation, qui nous pousse à croire ce qui conforte nos
préjugés, est un piège courant. Il est important de reconnaître l'existence de
ces mécanismes cognitifs et d'en être conscient pour mieux les maîtriser.
Notre monde en pleine transformation génère des incertitudes qui facilitent l'émergence de théories diverses, parfois fausses, par ignorance, par propagande ou pour des motifs politiques. Il est crucial de considérer l'information comme un bien commun à protéger. L'éducation aux médias, dès l'école et jusqu'à l'enseignement supérieur, est essentielle pour maintenir une société stable et informée.