Le Groupe APICIL publie les résultats de la 3ème édition de son Observatoire des arrêts de travail
• Après une hausse en 2022, le taux d’absentéisme baisse en 2023, atteignant 5,17%, mais à un niveau toujours élevé, supérieur à celui de 2021 (5%).
• La part des salariés
(27,46%) ayant eu au moins un arrêt de travail dans l’année retrouve son niveau
d’il y a deux ans (27,78% en 2021).
• 89% des arrêts de travail sont dus à une maladie, mais la maladie professionnelle est toujours le motif d’absence dont la durée est la plus longue (86,20 jours en moyenne).
• La durée des arrêts de travail s’allonge, avec une moyenne de 23,7 jours (contre 22,17 jours en 2022).
• Si les arrêts de plus de 30 jours sont en hausse, la part du micro absentéisme augmente également (+5,21 points pour les arrêts de moins de 3 jours).
• La part des salariés âgés de 30-39 ans ayant eu au moins un arrêt en 2023 atteint un taux de 30,46%, un chiffre en diminution (-8,42 points par rapport à 2022) mais qui demeure supérieur à toutes les autres tranches d’âge.
• Les populations les plus touchées par l’absentéisme restent les salariés les moins qualifiés (taux d’absentéisme de 8,07%), les seniors (6,09%), les travailleurs ayant plus de 10 ans d’ancienneté (6,02%) et les femmes (5,95%).
• Les secteurs les plus
impactés par l’absentéisme sont la santé, l’économie sociale et l’éducation
(taux d’absentéisme de 6,79%), le commerce et le transport (5,17%), ainsi que
l’industrie & le BTP (5,01%).
L’absentéisme en entreprise est un phénomène qui suscite une attention croissante en France, reflétant les profondes mutations du monde du travail. Depuis quelques années, le rapport des salariés au travail a considérablement évolué, influencé notamment par la recherche d'un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle, la montée du télétravail et une sensibilisation accrue aux questions de santé mentale.
Dans ce contexte dynamique, il est essentiel de
disposer d’analyses précises et d’indicateurs fiables pour comprendre les
tendances en matière d’absentéisme et les causes des arrêts de travail. Ce
rapport, 3ème édition publiée par le Groupe APICIL, propose d’examiner les
données de l’année 2023, en s’intéressant particulièrement aux impacts de ces
évolutions sociétales et économiques sur la santé au travail.
Malgré une baisse, le
taux d’absentéisme reste à un niveau élevé
En 2023, l’absentéisme
a atteint un taux de 5,17%, soit une baisse de 0,59 point par rapport à 2022,
mais ce taux demeure supérieur à celui de 2021 (5%). Par ailleurs, plus d’un
quart des salariés (27,46%) ont bénéficié d’au moins un arrêt de travail au cours
de l’année, soit une diminution de 7,67 points, une proportion qui retrouve son
niveau de 2021 (27,78%).
Si l’absentéisme baisse
pour toutes les catégories d’âge, ce sont les salariés âgés de 30-39 ans qui
restent les plus concernés, avec 30,46% d’entre eux qui ont eu au moins une
absence en 2023, en baisse de 8,42 points. Cependant, ce chiffre est toujours
supérieur à toutes les autres tranches d’âge, y compris les seniors. Les
collaborateurs de plus de 60 ans présentent d’ailleurs la plus faible
proportion ayant eu au moins un arrêt de travail dans l’année (19,64%).
Depuis les 3 dernières
années, la cellule médicale d’APICIL constate une représentation de plus en
plus significative des jeunes actifs en arrêt pour dépression ou burn-out. La
tranche des 30-39 ans est particulièrement touchée par les pathologies psychiques,
leur proportion passant de 24% en 2021 à
27% en 2023.
Accroissement du
micro-absentéisme et des arrêts de plus de 30 jours
La durée moyenne
globale des arrêts de travail s’allonge légèrement, passant de 22,13 jours en
2022 à 23,7 jours en 2023, soit une augmentation de +7,09%. Cependant, cette
durée a diminué de manière significative sur 2 ans, enregistrant une baisse de
-14,63%. La hausse des arrêts de longue durée, qu’ils soient compris entre 31
et 90 jours (15,92% ; +1,68 point par rapport à 2022) ou supérieurs à 90 jours
(5,27% ; +0,91 point), explique le rallongement de la durée moyenne des arrêts
de travail.
La part du
micro-absentéisme augmente également en 2023 (17,14%, +5,21 points pour les
arrêts de moins de 3 jours), un signal préoccupant dans un contexte d’évolution
du rapport au travail, où il passe souvent inaperçu. Les absences de courte
durée peuvent, en effet, sembler moins significatives que les arrêts de longue
durée, ce qui peut conduire à y accorder une attention moindre. De plus, le
suivi du micro-absentéisme peut être plus difficile en raison de son caractère
sporadique et de sa fréquence élevée, rendant la collecte de données et
l'analyse plus complexes. Néanmoins, il constitue un indicateur important de la
santé au travail et de l’engagement des collaborateurs.
La maladie
professionnelle demeure le motif qui engendre les arrêts les plus longs
En 2023, les arrêts
pour maladie représentent 89% des arrêts, en légère diminution (-3 pts par
rapport à 2022), contre 4,59% (+1,49 pt) pour les temps partiels
thérapeutiques, en constante augmentation depuis 3 ans, et 0,31% pour les
maladies professionnelles, qui repartent à la hausse (+0,08 pt). En outre, la
maladie professionnelle demeure le motif qui engendre les arrêts les plus
longs, avec une moyenne de 86,20 jours. Les enjeux de prévention en entreprise
restent donc importants.
Les statistiques de
sinistralité des maladies professionnelles en 2022, publiées en décembre 2023
par l’Assurance Maladie, montraient une baisse, qui pouvait en partie
s’expliquer par des évolutions des modes de travail, notamment le recours au
télétravail. Cependant, cette tendance ne s’est pas installée dans la durée,
puisque la part des maladies professionnelles repart légèrement à la hausse en
2023. De plus, les troubles musculosquelettiques représentaient toujours la
grande majorité de ces sinistres, avec 38 286 maladies professionnelles prises
en charge. Enfin, 1 814 maladies professionnelles relevaient de maladies
psychiques, en augmentation régulière.
Un constat partagé par
la cellule médicale d’APICIL, pour qui les principales causes en 2023 des
arrêts « longs » faisant l’objet d’un suivi médical par l’assureur restent :
- Les pathologies
psychologiques,
en premier lieu, représentant plus d’un tiers des dossiers (allant de la
fatigue psychologique à la dépression longue, en passant par des syndromes de
burn-out de plus en plus fréquents).
- Les troubles musculosquelettiques, en particulier chez
les assurés travaillant dans un secteur où la pénibilité est importante, mais
aussi chez ceux en postures « statiques longues », un phénomène parfois
exacerbé par le télétravail.
La santé, l’économie
sociale et l’éducation en tête des secteurs les plus sinistrés
En 2023, les segments
de population les plus à risque face à l’absentéisme, tant en volume qu’en
durée des arrêts, restent identiques aux années précédentes :
- Les travailleurs à
faible qualification : une durée moyenne de 25,7 jours pour les Employés,
Techniciens et Agents de maîtrise et un taux d’absentéisme de 8,07% pour les
ouvriers
- Les seniors : une durée moyenne de
35,66 jours pour les salariés de plus de 60 ans et un taux d’absentéisme de
6,09% pour les 50-59 ans Les collaborateurs ayant plus de 10 ans d’ancienneté :
une durée moyenne de 29,48 jours et un taux d’absentéisme de 6,02%
- Les femmes : une durée moyenne de
24,47 jours et un taux d’absentéisme de 5,95%
La question de l’accès
à l’information et à la prévention est plus que jamais cruciale pour ces
populations à risques, notamment dans un contexte d’allongement de la durée du
travail.
Selon une étude de la
Dares de mars 2024, seuls 43% des salariés travaillant dans des entreprises de
plus de 10 employés ont déclaré avoir reçu, au cours des douze derniers mois,
des informations sur l’ensemble des risques professionnels. Les travailleurs
les moins informés sont ceux exerçant dans les services, plutôt dans des petits
établissements, et sont le plus souvent des femmes. Les jeunes sont mieux
informés que leurs aînés, tout comme les personnels d’encadrement par rapport à
l’ensemble des salariés.
Le secteur enregistrant
le plus fort taux d’absentéisme reste celui de la santé, de l’économie sociale
et de l’éducation (6,79%, en baisse de 0,65 point), pour une durée moyenne par
arrêt de 27,96 jours, suivi par le transport et le commerce (5,17%, en baisse
de 1,19 point), puis l’industrie et BTP (5,01%, en baisse de 0,57 point).
« Le rapport des
salariés au travail et le fonctionnement des entreprises ont considérablement
évolué ces dernières années. Dans ce contexte, les entreprises sont confrontées
à des défis majeurs, notamment en matière de recrutement, où la pénurie de talents
et les difficultés à pourvoir certains postes stratégiques rendent la gestion
de l’absentéisme encore plus critique. De fait, le sujet de la Qualité de Vie
et des Conditions de Travail (QVCT) est devenu une préoccupation centrale pour
les employeurs, afin d’améliorer l'engagement et la fidélisation de leurs
collaborateurs. Cette thématique a toujours été au cœur de la politique du
Groupe APICIL, comme en témoigne notre rapprochement récent avec le Groupe JLO,
un cabinet de conseil RH et QVCT », estime Thomas Perrin, Directeur Général
Adjoint Services du Groupe APICIL.