• Le volume des
transactions de M&A a connu une baisse de 14% par rapport au second
semestre 2023 au niveau mondial
• La
valeur des transactions a diminué de seulement 1% en ce premier semestre, en
raison de l’activité des méga-deals dans les secteurs de la technologie et de
l’énergie
• Les
méga-deals ont augmenté de 16% durant les premiers mois de 2024, avec 35 deals
annoncés à plus de 5 Mrds$
Le
cabinet de conseil et d’audit PwC publie les résultats de son étude mondiale
Global M&A Industry Trends : 2024 Mid-Year Outlook, qui identifie les
principaux facteurs macroéconomiques qui pourraient être la clé pour redonner
confiance aux acteurs du M&A et permettre un retour à un niveau plus
équilibré d'activité de fusions-acquisitions.
« Une
préparation solide et le rétablissement de la confiance seront essentiels pour
la reprise de l'activité de fusions-acquisitions. Nous voyons déjà des signes
indiquant que la préparation des transactions s'accélère, et une fois que la
confiance suivra, nous nous attendons à ce que le marché et les acteurs
agissent rapidement, pour autant que le contexte politique le permette » déclare Stéphane
Salustro, Associé responsable de l’activité Deals, PwC France et Maghreb.
Les
facteurs incontournables du marché du M&A
Les
sociétés en portefeuilles, qui sont plus de 27 000 dans le monde à être
détenues par des fonds de Private Equity en ce début d’année, dont la moitié
depuis plus de quatre ans, sont prêtes à être vendues. La pression à la vente
augmente de la part des investisseurs.
Les
corporates se concentrent sur les fusions-acquisitions pour accélérer leur
croissance et réaliser leur transformation. Cette recherche d’innovation
vis-à-vis de leurs activités est devenue une nécessité du fait de
l’environnement complexe et incertain dans lequel elles évoluent, entre défis
macroéconomiques, enjeux géopolitiques et défis technologiques.
L’IA, en
particulier l’IA générative, pourrait jouer le rôle de catalyseur pour toutes
sortes de transactions. Avec sa capacité à créer une économie de coûts
considérable, à améliorer la proposition de valeur aussi bien qu’à la
banaliser, l’IA peut perturber toutes les entreprises, du grand groupe
international à la jeune start-up et impacter de nombreux secteurs et
industries.
La
croissance externe va devenir nécessaire pour les entreprises, pour surmonter
une faible croissance organique et stimuler leurs revenus, impactés par les
facteurs macroéconomiques et les politiques monétaires de nombreux pays.
Comment
le marché des fusions-acquisitions se porte-t-il ?
Contre
toute attente, les banques centrales ont maintenu des taux d’intérêt élevés
plus longtemps que prévu en ce début d’année. Le premier semestre 2024 a vu les
volumes des transactions baisser de
14% par rapport au S2 2023, poursuivant la
tendance baissière amorcée dès 2022. La valeur des transactions a, quant à
elle, diminué de seulement 1%, principalement en raison de l’activité des
méga-deals dans les secteurs de la technologie et de l’énergie. Les méga-deals
ont augmenté de 16%, avec notamment 35 deals annoncés à plus de 5 Mrds$ du
1er janvier au 31 mai 2024.
Les
tendances s’inversent dans certains secteurs, le marché actuel n’ayant épargné
aucun secteur d’une baisse de l’activité M&A. Ainsi, même les secteurs les
plus impactés par les mégas tendances mondiales ont pâti de la baisse des
volumes des transactions, visible dans tous les autres secteurs.
La part
des corporates dans les fusions-acquisitions a augmenté de 4 points, pour
atteindre 64%. De fait, ce ne sont plus les fonds de Private Equity mais les
corporates qui ont le dessus sur le marché. Ainsi l’activité M&A impliquant
un fonds d’investissement a chuté de 18% en cette première moitié d’année,
contre 12% pour les corporates.
Reprise
des fusions-acquisitions : les obstacles à surmonter
Comprendre
les différents facteurs en jeu peut aider les acteurs à mieux évaluer les
risques, à élaborer des scénarios et à développer des stratégies, ce qui leur
donnera plus de confiance pour agir au moment opportun. Les taux d’intérêt, la
valorisation, les élections politiques ainsi que le contexte géopolitique
représentent les principaux obstacles à la reprise de l’activité M&A. La
résolution de chaque incertitude, individuellement ou collectivement, pourrait
ainsi entraîner un changement majeur sur le marché.
Les
signaux précurseurs de la reprise sous surveillance
Bien que
plusieurs facteurs contribuent à l'hésitation du marché du M&A, l’étude
révèle également des marqueurs importants qui peuvent aider les acteurs à
surmonter ces incertitudes, tels que :
• La
pression s’accroît sur les fonds de Private Equity, pour qu’ils restituent
du capital. Certains investisseurs envisagent une introduction en bourse, mais
la fenêtre d’action est étroite cette année, en raison des élections au
Royaume-Uni et aux Etats-Unis, entre autres.
• Les
volumes de dette / financement des fusions-acquisitions sont en passe de
presque doubler
par rapport à 2023, avec une activité d’émission plus forte sur les marchés
obligataires à haut rendement et les marchés des prêts à effet de levier aux
Etats-Unis ainsi qu’en Europe dans la première moitié de 2024.
- - Les
marchés des émissions obligataires à haut rendement aux Etats-Unis et en Europe
ont atteint
201 Mrds$ au premier semestre 2024, contre 223 Mrds$ sur l’ensemble de l’année 2023. - -Les émissions des marchés de prêts à effet de levier ont atteint 359 Mrds$ en cette première partie d’année, contre 379 Mrds$ sur l’ensemble de l’année 2023.
• La
marche en avant du Private Capital se poursuit avec environ 13 000 Mrds$
d’actifs sous gestion à l’échelle mondiale, en croissance d’environ 8% par an
au cours des cinq dernières années.
• L’investissement
dans la transition énergétique devrait créer d’importantes opportunités de
fusions-acquisitions, nécessitant des capitaux à la fois publics et privés.
• Les
entreprises transforment leurs modèles opérationnels et économiques pour faire face aux
perturbations technologiques et s’adapter aux autres mégas tendances, qui
conduiront à la fois à des acquisitions et des cessions.
• Les
opérations de restructuration et de distressed M&A offriront de nouvelles
opportunités aux corporates acquéreurs qui cherchent à compléter leur maillage
en matière de compétences et d’empreintes géographiques.
Action
clé pour les acteurs : être prêts
Compte
tenu du calendrier incertain de la reprise des fusions-acquisitions et des
défis actuels pour réaliser des opérations de M&A, il est plus important
que jamais d'avoir une feuille de route stratégique claire avant de réaliser
une opération de croissance externe. « Être préparé » est le message dominant.
Pour les
acheteurs, cela signifie se concentrer sur la stratégie, l’impact de l’IA,
l’analyse de données, la rétention des talents clés, une approche en lien avec
le développement durable et la mise en place d’une equity story convaincante.
Pour les
vendeurs, les points critiques à vérifier sont les revues stratégiques, la
préparation approfondie avant la vente ainsi que la fiabilité des données des
documents transmis.
Acheteurs
comme vendeurs devront être ouverts à des structurations alternatives, telles
que des partenariats, des alliances, le maintien au capital du vendeur, des
compléments de prix et d'autres formes de structuration du capital.
« La combinaison redoutable de taux d'intérêt élevés, des valorisations actuelles et des incertitudes politiques a été un obstacle à de nombreuses transactions. Néanmoins, le besoin stratégique de fusions-acquisitions continue de se renforcer, créant ainsi une demande refoulée qui devra être assouvie dès que tout ou partie de ces incertitudes sera levée », conclut Benjamin Ribault, Associé Deals Clients & Market, PwC France et Maghreb.