Par Éric Allouche, directeur exécutif du réseau
ERA Immobilier
Alors que le secteur
immobilier s’enlise dans les difficultés, il est temps que nos dirigeants
prennent des mesures concrètes pour remédier aux défis rencontrés sur le
terrain. L’absence d'une politique du logement ambitieuse et efficace de la
part du Gouvernement devient de plus en plus incompréhensible. À la suite de
l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, les quelques projets de
loi envisagés sont suspendus, les besoins en logements eux perdurent… Les
résultats du premier tour des élections législatives vont-ils être suivis d’une
prise de conscience en matière de logement ?
Les données récentes du
ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
montrent, qu’entre avril 2023 et mars 2024, seuls 358 600 logements ont été
autorisés à la construction. Cela représente un recul de presque 20% sur les 12
mois précédents, marquant ainsi une chute inquiétante de l'activité dans un
secteur vital pour notre économie. Parallèlement, les derniers chiffres de la
Banque de France révèlent que l’octroi de nouveaux crédits immobiliers a
atteint en 2023 son niveau le plus bas depuis huit ans.
Cette hémorragie
témoigne d’une véritable menace pesant sur l'accès au logement des ménages
français, en particulier des primo-accédants confrontés à une impasse
financière entre taux et prix élevés. Parallèlement, les chiffres de l’INSEE
révèlent que 25% des familles sont désormais monoparentales, ce qui génère de
facto des besoins supplémentaires en logements. Nous pourrions dresser une
liste pléthorique de chiffres témoignant de ces signaux. Et pourtant rien ne se
passe…
Les logements neufs ou
transformés qui ne sont pas construits ou réhabilités aujourd'hui manqueront
cruellement demain. Il est donc essentiel de soutenir, au plus vite,
l'investissement immobilier. Concernant l’ancien, la chute brutale du volume
des transactions qui a diminué de 30% en 2 ans témoigne également clairement du
marasme actuel.
À ceux qui affirment
que les incitations fiscales constituent des subventions inutiles et qu’il
n’est pas nécessaire de favoriser l’accession à la propriété et la fluidité des
transactions dans l’ancien, nous pouvons leur répondre haut et fort, que le logement
est une source importante de revenus directs et indirects pour l'État (90 Mrds€
en 2021). Ces incitations fiscales
constituent des investissements à moyen et long terme qui ne peuvent être vus
uniquement comme une charge. Enfin permettre l’accessibilité à un parcours
résidentiel est un facteur essentiel de cohésion sociale.
Nous avons besoin d’une
véritable politique du logement nourrie par une ambition, des objectifs clairs
et des mesures stables d’incitation s’inscrivant dans un agenda politique
permettant de les atteindre. Nous ne pouvons plus nous contenter de constats et
de simples discours !
Le temps des promesses est révolu. Le temps d'une réelle politique du logement est venu.