“33% des cadres pourraient être intéressés pour travailler en
indépendant à l'avenir”
Trois ans après une
crise sanitaire ayant profondément transformé le monde professionnel, les
cadres du secteur privé continuent de réévaluer leurs aspirations.
L'épanouissement personnel et le respect des valeurs de responsabilité sociale
des entreprises émergent aujourd’hui comme les priorités dominantes. Toutefois,
malgré un attrait croissant pour le travail en freelance, une économie
incertaine et un pouvoir d’achat en berne poussent les cadres à rester
prudents.
Dans ce contexte, l'IFOP, en partenariat avec Freelance.com, a lancé la sixième vague de son étude annuelle pour explorer les préoccupations des cadres du secteur privé en 2024 et les tendances qui redéfiniront le travail de demain.
Réalisée du 5 au 13
février 2024 auprès de 1006 personnes représentatives de la population cadre
âgée de 18 ans et plus, l'enquête offre des perspectives précieuses sur les
changements d'attitude et les enjeux de fond qui caractérisent aujourd'hui le
monde professionnel. Les résultats mettent en lumière les défis et opportunités
auxquels les cadres sont confrontés, soulignant aussi l'importance pour les
entreprises de répondre à ces nouvelles attentes, à la fois pour être en phase
avec ces évolutions mais aussi pour fidéliser les talents. Réparties en 3
grands axes, les principales conclusions
obtenues esquissent les contours de ces transformations.
« La 6ème étude
Ifop, proposée par Freelance.com, confirme l’attrait des cadres du privé pour
une organisation plus souple du travail, une forme d’organisation hybride. Les
salariés traditionnels côtoient désormais au quotidien des travailleurs
indépendants, en présentiel et/ou en distanciel. Un enseignement essentiel à
retenir de l’étude est que l’image de l’indépendant évolue positivement et se
renforce auprès des cadres. Chez Inop’s, (marque du groupe freelance.com) notre
devise « small is big » résonne en parfaite harmonie avec leurs aspirations », explique Jean-Hugues
Zenoni, Vice-président de Freelance.com
Horizon 2030 :
priorités sur l’épanouissement professionnel, le bien-être et l’IA
Alors que le pouvoir
d’achat occupe une place prépondérante dans les préoccupations quotidiennes des
Français, les cadres ne font pas exception à cette tendance. Cette année, 38%
des cadres soulignent que les changements dans la manière de consommer, exacerbés
par le contexte inflationniste, représentent la modification la plus
significative dans leur vie. Cette préoccupation majeure, qui a connu une
hausse de 10 points par rapport à 2022 et de 24 points depuis 2021, sert de
toile de fond aux évolutions de leurs attentes.
Sur un marché du
travail en tension, les cadres réévaluent ainsi leurs priorités, en quête d'un
équilibre plus satisfaisant entre leur vie professionnelle et personnelle. 41%
d'entre eux placent donc la possibilité de concilier ces deux aspects de leur vie
en tête de leurs préoccupations professionnelles dans un horizon de cinq ans.
Juste avant cela, 42% aspirent à un épanouissement professionnel plus accru.
L’adaptation aux
nouvelles technologies, notamment l’utilisation de l’intelligence artificielle,
est citée par 26% des cadres comme un enjeu prépondérant, reflet de la
nécessité d'innover et d’appréhender ce nouvel outil. Toutefois, sa perception
parmi les cadres reste nuancée. Environ un tiers des cadres considère le
développement des IA comme une opportunité, tandis qu'un autre tiers le perçoit
comme une menace, et le dernier tiers reste indécis. Une plus grande
acceptation s’observe chez les jeunes générations : 44% des répondants de moins
de 35 ans considèrent l'IA comme bénéfique. Parallèlement, 47% des ceux ayant
déjà une expérience en freelance perçoivent l'IA favorablement, suggérant que
ceux habitués à des environnements de travail plus autonomes sont plus enclins
à reconnaître les avantages de cette technologie.
Flora Baumlin, Account
Director Corporate & Work Experience, Groupe Ifop, poursuit : « Si les cadres sont
nombreux à souligner l’impact de l’inflation sur leur manière de consommer, ces
derniers restent cependant moins vulnérables face aux questions de pouvoir
d’achat que les publics des catégories populaires, aux revenus plus limités. Ainsi,
l’équilibre vie pro vie perso et l’épanouissement au travail représentant la
clé de voûte des aspirations des cadres en 2024, et dans un contexte généralisé
de tension sur le recrutement, ils semblent avoir la possibilité d’influencer
positivement les entreprises et de modeler leurs contextes de travail en
fonction de leurs souhaits.
Pour autant, pour 1
cadre sur 3, l’épanouissement au travail pourrait également passer par le
freelancing et sa promesse d’autonomie accrue ou du moins par la voie médiane
que représente le portage salarial, alliant sécurité du salariat et
indépendance du freelancing. »
Démissionner pour
repenser sa carrière ?
Bien que le contexte
économique de ces derniers mois soit plus contraignant, ce phénomène de
démission est toujours significatif cette année : 42% des cadres envisagent de
quitter leur entreprise ou l'ont déjà fait, ce qui, certes, représente une
diminution de 9 points par rapport à 2022, mais le taux reste néanmoins élevé.
Dans le détail, ils
sont concrètement 8% à avoir effectivement quitté leur entreprise. Cela
concerne surtout les moins de 35 ans, ceux ayant une expérience en indépendant
et ceux estimant que leur travail n’est pas reconnu à sa juste valeur. Parmi
les principales raisons motivant cette envie de changement : une rémunération
jugée insuffisante, le management qui ne convient plus et le manque de
reconnaissance de son travail. La perte de sens dans le travail, le manque
d’utilité pour la société, l’aspiration à quitter le salariat et l’envie de
pouvoir réaliser un projet personnel sont également en parallèle des éléments
en nette progression cette année. Des tendances qui vont dans le sens d’un
désir croissant de changement et d’autonomie, souvent associé à des formes de
travail plus flexibles. Un mouvement en accord avec les projections de l’étude
menée en juin 2022 par Freelance.com et Datastorm, laquelle prévoit que le
nombre de freelances en France pourrait s’élever à 1,5 million d’ici 2030.
Un intérêt qui
s’affirme pour le freelancing et les TPE
Confirmant l’attrait
pour des structures offrant plus de liberté et d’implication personnelle, le
travail en freelance et les petites entreprises attirent de plus en plus les
cadres du secteur privé. Une part substantielle de ces derniers, attirés par la
possibilité de choisir leurs missions et d'organiser leur temps de travail,
expriment un intérêt croissant pour le freelancing. A cet égard, 33% des cadres
seraient ainsi intéressés par le fait de travailler de manière indépendante à
l'avenir, dont 6% ont répondu “oui, beaucoup”. Toutefois, cette forme de
travail n'est pas sans défis : 49% des répondants évoquent en parallèle des
contraintes notables, telles que la crainte d’une baisse de revenus, mais
surtout l'absence de revenus garantis et les contraintes administratives, en
nette progression elles-aussi.
Par ailleurs, les
structures de petite taille sont également plébiscitées : 56% des interrogés
seraient intéressés de travailler dans une TPE. Entre autres avantages perçus :
retrouver une dimension plus humaine (42%), évoluer dans un environnement où
l’échelle de décision est plus proche (31%) et bénéficier d’un rôle élargi et
de plus grandes responsabilités (29%). Parmi eux, 72% des cadres issus
d’entreprises de moins de 250 salariés se disent plus enclins à travailler dans
les TPE.
Enfin, le portage salarial continue de bénéficier de façon stable d’une bonne notoriété, conjuguant l'indépendance du freelance à la sécurité du statut salarié. 71% des répondants en ont en effet une bonne image. Aussi, 36% des cadres du privé pourraient envisager de l'expérimenter dans les cinq prochaines années, témoignant de son potentiel à correspondre à ces aspirations d'autonomie et de sécurité.