Operating Partners Day 2024
«
Indispensable et nécessaire » : qu’ils soient dirigeants, acteurs de
l’investissement, operating partners ou experts du monde de l’entreprise, les
intervenants et participants du second Operating Partners Day ont tous insisté
sur la dimension « must-to-have » du métier d’operating partner pour
sécuriser la croissance et la rentabilité des entreprises françaises.
Placée
sous le parrainage de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et
de la Souveraineté industrielle et numérique, la 2e édition de l’Operating
Partners Day 2024 à laquelle ont assisté plus de 150 participants le 31 mai
2024 à Paris, a confirmé la montée en puissance du métier d’operating partner
en France et le rôle fondamental qu’il joue dans la création de valeur par les
entreprises.
« En
2024, cette “botte secrète de l’entrepreneur qui réussit” n’est plus l’apanage
des seuls États-Unis : il s’est imposé de ce côté de l’Atlantique car il aide à
sécuriser la rentabilité et les investissements – à la fois les investissements
des entreprises pour soutenir leur développement et les investissements des
fonds, family offices, GPs et LPs dans les entreprises. Une véritable
“assurance croissance” pour nos entreprises », souligne Isabelle
Saladin, Présidente d’I&S Adviser qui a impulsé l’organisation de cet
événement unique en France.
3
caractéristiques et 4 tendances
L’Operating
Partners Day a mis en lumière trois caractéristiques qui distinguent les
operating partners :
- Ils
exercent un métier à forte valeur ajoutée, pour l’entrepreneur comme pour
l’entreprise, au service de la performance business et de la création de valeur
économique ;
- Leur
rôle est différent et complémentaire à celui des autres professionnels de
l’accompagnement (consultants, senior advisors, experts métier ou sectoriels,
managers de transition, mentors, etc.)
- Enfin,
le métier d’operating partner n’est pas exercé uniquement par des
collaborateurs de sociétés de gestion. Il répond au besoin de tous les
dirigeants, y compris de ceux, majoritaires en France, qui ne comptent pas
d’investisseurs à leur capital.
L’événement
a surtout mis en évidence l’évolution du métier en France autour de quatre
grandes tendances :
-
L’operating partner est devenu essentiel
-
De plus de plus de dirigeants se font épauler par un operating partner
-
Les acteurs de l’investissement se sont approprié le métier d’operating partner
-
Le succès d’un operating partner dépend de sa posture vis-à-vis du dirigeant
En
moins de 10 ans, l’operating partner est devenu essentiel
Tous les
intervenants, qu’ils soient chefs d’entreprise ou financiers ont insisté sur le
rôle fondamental des operating partners dans la création de valeur, la
performance des organisations et la sécurisation de la croissance. Le regard et
les retours d’expérience de ces entrepreneurs expérimentés viennent compléter
et enrichir ceux des investisseurs.
Un
operating partner aide en effet à hiérarchiser les sujets et à prioriser les
projets. L’avoir déjà fait est précieux pour prendre de meilleures décisions
stratégiques et/ou opérationnelles pour l’entreprise.
Tous
s’accordent également sur le fait que l’operating partner est un tiers de
confiance qui rassure, notamment les partenaires financiers et en cas
d’investissements complexes. Il aide à structurer la gouvernance, à réunir les
bonnes personnes au sein du comité de direction et du conseil d’administration,
à comprendre et discuter avec les investisseurs dont les attentes ont changé et
dont les objectifs en termes de temps et de valeur sont différents de ceux du
dirigeant.
Le
nouveau réflexe des dirigeants : se faire accompagner
Le
constat fait par les intervenants est que les dirigeants sont de plus en plus
enclins à solliciter un appui et des compétences externes. S’appuyer sur un
professionnel qui parle la même langue et al le même référentiel d’action est
en effet extrêmement précieux.
D’ailleurs,
tous les chefs d’entreprise qui ont pris la parole lors de l’Operating Partners
Day ont, sans exception, expliqué se faire systématiquement épauler sur
différents sujets. Ils peuvent ainsi prendre du recul et s’assurer que les
moyens déployés sont à la fois efficients et pertinents. Personne n’est
infaillible. Être accompagné est fondamental non seulement pour trouver de
nouveaux leviers de croissance mais aussi pour éviter de commettre des erreurs
et aller plus vite.
Une
démarche qui se retrouve dans les propos de David Douillet, judoka
multimédaillé olympique et monde et fondateur de l’entreprise Harvey
Immobilier, lors de son intervention : « Les sportifs ont tous le réflexe de se
faire épauler, de s’entourer de différents sachants et “have-it-done”. C’est
une règle que j’ai continué à appliquer en devenant entrepreneur. La clé du
succès est d’être actif dans la relation avec son operating partner / sparring
partner pour ne jamais subir. Quand un entrepreneur se fait accompagner, alors
tout change. »
Un
métier auquel recourent désormais tous les acteurs de l’investissement
De leur
côté, fonds, family offices, GPs et LPs ont bien compris l’apport des operating
partners et se sont approprié ce nouveau métier. Les intervenants ont expliqué
y recourir de plus en plus souvent, voire systématiquement.
Certains
les sollicitent en amont dès que des opportunités d’investissement sont
détectées, d’autres lors des phases de due diligence. La période des 100 jours
est également un moment clé pour les faire intervenir : l’operating partner
travaille en priorité sur les sujets de l’équipe, de la gouvernance et de
l’organisation, qui sont structurants pour “délivrer la promesse” et sur
lesquels il est toujours bon de se faire accompagner.
Autre
situation où les fonds les font intervenir : quand leurs participations font
beaucoup de build-up, la structuration opérationnelle déterminant alors la
création de valeur qui sera in fine au rendez-vous.
____________________________________________________________
Focus
sur le livre blanc Deloitte-I&S Adviser sur les operating partners
L’Operating
Partners Day est revenu sur quelques-unes des conclusions du livre blanc publié
en mars 2024 par Deloitte et I&S Adviser. A été notamment discuté les
modalités d’exercice du métier, avec d’un côté les operating partners salariés
de fonds et de l’autre, ceux intervenant pour le compte de sociétés
indépendantes.
L’operating
partner d’un fonds est avant tout mobilisé pour travailler avec le chef
d’entreprise sur la constitution de l’équipe de direction et de la gouvernance,
puis sur la structuration de l’organisation et la clarification des rôles et
responsabilités. 50% des dirigeants attendent aussi une mise en relation avec
le réseau du fonds.
L’operating
partner indépendant est quant à lui sollicité pour épauler le dirigeant dans la
résolution de défis stratégiques spécifiques : travailler sur un plan de
croissance, élaborer la structuration opérationnelle adéquate pour mettre en
œuvre ce plan, étudier une évolution du modèle économique, sécuriser la
génération de chiffres d’affaires, préparer une opération de
fusion-acquisition, de cession ou de transmission, etc.
_____________________________________________________________
La clé
du succès de l’operating partner est dans sa posture
Tout au
long de l’Operating Partners Day a été évoqué le positionnement de l’operating
partner par rapport au dirigeant. S’il est davantage impliqué dans la conduite
opérationnelle de l’entreprise qu’un consultant ou un senior advisor, il ne
doit pour autant jamais prendre la place du dirigeant. L’humilité est une
qualité primordiale pour qui veut exercer ce métier et sur laquelle tous les
intervenants se sont accordés.
Il est
aussi important de savoir instaurer une relation de confiance, le succès de la
collaboration reposant sur l’affectio societatis et sur la capacité des parties
à partager ambitions, convictions mais aussi doutes. Travailler avec un
operating partner est finalement avant tout une histoire de rencontre qui se
développe dans un cadre défini et autour d’objectifs partagés et précis.
De son
côté, pour que cela fonctionne, le dirigeant doit accepter de lâcher du lest,
faire confiance, passer la main. « Ce qui compte, ce sont les chiffres
bien plus que satisfaire l’égo », a rappelé David Amiouni, CEO de
KeepCool/Neoness/Metabolik qui a racheté le groupe de salles de sport avec
un EBITDA négatif et l’a redressé en acceptant d’être épaulé.
Qui plus
est, l’objectif de l’operating partner n’est pas de rester dans l’entreprise
mais de lui faire prendre un nouvel envol.
Pour
reprendre les mots de David Douillet en clôture de l’Operating Partners Day : « Si on veut
avancer ensemble, il faut s’écouter et se respecter. A partir du moment où on a
une colonne vertébrale, on peut faire de grandes choses. Un operating partner
en tant que sparring partner apporte cette colonne vertébrale. Il est celui qui
va vous aider à réaliser vos rêves [pour votre entreprise], à révéler vos
qualités et vos compétences. Comme personne ne détient LA vérité, l’important
est d’être prêt et se s’entourer pour avoir un maximum de cartes en main afin
d’atteindre son objectif, qu’il soit business ou sportif. »
_____________________________________________________________
Une
touche de conjoncture : Une économie française résiliente, des opportunités à
saisir et deux points de vigilance
Trouver
de nouveaux leviers pour créer de la valeur est plus que jamais le nerf de la
guerre pour les chefs d’entreprise. Lors de son intervention, Guillaume
Richet-Bourbousse, chef de service de l'Observatoire des délais de paiement à
la Banque de France, a rappelé que l’investissement est le principal moteur de
la croissance.
A ce
titre, le contexte national français n’est pas dénué d’intérêt. Les
publications économiques et financières de l’institution montrent que malgré le
manque de visibilité et une appréciation plutôt pessimiste des dirigeants sur
leurs perspectives de croissance, l’activité résiste en France, avec un PIB qui
continue de progresser de 1,5% à 1,7% par an. Le financement des entreprises
par la dette est solide, l’inflation est en bonne voie d’être contenue (estimée
autour de 2% d’ici à fin 2024) et la modération des hausses de prix se
poursuit. Quant aux entreprises et à l’économie en général, elles s’avèrent
particulièrement résilientes avec des niveaux corrects de trésorerie et un
renforcement des ressources propres en 2022 qui constituent des fondations solides
pour affronter les défis économiques de 2023 et 2024. Quant aux défaillances,
le rattrapage était attendu et s’accompagne d'un grand dynamisme
entrepreneurial.
Toutefois,
Guillaume Richet-Bourbousse a évoqué deux points de vigilance à suivre dans les
prochains mois :
1/ Les défaillances qui,
contrairement à ce qui est habituellement observé, pourraient concerner
davantage de PME et ETI que de microentreprises, avec à la clé des incidences
plus lourdes sur l’emploi et la création de richesse pour le pays.
2/ L’Europe reste très
en-deçà de son potentiel de puissance financière par rapport à son potentiel de
puissance économique. Les capacités de financement sur le continent européen
restent inférieures à ce qu’elles sont aux États-Unis : le plus gros fonds européen
pèse 2,2 M€ quand le 10e fonds américain détient 3,3 M€. Cela complexifie
l’accès au financement des entreprises et peut freiner l’investissement dans
l’innovation.
Et Guillaume Richet-Bourbousse de conclure : « Il est essentiel que les entreprises continuent d'oser investir pour muscler notre économie ».