Ces dernières années, l’attachement des salariés à leur entreprise s’est délité.
Le développement du
télétravail a élargi les possibilités d’emploi, la baisse du chômage depuis
2015 a facilité les changements de postes, et la recherche accrue de sens dans
son travail depuis la crise sanitaire a débouché sur de nombreuses reconversions
professionnelles.
En France, le nombre de démissions a doublé en un peu moins de 10 ans (passant de moins de 950 000 en 2015 à près de 2 millions en 2023 parmi les salariés en CDI). De manière plus générale, on observe une modification des usages mais aussi des attentes des salariés selon leur mode de travail, leurs besoins en matière de logement, ou pour faire face l’inflation, au coût de l’énergie, à la baisse de pouvoir d’achat… Dans ce contexte, les entreprises ont particulièrement intérêt à faire en sorte de renforcer leur attractivité en tant qu’employeurs, notamment à travers les avantages sociaux. D’autant qu’un sondage Ipsos réalisé pour SOFIAP (filiale de La Banque Postale) révèle que si les dirigeants sont persuadés d’accompagner suffisamment leurs employés dans les moments importants de leur vie, les salariés sont plus critiques.
Un
accompagnement par l’entreprise jugé insuffisant par les salariés lors des
moments importants de leur vie
D’après
cette enquête menée auprès de salariés et de dirigeants d’entreprises pour un
regard croisé, la plupart des dirigeants d’entreprises estiment « accompagner
suffisamment leurs salariés dans les moments importants de leur vie » (88%).
Pourtant, un salarié sur deux estime que son entreprise n’en fait pas assez
dans ce domaine (49%).
En
détail par exemple, 1 salarié sur 2 trouve que son entreprise n’en fait pas
suffisamment pour accompagner les salariés qui vivent le décès d’une personne
très proche (49%), que son entreprise n’accompagne pas assez les salariés
malades ou en situation de handicap (50%) ou ceux qui attendent des enfants
(50%). Ils sont aussi 64% à trouver que leur employeur n’accompagne pas
suffisamment les salariés qui voudraient acheter un premier logement.
Avantages
sociaux : un décalage entre la vision salariés et employeurs
Concernant leurs avantages sociaux actuels, les salariés font le constat que leur entreprise est loin du compte : ils ont des attentes fortes à ce sujet dont beaucoup de dirigeants n’ont pas conscience. De nombreux avantages sociaux non obligatoires sont désormais jugés importants voire essentiels par les salariés, et ceux qui sont proposés ne sont pas toujours ceux que les salariés jugent les plus essentiels.
Ainsi,
dans le détail, les avantages sociaux jugés les plus « essentiels » par les
salariés sont : les plans de retraite complémentaire (55%), les tickets
restaurants (47%), les congés supplémentaires (44%), la possibilité de
télétravailler (35%), et l’aide à l’achat immobilier ou à la location (30%).
Viennent ensuite les avantages en nature (26%), les crèches d’entreprise (26%)
et les services de conciergerie (10%).
De
leur côté, les dirigeants déclarent surtout proposer des avantages en nature
(48% versus 26% de salariés les jugeant essentiels), des congés supplémentaires
(40%), la possibilité de télétravailler (35%) et des plans de retraire
complémentaire (31% versus une demande de plus de la moitié des salariés). En
revanche très peu proposent des tickets restaurant au-delà des obligations
légales (15%), des aides à l’achat immobilier ou à la location (9%) et des
crèches d’entreprise (5%), services pourtant considéré comme essentiels par
plus d’un salarié sur 4.
Une
fois encore on observe un décalage : si une large majorité des dirigeants
estime en faire assez en matière d’avantages sociaux (83%), seul un salarié sur
deux en pense autant de son entreprise (51%). Pourtant, la plupart des salariés
(81%) considèrent que, dans le contexte économique actuel, il est du devoir de
leur entreprise de proposer plus d'avantages sociaux à ses salariés pour les
aider à maintenir leur pouvoir d'achat.
Les
avantages sociaux, un fort levier d’attachement à son entreprise comme un réel
motif de départ des salariés
Contrairement
à ce que l’on pourrait penser, en France une majorité de salariés se dit
attachée à son entreprise (64%). Mais cet attachement varie sensiblement en
fonction de l’investissement des entreprises sur les avantages sociaux et
l’accompagnement des salariés. Ainsi, la part de salariés se disant attachés à
leur entreprise monte à 81% parmi ceux qui estiment qu’elle offre suffisamment
d’avantages sociaux non obligatoires et qu’elle en fait assez pour accompagner
ses salariés dans les moments importants de leur vie.
D’ailleurs, deux tiers des salariés estiment qu’à salaire équivalent, ils pourraient facilement quitter leur entreprise actuelle pour une autre qui leur proposerait des avantages sociaux plus intéressants (66%).
Un chiffre fort qui démontre
l’importance pour les entreprises de prendre en considération ces avantages
sociaux et cet accompagnement dans les grands moments de vie de leurs salariés
: il est primordial de s’y intéresser pour attirer et garder des talents,
surtout dans l’actuel contexte économique. Parmi les raisons pour lesquelles
les salariés envisageraient de démissionner, le manque d’avantages sociaux
apparaît dans le top 5 et est même en troisième position dans les plus petites
entreprises. Cette réalité est visible par les dirigeants eux-mêmes : 14%
d’entre eux déclarent avoir déjà vu certains de leurs salariés quitter leur
entreprise notamment en raison d’avantages sociaux plus intéressants proposés
ailleurs, une proportion qui monte à 46% parmi les dirigeants d’entreprises de
250 salariés et plus.
Laurent Permasse, président du directoire de SOFIAP, conclut : « Cette étude Ipsos pour SOFIAP témoignage d’un véritable décalage entre la perception des dirigeants et des salariés quant à l’accompagnement de l’entreprise lors des moments importants de vie et en matière d’avantages sociaux. Si les dirigeants pensent en faire assez sur les deux tableaux, les salariés sont beaucoup plus critiques. Pour s’adapter à leurs nouvelles attentes, certains employeurs ont bien compris qu’accompagner les salariés aux moments de vie clés et proposer des avantages sociaux est une stratégie payante qui vient renforcer l’attachement des salariés à leur entreprise. De fait, les salariés expriment des attentes fortes dans ce domaine et beaucoup seraient prêts à changer d’employeur, sans augmentation de salaire, à condition de bénéficier d’avantages plus favorables. »