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[Tribune] Bordeaux Primeurs 2023 : est-il encore intéressant d’investir dans les vins Primeurs ?

Le comité de sélection U’wine, accompagné d’Aymeric de Clouet, expert en vin à la Cour d’Appel de Paris, ont dégusté des centaines de vins lors de la semaine des Primeurs en avril dernier. Leur mission est d’évaluer la qualité de ce nouveau millésime pour en analyser son potentiel de valorisation et ainsi pouvoir conseiller ses clients sur l’intérêt ou non d’investir dans cette cuvée.

Le système des Primeurs est décrié depuis plusieurs années, l’enjeu est donc fort sur cette campagne de voir les prix baisser, au risque de confirmer le désamour total du marché. Et la demande a été entendue puisque la baisse des prix semble la règle pour la plupart des producteurs, bien que quelques-uns résistent à la tendance. Ainsi, cette année, le challenge sera de dénicher les bonnes affaires, car la qualité est globalement au rendez-vous.

« Le millésime 2023, malgré ses défis, est une opportunité en or pour dénicher de grands vins à des prix intéressants », déclare Anne-Sophie Gabriel, Customer Success Manager chez U’wine.

L’achat en primeurs : avantages et challenges

Acheter ses vins en primeurs présente, à l’origine, plusieurs avantages. Tout d’abord, ce système permet d'accéder à des vins recherchés, souvent produits en petites quantités, qu’il est plus difficile de se procurer une fois le jus mis en bouteille. De plus, en achetant directement à la propriété, l'authenticité des bouteilles et les conditions de stockage idéales sont garanties. On évite les risques liés aux transports successifs qui peuvent dégrader la qualité et la valeur du vin.

« Les primeurs doivent receler un potentiel de bénéfice de revente important, pour justifier l’avantage que les producteurs en retirent, une trésorerie confortable, le consommateur de son côté doit recevoir un avantage compétitif par rapport au vin vendu en bouteille », déclare Aymeric de Clouet, Expert près la Cour d’Appel de Paris.

Ce qui ne fonctionne plus aujourd’hui est l’équation proposée par ce système. Il y a quelques années, acheter en Primeurs était un investissement lucratif : le vin étant encore en élevage, son prix était décoté par rapport aux prix de mise en marché une fois le vin mis en bouteille. Cela représentait ainsi un fort potentiel de plus-value, puisque le vin prend de la valeur avec le temps du fait de sa rareté croissante et de sa qualité qui se bonifie. La hausse constante des prix de sortie couplée à une valorisation limitée des vins sur le long terme due, entre autres, au « Bordeaux bashing », compromettent la rentabilité de cette pratique. Le marché ne s’y retrouve plus, les consommateurs non plus.

2023, le millésime salvateur ?

U’Wine veut voir dans la baisse des prix sur le millésime 2023, en moyenne autour de -20% (et jusqu’à -40% pour le Château Léoville Las Cases, Château Haut-Brion et - 32% pour le Château Laffite Rothschild par exemple), un premier signe salvateur. Certes, cela ne suffira pas à rendre à Bordeaux son attractivité et à relancer la demande, mais cela redonne de l’intérêt économique aux consommateurs qui sauront sélectionner les bouteilles 2023 qui allient qualité et prix juste.

« Toute notre expertise est vraiment mise à profit cette année pour naviguer dans ce marché en profonde évolution et conseiller nos clients dans la sélection les bouteilles qui offriront le meilleur potentiel de valeur à long terme », déclare Thomas Hébrard, fondateur et CEO de U’wine.

Investir dans les grands crus aujourd’hui peut sembler contre-intuitif car le marché est en difficulté. Mais d’ici
2 à 3 ans, U’Wine estime que la tendance repartira à la hausse grâce aux actions entreprises par la filière, à la coopération entre marché et producteurs, amorcée avec cette campagne 2024, et la fin des effets post-Covid. Bordeaux demeure la région viticole la plus intéressante et productive du monde, où les vins se réinventent en masse et de façon durable. L’investissement dans le vin se fait sur le long terme, sur une période de 5 à 8 ans au moins. Il est donc intéressant de saisir les belles opportunités qui se présentent cette année pour pouvoir en tirer les bénéfices à moyen terme. D’ailleurs, U’wine connait pour l’instant une belle dynamique sur la vente de vins primeurs avec une hausse de 20% de bouteilles vendues par rapport à la même période en 2022.

« La performance moyenne de notre offre de Mandat de gestion « Cave INVEST » est de 5,8% annuel sur l’exercice 2023. Comme les meilleurs crus, l’investissement dans le vin requiert de la patience mais elle est souvent récompensée » précise encore Thomas Hébrard.

Quelques mots sur le millésime 2023, équilibré mais hétérogène

La qualité est hétérogène notamment en ce qui concerne les vins rouges, qui s’apprécient propriété par propriété tant il est difficile de généraliser le millésime au niveau de la région ou de l’appellation. Chaque vin doit être évaluer individuellement pour en déceler le potentiel. Ce « nouveau » classique, avec ses tannins puissants et ses fruits généreux équilibrés, aura l’avantage de pouvoir être dégusté plus tôt que les millésimes précédents, ce qui va stimuler une hausse de la demande plus précoce que pour d’autres millésimes. En même temps, il offre un bon potentiel de garde pour ceux qui auront la patience d’attendre, dans une recherche de rendements positifs ou d’enrichissement de leur patrimoine. Plutôt porteur pour la rive gauche, le coup de cœur des experts U’wine va à Pauillac, sans pour autant négliger les grandes réussites qui se cachent dans d’autres appellations telles que Saint Julien, Saint-Emilion ou Pessac-Léognan par exemple.

Les blancs secs de 2023 sont excellents : ils se distinguent par une grande richesse aromatique et une acidité rafraîchissante qui sublime le fruit. Déjà très agréables à déguster en Primeurs, ces blancs seront un bonheur à boire rapidement. Ils représentent un incontournable cette année tant pour la consommation et que pour l’investissement car la valorisation devrait être au rendez-vous. Les Sauternes, enfin, sont remarquables pour leur profondeur et leur acidité non caractéristiques, les rendant gourmands et complexes.

« Les vins de 2023 sont donc d’une grande finesse dans l’ensemble, bien équilibrés, porteurs de promesses pas trop lointaines de plaisir gustatif intense », conclut Aymeric de Clouet.

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