C’est la période des bilans. Au-delà de la traditionnelle assemblée générale durant laquelle les associés doivent approuver les comptes annuels, les dirigeants de TPE/PME doivent réfléchir à la manière de l’exploiter au mieux.
Frédéric Monier, associé Walter France, donne ici des pistes afin que l’édition du bilan ne soit pas qu’une obligation comptable.
Les cabinets d’expertise comptable et les directions financières et comptables sont au taquet depuis plusieurs mois : la « période fiscale », durant laquelle ils doivent établir le bilan des entreprises, est toujours synonyme de stress et de surcharge de travail. Récolte des informations auprès des différents services, relances pour les factures manquantes, choix d’options pour « optimiser » le résultat… leurs exigences ne sont pas toujours comprises par les autres services, le service commercial par exemple, voire par le dirigeant lui-même.
Pour rappel, le terme générique « bilan », utilisé comme raccourci, est impropre. Chaque année, l’entreprise doit éditer ses comptes annuels, lesquels incluent trois documents : le bilan, qui reflète le patrimoine de l’entreprise le jour de la clôture de l’exercice, le compte de résultat, qui « raconte » l’activité de l’entreprise durant l’année écoulée, et l’annexe, document qui détaille certains points.
Tous les dirigeants sont focalisés sur l’assemblée générale, qui doit se tenir dans les six mois qui suivent la clôture de l’exercice pour approuver lesdits comptes annuels. Attention toutefois, ils ne doivent pas s’arrêter là mais consacrer du temps à analyser leurs comptes annuels, à les diffuser et à engager des actions pour les améliorer.
> Analyser les comptes annuels pour engager des actions correctives
Ce travail est normalement engagé au moment où l’expert-comptable vient dans l’entreprise pour finaliser les comptes annuels. Des échanges avec le dirigeant d’entreprise permettent de faire comprendre à ce dernier la situation de son entreprise. Attention toutefois, car les comptes annuels sont édités la plupart du temps
4 à 5 mois après la clôture de l’exercice (en mars avril pour les entreprises dont l’exercice correspond à l’année civile et qui clôturent leurs comptes le 31 décembre), et concernent le passé. Il est fortement conseillé de consacrer un minimum de temps à identifier les chiffres-clés : par exemple la répartition des ventes par type de marché, les marges réalisées selon les produits ou les services, le pourcentage des frais de personnel par rapport à l’ensemble des charges, etc. afin de pouvoir fixer et engager des actions correctives.
> Les diffuser à ses parties prenantes
Pour les entreprises d’une certaine taille, l’assemblée générale est, de fait, l’occasion d’échanger avec ses associés. Pour les TPE, parfois, celle-ci se tient autour d’un bon repas après avoir rapidement signé « les papiers ». Attention au piège ! Ce n’est pas parce qu’on est petit qu’il ne faut pas prendre soin de son ou de ses associés et ne pas prendre le temps de leur expliquer correctement les comptes annuels.
Deuxième cible : les salariés. Leur présenter les comptes annuels est une excellente occasion de les informer de la situation de l’entreprise, de leur présenter les objectifs de l’année à venir, de faire un point sur l’année en cours. La présence de l’expert-comptable, qui pourra commenter de manière neutre et objective les propos du dirigeant, sera bénéfique, notamment pour les entreprises ayant mis en place un accord de participation ou d’intéressement.
Troisième cible : les banquiers. Pour Frédéric Monier : « Ne vous contentez pas de répondre à la sollicitation de votre banquier en lui envoyant vos comptes annuels par mail. Demandez-lui un rendez-vous qui sera l’occasion de le mettre au courant de l’évolution de votre activité ». Cette démarche pro-active sera très appréciée, et encore plus utile si votre interlocuteur a changé. Que votre activité soit florissante ou en difficulté, un banquier informé sera toujours plus bienveillant que s’il découvre de mauvaises surprises au dernier moment !
Quatrième cible : les clients, les fournisseurs et les partenaires, même si cette démarche sera plus adaptée à des entreprises d’une certaine taille… Il s’agira de décider au cas par cas de la pertinence de communiquer.
> Améliorer les comptes annuels pour l'année suivante
Fort du constat de l’année N-1, il sera possible au dirigeant de définir des pistes d’amélioration pour l’année suivante. Citons quelques exemples :
- Sortir le bilan plus tôt. Certaines entreprises ont mis en œuvre le « fast close », ou « clôture rapide ». Disposer de ses comptes annuels en janvier, c’est possible, certaines le font, pourquoi pas vous ? Bien évidemment, cela suppose toute une organisation en amont, auprès de ses équipes, de son service financier ou du comptable, et de l’expert-comptable. Le maître mot : anticiper.
- Soigner son rapport de gestion. Pour les TPE/PME, le rapport de gestion se limite le plus souvent à un document normé pré-rempli par l’expert-comptable. Insuffisant ! Le dirigeant doit soigner la rédaction en expliquant l’activité de l’année et en commentant les comptes de manière compréhensible par des non comptables qui ne prendront pas le temps d’étudier l’annexe.
- Mettre en place ou améliorer la comptabilité analytique.
De nombreuses autres axes d’amélioration sont possibles, challengez votre expert-comptable pour qu’il soit votre source d’inspiration !