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[Etude] NEOMA Business School - Écoresponsable au bureau ? Jamais sans mon chef !

Les salariés adoptent davantage les gestes écoresponsables au travail s’ils se sentent encouragés dans cette voie par leur supérieur. Et ce soutien est encore plus décisif s’ils sont déjà fatigués par leur forte implication dans leur poste. Ce sont les principaux enseignements d’un article rédigé par deux chercheurs, dont Pascal Paillé de NEOMA.

Comment un salarié peut-il agir de manière écoresponsable au travail ? En théorie, le choix est vaste : économiser l’énergie, l’eau et le papier, trier ses déchets avec soin, éviter de polluer, promouvoir le recyclable, fuir le jetable, sensibiliser ses collègues… En pratique, plusieurs études ont montré que les gestes visant à économiser les ressources sont de loin les plus courants.

Chaque geste écoresponsable représente un effort

Pourquoi ? Parce que ces gestes sont simples : le salarié n’a besoin de personne pour éteindre la lumière quand il quitte une pièce, ou pour fermer son ordinateur lorsqu’il s’absente. Quant à son employeur, il n’a pas à déployer une organisation spécifique.

Un tel geste écoresponsable relève de la seule décision de celui qui l’effectue. Ce qui ne veut pas dire qu’il est facile : il va au-delà des tâches attendues du collaborateur, exige de lui vigilance et volonté, et à ce titre l’oblige à puiser dans ses « ressources ».

D’abord, les ressources personnelles : celles que le salarié mobilise pour accomplir son travail – compétences, expérience, capacité d’initiative… Ensuite, les ressources sociales, apportées par les échanges avec des collègues proches, des experts métier, etc., et avec le supérieur hiérarchique.

Soutien du supérieur hiérarchique : des effets incontestables

Mais jusqu’à quel point le soutien du manager influe-t-il sur les gestes écoresponsables de ses collaborateurs ? Reste-t-il efficace si ces derniers ont déjà le sentiment d’en faire plus que ce qu’on leur demande ? Et s’ils subissent un stress élevé en raison de leur surcharge de travail ? Telles sont les interrogations auxquelles les deux chercheurs répondent dans leur article.

Ils ont soumis à un échantillon de 313 salariés canadiens du privé et du public une liste de 19 questions. Celles-ci évaluaient leur perception du « soutien environnemental » du supérieur, de leur charge de travail et de leur engagement au-delà des exigences de leur poste. Elles concernaient aussi leur pratique d’écogestes visant à économiser l’électricité : éteindre les éclairages inutiles, fermer son ordinateur quand on quitte le bureau…

Signifier aux équipes que l’environnement est un sujet qui compte

Premier enseignement : un manager qui soutient les gestes écoresponsables produit des effets certains sur ses collaborateurs. Si l’étude ne détaille pas les formes possibles de ce soutien, celles-ci sont nombreuses : écoute, sympathie, attention, feedback sur les efforts réalisés, partage de savoir-faire et de connaissances, assistance matérielle…

Ce sont autant de façons pour le supérieur de signifier à son équipe que l’environnement est un sujet qui compte. Le signal est d’autant plus important que les salariés pourraient considérer au contraire qu’il s’agit d’une préoccupation de second ordre ; ou qu’en tout cas, elle passe après les tâches professionnelles.

Plus l’engagement dans le travail est fort, plus le soutien du manager compte

Deuxième enseignement : ce lien entre soutien du manager et gestes écoresponsables ne fonctionne pas de la même façon selon le degré d’implication du collaborateur dans son travail.

Chez un salarié qui ressent une forte sensation de fatigue, liée à l’impression qu’il en fait trop et va au-delà de ses missions, le soutien du supérieur est décisif. Soit ce soutien est limité, et le collaborateur réduit nettement ses gestes écoresponsables ; soit ce soutien est significatif, et le collaborateur multiplie ces gestes.

À l’inverse, chez un individu qui souffre peu de fatigue due à l’excès de zèle, le soutien du supérieur a moins d’influence sur les comportements écoresponsables.

L’idéal : des managers convaincus, pas de surcharge de travail

Troisième enseignement : si un salarié qui ressent une forte « fatigue d’engagement » subit en plus une surcharge de travail qui le stress, le soutien de son supérieur perd l’essentiel de son impact sur les gestes écoresponsables. Ce qui confirme les travaux antérieurs d’autres équipes : sous stress professionnel, les individus priorisent les tâches liées à leur poste par rapport à des tâches volontaires menées à leur initiative.

Cet article confirme donc le rôle clé des managers dans les comportements écoresponsables de leurs subordonnés. Ceci à deux niveaux : plus ils soutiennent par leur attitude les efforts de chacun, plus ces efforts augmentent ; mieux ils régulent la charge de travail de leurs équipes, plus celles-ci sont réceptives à ce soutien et pratiquent les gestes écoresponsables.

Encore faut-il que ces managers soient convaincus eux-mêmes de l’importance de ces gestes. Or, une recherche menée par deux auteurs en 2018 a montré qu’ils avaient tendance à les considérer comme des actions qui sortent du cadre professionnel. Pour les entreprises qui s’engagent dans la transition écologique, le message est clair : assurez-vous d’abord que vos cadres y croient, si vous voulez qu’ils deviennent une « ressource sociale » pour leurs collaborateurs.

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