Quelle que soit votre motivation de départ, pour reprendre une entreprise, il est indispensable de clarifier sa stratégie d’approche. Pascal Ferron, président de Walter France, et auteur de l’ouvrage « Reprendre une entreprise, pourquoi pas moi ? * », explique les étapes à franchir.
La reprise d’entreprise est un marathon, voire un Iron Man, car il va falloir concilier un haut niveau de performance sur plusieurs disciplines distinctes. Avant de se retrouver dans le fauteuil du nouveau dirigeant, la route est semée d’embûches. Alors mieux vaut savoir à quoi s’attendre et définir une solide feuille de route.
> Accepter le chamboulement
Restructuration, mésentente avec son N+1, rupture conventionnelle, licenciement, démission, absence de sens… : quelle qu’en soit la raison ou la modalité, la rupture d’avec son ancienne vie professionnelle est déjà une épreuve en soi, même si l’envie de « reprendre une boîte » vous taraudait plus ou moins depuis un moment. Trois chocs doivent être surmontés :
Le premier, c’est la perte de statut. Terminé, la belle carte de visite avec le logo, le nom de la société et surtout votre fonction « qui en jetait ». Vous n’êtes plus « Business manager Europe », « Directeur de business unit », ou
« Responsable projet », ou encore « Production director », mais M. Dupont, point.
Le deuxième choc, il arrivera au bout de quelques mois, car au début, tout le monde trouve votre projet fort intéressant et même enthousiasmant : « Vous voulez reprendre une entreprise ? Mais c’est génial ! ». En revanche, faire face au doute qui s’installe dans le regard et la parole des autres peut s’avérer compliqué. En effet, neuf mois plus tard, lorsque le mur de la fin des allocations chômage se rapproche alors que vous pensiez avoir largement le temps, et qu’en plus, pour la deuxième fois, le cédant, avec lequel vous pensiez que tout s’était bien passé, met fin aux négociations, et que vos proches amis commencent à douter, cela se complique : « Ah bon ? Celui-là aussi il a dit non ? Mais tu es sûr que c’est une bonne idée, pour toi, la reprise d’entreprise ? ». A ces moments-là, mieux vaut avoir un solide psychisme et avoir bien travaillé l’optimisme !
Le troisième choc, c’est la solitude. Plus personne pour vous mettre la pression afin de faire avancer votre projet. Plus de chef, plus de comité directeur, plus de projets à boucler, plus de clients. Rien. Vous êtes seul, chez vous. Seul pour vous auto-motiver, pour vous organiser afin de continuer à avancer malgré les phases, inévitables, de découragement. Certes, vous allez choisir des conseils pour vous accompagner, mais l’impulsion, ce doit être vous.
> Définir sa stratégie personnelle
Avant de se lancer dans l’aventure de la reprise d’entreprise, mieux vaut être clair avec ses objectifs. Quelles sont vos motivations ? L’indépendance ? L’argent ? Le besoin de vous prouver que vous pouvez réussir par vous-même ? L’envie d’entreprendre ? Trouver un moyen rémunérateur d’exercer sa passion ? Toutes les motivations sont bonnes, sauf celle qui consiste à se lancer dans la reprise d’entreprise par défaut.
Peut-être avez-vous une idée de création d’entreprise mais vous avez peur de partir de zéro ? Reprendre une entreprise existante qui pourra « porter » votre projet plus personnel peut être une excellente stratégie.
> Construire sa stratégie professionnelle
Contrairement aux idées reçues, reprendre dans un secteur d’activité que l’on connaît n’est pas du tout obligatoire. Les qualités de développeur, d’entrepreneur, de leadership, de manager, de gestionnaire peuvent s’avérer largement prépondérantes.
Surtout, lorsque des intermédiaires vous présenteront des « dossiers », la seule question à vous poser sera
« Quelle valeur ajoutée je peux, personnellement, apporter à cette entreprise ? » Quelle qualité, quel savoir-faire, quel développement pourrez-vous initier ? Et seul, pas porté par des budgets importants ni une équipe de brillants gagnants, seul ! Car lorsque vous reprenez une entreprise, vous vous endettez. En conséquence, vous n’avez pas d’autre alternative que de faire mieux que le cédant.
Pascal Ferron conclut : « Lorsque votre stratégie personnelle coïncide avec votre stratégie professionnelle, alors vous aurez trouvé l’entreprise qui vous convient, et vous aurez toutes les chances de convaincre le cédant de vous passer le flambeau ! »