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[Etude] Fondation Travailler Autrement - Les Invisibles

Édition 2024 - Des vies sous contraintes

- Comment se rendre à son travail en horaires décalés quand le prix de l’essence pèse de plus en plus lourdement sur le budget du foyer ?

- Comment nourrir ses enfants quand un emploi à temps partiel ne permet pas de subvenir aux besoins primaires de la famille ?

- Comment, lorsqu’on est en situation de monoparentalité, ne pas être absente au travail quand personne n’est disponible pour garder ses enfants malades ?

- Comment prendre soin de sa santé, impactée par un travail pénible, quand sa vie est rythmée par des obligations professionnelles et personnelles difficilement conciliables ?

- Comment se sentir bien dans sa vie quand, au quotidien, celle-ci paraît davantage subie que choisie ?


« Pour les Invisibles, à la contrainte du coût de la vie quotidienne et à celle de la pénibilité du travail qui ont toujours existé, est venue s’ajouter ces 30 dernières années une fracture territoriale majeure où les distances et donc le temps de transport entre lieu de travail et lieu de vie sont devenues insupportables »,
rappelle Patrick Levy-Waitz, président de la Fondation Travailler Autrement.


La Fondation Travailler Autrement, en partenariat avec le Diot-Siaci Institute et Temps Commun, révèlent dans cette étude qu’ils sont 11 millions de travailleurs invisibles à vivre sous des contraintes qui s’accumulent :

  • des contraintes de temporalité qui empêchent d’être maître de son temps. La moitié d’entre eux travaillent le samedi, et le quart en horaires décalés et morcelés, sans pouvoir pour 25% d’entre eux prendre une pause à leur gré.
  • des contraintes de pénibilité qui entraînent une vie professionnelle difficile et une vie personnelle inexistante. 84% d’entre eux identifient un risque professionnel, et seul 1 Invisible sur 4 se sent en capacité d’exercer son activité jusqu’à la retraite.
  • des contraintes de précarité arbitrant une vie au centime près. Ils vivent avec 32% de salaires en moins que les autres actifs, et doivent en conséquence renoncer à des soins de santé et à des petits plaisirs ; pire,
    13% d’entre eux ne parviennent pas à subvenir aux besoins primaires du foyer.
  • des contraintes de parentalité qui raisonnent pour les parents, s’agissant de familles où le nombre d’enfants et, simultanément, les situations de monoparentalité sont plus élevés que la moyenne. Près de 3 Invisibles sur 4 sont en effet parents, le plus souvent avec au moins un enfant mineur à charge, ce qui implique davantage d’absentéisme et une plus grande difficulté à conjuguer vie professionnelle et rythme scolaire.
  • des contraintes de territorialité freinant leur mobilité. La majorité des Invisibles se rendent au travail en voiture, une solution de mobilité qui n’est pas idéale lorsque l’on sait qu’ils sont moins de la moitié à faire le plein quand ils vont à la station-essence.
  • des contraintes d’utilité : une vie utile mais pas reconnue. S’ils se sentent en grande majorité utiles pour la société, 1 sur 3 ne ressent pas de reconnaissance professionnelle.

« Ces salariés qu’on qualifie d’Invisibles ont un rôle majeur, nous l’avons tous compris avec la crise sanitaire, dans le fonctionnement de notre économie et de notre société. Pour leurs employeurs, se pose donc la question de l’attractivité des métiers qu’ils occupent, de leurs conditions de travail et de leur engagement professionnel, de la maîtrise de toutes ces difficultés du quotidien qui viennent percuter leur vie professionnelle », poursuit Myriam
El Khomri, Directrice du Conseil et de la Stratégie RSE du Groupe Diot Siaci.

Un facteur aggravant de toutes ces contraintes : la monoparentalité

La structure du foyer en France s’est profondément transformée, et la monoparentalité a doublé en 30 ans : un million de familles monoparentales en 1990, 2 millions en 2020, soit une famille sur quatre ! Une monoparentalité qui pèse très majoritairement sur les femmes (à 82% des cas).

En préparant cette étude sur les Invisibles, la Fondation Travailler Autrement, en partenariat avec le Diot-Siaci Institute et Temps Commun, avaient l’intuition que ce phénomène toucherait particulièrement ce public plus précaire et plus souvent isolé. Et les résultats sont sans appel : il y a 4 fois plus de familles monoparentales chez les Invisibles que dans le reste de la population active occupée !

La monoparentalité constitue un exhausteur de toutes les autres difficultés des travailleurs invisibles : l’équilibre à trouver entre d’une part, l’éducation des enfants et la vie à la maison et, d’autre part, les obligations professionnelles, est difficile voire impossible, et ne laisse pas de place à des temps de respiration pour ces femmes.

« Le pacte économique et social français, fondé au sortir de la Seconde Guerre mondiale, n‘est plus adapté à la société d’aujourd’hui. 1 famille sur 4 est monoparentale et très majoritairement portée par des femmes qui cumulent des contraintes de vie. Cette transformation sociétale est tellement puissante qu’il est de notre responsabilité collective que les pouvoirs publics mais aussi les entreprises s’en saisissent d’urgence, sous peine d’une fracture irréversible de notre société », conclut Patrick Levy-Waitz.

Si l’avenir des travailleurs invisibles est une responsabilité individuelle et collective, il est également du ressort des entreprises, des partenaires sociaux et des décideurs publics et politiques de trouver des solutions pour faciliter leur vie et mettre en lumière les bonnes pratiques. Un enjeu d’autant plus important pour les familles monoparentales ! Faciliter la vie des collaborateurs leur permettra de se concentrer efficacement sur leur travail.

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