Par Arnaud Marquant, Directeur des opérations chez KB Crawl SAS
Incertitudes géostratégiques et environnementales, stratégies d’entreprises fines, infobésité… La profession de veilleur nécessite désormais l’usage d’outils de veille au sein desquels les statistiques sont de plus en plus élaborées.
Le métier de veilleur stratégique connaît actuellement des évolutions majeures. Issu historiquement de l’univers de la documentation et de l’analyse synthétique d’articles et de dossiers, ce métier s’est progressivement transformé via la digitalisation des pratiques, au point aujourd’hui d’être associé de manière parfois étroite à la prise de décision. Car si la veille n’est pas en capacité de garantir que toutes les décisions prises par l’organisation sont bonnes, elle est à même d’identifier une décision qui ne serait pas adaptée au contexte de l’entreprise, grâce notamment à la finesse de la surveillance qui est apportée par la technologie combinée à l’analyse humaine.
Optimiser la veille : un enjeu de développement
Le déploiement récent de l’intelligence artificielle générative vient donner un nouveau coup d’accélérateur à cette fonction stratégique du veilleur. Dans un contexte mondial, continental et national marqué par des incertitudes plurielles – particulièrement géostratégiques et environnementales –, les organisations sont de plus en plus en quête d’outils de veille ajustés et rigoureux. Les professionnels de la veille se trouvent en quelque sorte sous la pression des événements et challengent avec force la capacité de leurs solutions de veille à optimiser la production d’informations. À l’heure de l’infobésité et des fake news, ces professionnels souhaitent particulièrement que le sourcing soit le plus sûr possible, que des points de mesure soient placés à plusieurs endroits du processus de veille, que l’information soit transmise au meilleur moment et qu’elle soit diffusée de manière optimale. Ils attendent des statistiques générées par les outils de veille qu’elles soient lisibles et visibles. Ils veulent ainsi savoir à quel moment de la semaine envoyer leur newsletter, être certains d’être lus, diffusés, écoutés et finalement entendus.
Vers des outils statistiques plus complets
Confrontés à ces demandes, les éditeurs de veille sont appelés à réagir en ajustant drastiquement leurs outils de pilotage statistique. Ces derniers doivent être à la fois plus efficients et plus compréhensibles. Pour ce faire, l’écoute des demandes formulées par les professionnels de la veille est essentielle. Celles-ci convergent globalement sur l’idée selon laquelle il est devenu primordial de disposer de données à tous les niveaux de la veille.
Quatre familles statistiques sont ici impactées. C’est d’abord le cas des sources à surveiller. Celles-ci doivent être en nombre suffisant, et tous les documents disponibles (textes, podcasts, images…) nécessitent d’être « crawlés ». Les articles eux-mêmes sont également à considérer. Le veilleur qui adresse un texte à sa cible doit être en capacité d’analyser l’impact de celui-ci, de connaître le nombre de « Likes » ou de redirections, mais aussi le niveau de lecture atteint. Troisième élément : il faut avoir une idée précise possible des profils des utilisateurs, et notamment du canal sur lequel la newsletter de veille est lue (application, ordinateur, smartphone ?). Le veilleur doit enfin s’assurer que les livrables sont de bonne facture, que la ligne graphique de sa lettre est cohérente avec celle de son entreprise, et globalement que le document de communication produit par ses soins est suffisamment bien présenté pour être lu.
De nombreux éditeurs de solutions de veille sont aujourd’hui challengés par les professionnels de la veille. Dans un monde de plus en plus digitalisé et « augmenté » par l’intelligence artificielle générative, les veilleurs souhaitent que les outils sur lesquels ils s’appuient leur offrent des solutions de pilotage statistique complètes, capables de remonter des éléments aussi différents que le taux de lectorat des articles, les commentaires effectués, les annotations, le suivi ou encore l’historique de lecture. Ces demandes témoignent d’une évolution professionnelle majeure : dans un monde où l’information est pléthorique et de moins en moins sûre, les veilleurs sont devenus de véritables pilotes de la stratégie de veille informationnelle, qui grâce à des statistiques désormais plus fines entendent consolider l’impact tangible qu’ils ont sur la décision de l’entreprise.