12e Baromètre Palatine-METI du financement des ETI : un début d’année contrasté, entre la persistance de difficultés et l’expression d’une ambition pour 2024
La 12e édition du Baromètre Palatine-METI du financement des ETI traduit la difficulté à qualifier la conjoncture économique en ce début d’année. Globalement, l’activité se maintient et dessine même une tendance haussière pour 2024 : une fois de plus, les dirigeants d’ETI font de la résistance et veulent croire en 2024 en dépit de contraintes persistantes. En revanche, la situation financière des ETI reflète l’aggravation d’un certain nombre de cas, certes minoritaires mais traduisant l’ampleur des difficultés de certains secteurs. Ce constat fait écho à la hausse conséquente des défaillances et faillites observées au sein des ETI ces derniers mois.
Cette situation contrastée invite à maintenir le cap des politiques économiques qui ont permis jusqu’à aujourd’hui de limiter les cas graves et, surtout, de libérer l’activité, l’emploi et l’investissement.
L’activité résiste malgré une morosité persistante
Les ETI ont terminé l’année 2023 sur une note plus positive qu’anticipée : 57% ont connu une amélioration de leur chiffre d’affaires sur un an au T4 (vs. 44% au T3) et près des 2/3 enregistrent un chiffre d’affaires à la hausse pour l’ensemble de l’année. Néanmoins, plus de 30% ont vu leur rentabilité se dégrader au S2 2023 et plus d’une ETI sur deux juge que son secteur d’activité se porte moins bien aujourd’hui qu’il y a un an. La confiance à court terme se maintient toutefois pour près de 2/3 des ETI ; elles sont à cet égard moins nombreuses à faire état d’une dégradation de leur carnet de commandes qu’en décembre (39% vs. 45%). Cela laisse présager d’une tendance plutôt positive pour 2024 : plus d’1 ETI sur 2 envisage ainsi une augmentation de son chiffre d’affaires cette année.
La situation financière des ETI est globalement stable mais les cas compliqués se multiplient
Si la part des ETI faisant état d’une trésorerie en amélioration sur un an se réduit légèrement (32,7% vs. 36,4% en décembre 2023), se réduit aussi celle des ETI faisant état d’une dégradation (26,5% vs. 31%). Près d’1 ETI sur 3 fait état d’un endettement net total en dégradation (vs. 22% en décembre). Les PGE ne sont pas problématiques pour l’immense majorité de celles qui en ont obtenu : plus de 4 sur 10 l’ont déjà remboursé en totalité. En revanche, les difficultés à rembourser l’ensemble des financements sont une réalité ou un risque pour 1 ETI sur 4. La même proportion rencontre désormais des difficultés compromettant le respect des convenants bancaires (vs. 9% en décembre). En outre, 3 ETI sur 10 sont affectées par des ratios financiers compliqués à tenir voire intenables. L’accompagnement des banques reste néanmoins soutenu : 9 ETI sur 10 obtiennent une réponse favorable à leurs demandes de financement (vs. 87% en décembre). Par ailleurs, une baisse des taux d’intérêt pourrait profiter à l’investissement des ETI : près d’1 ETI 2 en attend en effet un impact positif sur ses projets.
Les contraintes conjoncturelles continuent de peser et se concentrent désormais sur la main d’œuvre
Les contraintes conjoncturelles que nous observons depuis 18 mois demeurent à un niveau élevé, voire très
élevé : plus de 8 ETI sur 10 sont toujours affectées par la hausse des prix de l’énergie comme par celle des prix des matières premières et autres intrants. Ce sont surtout les enjeux de main d’œuvre qui cristallisent dorénavant les inquiétudes des dirigeants d’ETI : 100% sont concernés par la hausse de la masse salariale et 94% par des difficultés de recrutement. Pour 1/3 des ETI, le coût de la masse salariale a continué de s’accroître sur un trimestre (vs. 27% en décembre). L’accumulation de ces contraintes perturbe ainsi l’activité de 8 ETI sur 10, la rentabilité de
9 ETI sur 10 et les projets d’investissement d’1 ETI sur 2. Elles sont néanmoins un peu plus nombreuses qu’en décembre à pouvoir répercuter ces hausses de coûts sur leurs prix de vente (80% vs. 72%).
Les projets d’investissement présentent une dynamique haussière
Les projets de croissance organique et externe des ETI semblent s’être libérés depuis décembre. Certes la part d’ETI ayant initié un projet de croissance organique, ou envisageant de le faire cette année, a diminué (2/3 vs. 3/4) mais les enveloppes comme le nombre d’emplois associés se sont significativement accrus. En matière de croissance externe, tous les indicateurs sont à la hausse : plus de 54% des ETI ont ainsi initié un projet de croissance externe ou projettent de le faire en 2024.
Ces projets se concentrent désormais nettement sur la France et le reste de l’Europe. Les ETI font elles-mêmes l’objet de projets de croissance organique puisqu’elles sont désormais plus de 6 sur 10 à avoir été approchées depuis le début de l’année (vs. 57%). Enfin, les enjeux de transformation environnementale concentrent particulièrement les efforts d’investissement des ETI : 3 sur 10 envisagent d’y consacrer au moins 10 M€ d’ici 2027. Pour ce faire, elles sont de plus en plus nombreuses à recourir aux prêts verts et obligations vertes (21% vs. 14%).
L’analyse de Nathalie Bulkaert-Grégoire, directrice générale adjointe de la Banque Palatine. « Les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont souvent considérées comme le moteur de l'économie française, alliant agilité, capacité de transformation, expertise et rayonnement international.
Le dynamisme entrepreneurial et la capacité d'innovation des ETI en font des « championnes » de la vitalité économique du pays. Les résultats de ce premier baromètre de 2024, année olympique, mettent en lumière la performance des ETI françaises. Elles sont, sur ces derniers mois, plus nombreuses à exprimer leur confiance en l’avenir.
Affutées, elles prévoient une tendance plutôt positive en matière d’augmentation de leur chiffre d’affaires grâce notamment, à une amélioration de leur carnet de commandes ; elles constatent des tensions moindres de leur trésorerie et un accompagnement soutenu du secteur bancaire puisque 9 ETI sur 10 obtiennent une réponse favorable à leurs demandes de financements. Leur résilience, leur gestion souvent familiale dotée d'une vision à long terme, de solides valeurs et leur culture d'entreprise les rendent suffisamment fortes pour engager en 2024 des projets de croissance organique pour 67% d'entre elles.
Rayonnantes en France et à l’étranger, elles sont là aussi près de 6 sur 10 à avoir un projet de croissance externe désormais exclusivement tourné vers la France et l’Europe.
Toutes ces bonnes nouvelles apportées par ce premier baromètre sont prometteuses pour « l’équipe de France des ETI » qui semble avoir fait sienne la maxime olympique Citius, altius fortius. »
Frédéric Coirier, PDG du groupe Poujoulat et co-président du METI, poursuit : « Ce premier Baromètre de l’année illustre à la fois la complexité de la conjoncture – entre la permanence de difficultés et la perspective d’améliorations – et la capacité des ETI à s’accommoder de cette complexité pour ne jamais cesser de se projeter. Aussi se trouvent-elles aujourd’hui au milieu du gué : leur avancée demeure perturbée, voire entravée par les contraintes qu’elles subissent depuis plus de 18 mois, mais elles continuent de faire le pari de l’avenir et d’investir. Convaincues de l’urgence de se transformer, elles font de leur décarbonation une priorité bien que confrontées à des vents contraires : surcharge normative avec la CSRD, difficultés de financement/de remboursement croissantes. Il faut souhaiter que ces vents contraires ne forcissent pas - notamment, que l’écosystème de compétitivité soit, a minima, préservé – pour que les signes d’amélioration perceptibles sur le plan de l’activité et de l’investissement se confirment et se concrétisent, et qu’à l’inverse les aléas de conjoncture ne viennent pas compliquer une situation financière déjà tendue dans un certain nombre de cas. »