Le recyclage est-il la meilleure des solutions pour lutter contre les déchets ? Réemploi, recyclage, upcycling… de quoi parle-t-on ?
La journée mondiale du recyclage se tiendra le 18 mars prochain. Si le recyclage fait indéniablement partie de l’économie circulaire, largement poussé par des mesures en faveur de l’économie circulaire comme en atteste la loi AGEC par exemple, il n’en demeure pas moins la dernière solution à envisager. Le plus important étant de limiter la production de déchets à la source. Quand cela n’est pas possible, le réemploi s’avère une solution bien plus efficace que le recyclage.
Vincent Raimbault, fondateur de muto, société à mission proposant un service clé en main pour le réemploi solidaire des matériaux évènementiel, propose de faire le point sur le sujet.
Faire du neuf avec du vieux oui, mais tout n’est pas recyclable : « En théorie, le recyclage est une solution louable mais elle est critiquable à de nombreux égards. En recyclant de façon industrielle, ne légitimons pas le fait de produire toujours plus de déchets ? N’alimentons-nous pas une économie de la surproduction ? Par ailleurs, le grand principe du recyclage est connu de tous, mais avons-nous vraiment conscience de ses limites ? En effet, n’est recyclable que ce qui est strictement trié, de la « mono » matière, saine et non mélangée. Or, si nous prenons l’exemple du secteur de l’événementiel, cela n’arrive quasiment jamais : pour fabriquer une cloison par exemple, il faut des vis (métal), du sapin (bois), du polyane (plastique) et du coton gratté (tissu). Il faut aussi savoir qu’on recycle mal ou pas du tout – 90% des moquettes recyclables ne sont pas recyclées - et souvent très loin, la moquette en Belgique ou le PVC en Autriche…. Finalement, le recyclage n’est-il pas une fausse bonne idée ? » explique-t-il.
Le réemploi, un cercle vertueux : « Pour pallier tout cela, il s’agit d’allonger le cycle de vie de la matière au maximum. Ce n’est qu’une fois qu’elle sera réellement hors d’usage qu’elle devra être recyclée. Grâce au réemploi, on récupère des matériaux qui allaient finir à la poubelle pour les transformer en nouvelles ressources, on supprime alors le coût environnemental lié à la gestion des déchets ainsi que celui inhérent à la fabrication du matériau neuf qui, sans l’action de réemploi, aurait été acheté en remplacement. Ce procédé a donc une double externalité positive ! », poursuit-il.
Prenons enfin le problème à sa source : produisons moins ! « Le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas. Cela pourrait bien être la définition même du concept de sobriété, qui est l’enjeu des prochaines années en matière de gestion des déchets. Il est urgent de prendre le problème à sa source et d’éviter de produire trop, plutôt que de s’échiner à traiter les déchets ! Pour reprendre l’exemple du secteur de l’événementiel, tous les matériaux sont neufs alors même que l’événementiel est par essence « à usage unique » (20 minutes de défilés, 2h de conférence…). Ces matériaux neufs qui n’ont servi que quelques heures vont pourtant finir à la poubelle. Le secteur doit évoluer et s’adapter aux enjeux écologiques actuels ! » conclut-il.