Observatoire du sens de l’argent Crédit Coopératif - Viavoice “Les femmes et les hommes face à l’argent”
Aujourd’hui, si en France la question de l’égalité entre les hommes et les femmes est acquise en droit, elle doit encore se concrétiser dans de nombreux domaines et dans les mentalités, notamment en ce qui concerne l’argent. Pour cerner les évolutions sociétales et leur impact sur cette question, cette nouvelle édition de L’Observatoire du sens de l’argent du Crédit Coopératif s'intéresse à cette thématique qui fait l’objet de nombreux débats au sein de la société française : les différences de genre. Les hommes et les femmes reçoivent-ils la même éducation concernant l’argent ? Les stéréotypes en la matière perdurent-ils ? Existe-t-il des différences de perception ?
Connaissances économiques : une différence significative entre hommes et femmes
Seule une moitié de Français (54%) ont le sentiment de comprendre comment fonctionnent les banques en général et l’économie et les mécanismes financiers en particulier (37%). Ces résultats mettent en lumière un décalage genré :
- 27% des femmes disent comprendre le fonctionnement de l’économie et des mécanismes financiers, contre 48% des hommes, soit une différence de 21 points.
- 48% des femmes déclarent comprendre le fonctionnement des banques, contre 60% des hommes.
- Un manque de confiance ressenti qui est aussi flagrant s’agissant des compétences « liées à l’argent » de manière générale : 67% des femmes se déclarent compétentes contre 76% des hommes.
Aussi, on observe que les femmes ont tendance à se sentir moins compétentes sur ces sujets même s’il ne s’agit peut-être que de perception.
Il est intéressant de mettre ces données en perspective avec la question de l’éducation. En effet, 1/4 des Français (25%) ont le sentiment que les garçons et les filles ne bénéficient pas de la même éducation s’agissant de l’argent. Mais les femmes de moins de 35 ans identifient davantage l’enjeu éducatif puisqu’elles sont 43% à être de cet avis.
Des stéréotypes qui perdurent et se retrouvent au sein des foyers
Concernant la gestion d’un budget, les Français sont partagés puisqu’ils sont 51% à considérer que les femmes gèrent mieux leur budget que les hommes. Mais ils sont également 33% à penser que les femmes sont plus dépensières et 22% à affirmer que les hommes investissent mieux leur argent que les femmes.
Ces stéréotypes en lien avec l’argent sont particulièrement ancrés chez les hommes : ils sont 42% à penser que les femmes sont plus dépensières alors que les femmes sont seulement 24% à partager cet avis. Par ailleurs, 27% des hommes considèrent que les femmes investissent moins bien leur argent, contre 18% des femmes.
Au sein des foyers, la nature des décisions financières prises demeure relativement genrée ; les décisions concernant les dépenses en lien avec les enfants (scolarité, argent de poche…) sont majoritairement prises conjointement (75%) mais 19% des femmes déclarent prendre seules ces décisions, contre 13% des hommes. Cette proportion a tendance à s’inverser lorsque l’on demande qui prend les décisions financières les plus importantes ; 22% des femmes déclarent prendre seules les décisions financières importantes, contre 28% des hommes.
Les femmes plus prudentes et moins dépensières contrairement à certaines idées-reçues mais aussi plus inquiètes et moins à l’aise
Les femmes se révèlent plus prudentes et moins promptes à la prise de risque. Si elles avaient davantage d’argent, les femmes seraient 75% à investir cet argent contre 69% pour les hommes. En conséquence, elles ne seraient qu’un quart (24%) à dépenser cet argent pour des achats courants contre 31% des hommes.
S’agissant des investissements, un rapport genré au risque apparaît : les hommes privilégieraient des investissements risqués à hauteur de 19%, là où seules 10% des femmes feraient ce choix.
Dans la sphère professionnelle aussi, l’étude indique des différences notables. Ainsi parmi les actifs, seules 4 femmes sur 10 s’estiment à l’aise pour parler d’argent avec leur hiérarchie (39%), contre 6 hommes sur 10 (58%).
L’argent évoque d’ailleurs des ressentis différents entre hommes et femmes : 58 % des Français considèrent que le rapport à l’argent varie suivant le genre. Un sentiment homogène quel que soit l’âge, le genre ou la catégorie socio-professionnelle des répondants) :
- L’argent est plus synonyme d’inquiétude pour les femmes (20%) que pour les hommes (13%). Cette association entre argent et inquiétude est peut-être à mettre en parallèle avec le fait que les femmes sont 41% à penser qu’elles auront plus de difficultés financières que les hommes en cas de coup dur (chômage, divorce…).
- L’argent est plus associé au pouvoir, par les hommes (33%) que par les femmes (23%).
Pascal Pouyet, directeur général du Crédit Coopératif, rappelle : « Nous avons lancé cette édition de l’Observatoire du sens de l’argent avec la conviction qu’il était intéressant d‘aller questionner les Français sur leur rapport à l’argent et les différences de genre perçues. En effet, en cohérence avec nos valeurs, l’égalité hommes-femmes est un enjeu qui nous tient à cœur. Les résultats de cette étude révèlent malheureusement la persistance de certains stéréotypes et l’existence d’un enjeu éducatif, mais il ne faut pas être fataliste. Nous sommes conscients qu’il reste du chemin à parcourir pour cette égalité femmes-hommes. A notre niveau, nous allons continuer d’agir pour faire bouger les choses dans le bon sens, notamment en interne en menant des actions de sensibilisation. Nous avons d’ailleurs obtenu en 2023 un index égalité professionnelle de 94 points. Nous avons également pour objectif de continuer à faire mieux comprendre à nos clients le fonctionnement de la banque, de ses produits et services, et du circuit de l’argent au Crédit Coopératif ».
« La cinquième édition de l’Observatoire du sens de l’argent aborde une question souvent taboue, celle des stéréotypes de genre et des clichées rattachés à la gestion de nos budgets, de nos investissements, mais aussi de la connaissance de notre économie et de ses outils financiers. Les résultats démontrent que nous devons lutter contre des clichés qui ont la vie dure et ne représentent pas la réalité, la formule familière de gestion « en bon père de famille » dit bien l’absence impensée des femmes dans ces questions essentielles de notre vie quotidienne. Nos établissements ont une responsabilité majeure pour aider à faire évoluer le regard et la réalité des choses sur le sujet de l’argent, souvent lié au pouvoir ou à sa symbolique. Rien ne changera durablement sans agir sur l’éducation au cœur de cet enjeu. C’est à nous de contribuer à relever ce défi, pour que l’égalité femmes hommes soit une réalité concrète, par la preuve que nous apporterons dans nos pratiques et dans nos actions d’information ou de sensibilisation », conclut Jérôme Saddier, président du Crédit Coopératif.