Résultats de l’étude mondiale Global M&A Industry Trends 2024
- Le volume des transactions de M&A a connu une baisse de 6% en 2023 au niveau mondial, marqué par un ralentissement des secteurs des biens de consommation et de l’immobilier.
- La France affiche un recul significatif de 30% du nombre d'opérations en un an, revenant ainsi au niveau antérieur à la période de pandémie de 2020.
- Le marché des transactions en valeur a également connu une baisse de 25% au niveau mondial et de 28% en France par rapport à l'année 2022. Seuls les domaines de la santé et de l'énergie affichent une progression sur le marché.
Le marché des fusions-acquisitions amorce sa reprise et se prépare à entamer une trajectoire ascendante, avec une croissance constante de l’activité tout au long de l’année à venir. Pour autant, les taux d’intérêt élevés et les défis macroéconomiques continuent d’exercer une pression à la baisse sur les rendements, ce qui rend la création de valeur plus importante que jamais pour les entreprises. Le cabinet de conseil et d’audit PwC dévoile ainsi les résultats de son étude mondiale Global M&A Industry Trends, qui revient sur les fusions-acquisitions de l’année 2023 et donne les perspectives pour 2024.
Évolution des transactions M&A en 2023 : un recul mondial suivi d’une reprise au dernier trimestre.
Au niveau mondial, le nombre de transactions a baissé de 20% au second semestre. Cependant, les valeurs sont reparties à la hausse au dernier trimestre 2023, notamment avec deux méga-deals dans le secteur de l’énergie.
En Asie-Pacifique, la diminution du volume des transactions est de 1% tandis que celle des valeurs de 26%. Le marché du M&A en Chine est toujours en recul et le Japon voit également son activité baisser malgré l’environnement d’investissement plus stable. L’Inde, dont les niveaux d’investissements étaient particulièrement élevés ces dernières années, a vu ses volumes baisser de 4% et ses valeurs de transactions de 70%.
En Europe, au Moyen-Orient et en Afrique (EMEA), l’étude révèle une diminution de 13% des volumes de transaction, qui reste cependant supérieure aux chiffres de 2019, et de 36% des valeurs, notamment du fait de la réduction du nombre de méga-deals. Cette baisse généralisée s’explique en partie par le contexte macroéconomique, les tensions géopolitiques et la baisse de confiance des acteurs du M&A.
Dans la région Amériques, les volumes de transactions ont baissé de 3% et les valeurs de 19%, mais le nombre de méga-deals reste stable en 2023 par rapport à 2022.
Des transactions mondiales en baisse mais de nouvelles perspectives pour 2024
Le montant en valeur des transactions mondiales a baissé de moitié en deux ans, passant ainsi de plus de 5 000 Mrds$ en 2021 à 2 500 Mrds$ en 2023. Les volumes des transactions ont également enregistré une baisse de 17% au cours de cette période, soit une diminution d’environ 10 000 transactions (plus de 65 000 transactions recensées en 2021 et environ 55 000 en 2023). Les transactions de taille moyenne ont, quant à elles, mieux résisté, notamment parce qu’elles sont plus faciles à réaliser dans le contexte actuel.
A contrario, le segment des méga-deals continue de chuter. Ces transactions, d’une valeur supérieure à 5 Mrds$, ont baissé de 60% en volume par rapport à leur pic de 2021 (150 transactions en 2021 et moins de 60 en 2023). Cependant, une nouvelle dynamique semble se mettre en place depuis quelques mois et plusieurs méga-deals ont été annoncés en janvier 2024 alors qu’il s’agit d’une période avec peu d’activité. L’étude souligne ainsi la volonté des acteurs du M&A de réaliser des transactions plus importantes et plus complexes cette année, avec un objectif de croissance, tout en générant des résultats durables.
Le marché des fusions-acquisitions franchit une nouvelle étape en 2024, marquée par l'émergence de conditions inédites auxquelles les acteurs devront faire face, qui met en lumière des disparités significatives entre les différents secteurs.
Des évolutions inégales selon les secteurs
Plusieurs secteurs affichent une reprise en 2023, à l’instar de l’aérospatial, la défense, les énergies, la pharmacie, l’automobile et la technologie. Cette reprise vient étayer les perspectives de croissance future, centrées notamment autour de l’IA, de la biotechnologie, de la santé des consommateurs et du courtage en assurance.
L'activité de M&A a amorcé une reprise au cours des derniers mois dans de nombreux secteurs. Dans le domaine de l'énergie, des services publics et des ressources (EU&R), la transition énergétique accélère la transformation des entreprises, se traduisant par un triplement des méga-deals en un an, selon le constat de PwC. Enfin, bien que les secteurs des services financiers et de la consommation connaissent un rebond plus lent des opérations, plusieurs opportunités de fusion-acquisition devraient susciter l'optimisme au cours de l'année 2024.
« Nous constatons un retour des signaux positifs sur le marché alors que les acteurs du M&A regorgent d'idées pour réaliser des transactions et accélérer la transformation. Je crois que ces facteurs - et un effet de rattrapage - devraient conduire à une reprise des fusions et acquisitions en 2024 », déclare Stéphane Salustro, Associé responsable des Activités Deals chez PwC France et Maghreb.
Une légère reprise qui n’exclut pas la prudence du marché
Les hausses répétées des taux d’intérêt au cours des deux dernières années semblent s’être récemment stabilisées. La reprise de l’activité M&A en 2024 s'explique également par le calme relatif observé dans les opérations d'introductions en bourse. Le volume mondial d’introductions en bourse a enregistré une baisse de
30% en un an, passant de 173 Mrds$ en 2022 à 121 Mrds$ en 2023, entraînant ainsi une augmentation du nombre d'entreprises en attente d'entrée en bourse. Dans ce contexte, le marché demeure prudent quant à la reprise des introductions en bourse, et les entreprises conservent la possibilité de choisir ou non de s'introduire en bourse.
Les transactions ont, par ailleurs, atteint un point d'inflexion. Les niveaux bas d'activité en matière de fusions-acquisitions en 2023 n'ont pas répondu à la demande des acheteurs et ont entraîné une accumulation d'actifs invendus. En ce qui concerne le Private Equity, environ 4 000 Mrds$ américains doivent être investis ou restitués aux Limited Partners, et environ 12 000 Mrds$ américains d'actifs sous gestion, soit presque le double par rapport à la période pré-pandémique.
S’adapter à un marché en constante évolution
Pour l’année 2024, les conclusions de l’étude indiquent que les PDG seront plus enclins à prendre des risques mesurés, élaborant ainsi une stratégie M&A visant à soutenir leurs objectifs de croissance et de transformation, en dépit de l'incertitude du contexte macroéconomique.
Par ailleurs, d’ici 2026, près de 300 Mrds€ de dettes LBO arriveront à échéance, provoquant ainsi un déséquilibre dans les structures de financement. Lors d'une prise de contrôle des entreprises par les prêteurs dans le cadre d'une restructuration, ces derniers seraient plus enclins à utiliser des outils de fusions et acquisitions ainsi que de refinancement pour soutenir le redressement. Ceci augmentera le nombre d'opportunités dans le domaine des opérations de fusions-acquisitions.
Anticiper et rester agiles pour se préparer à la reprise des fusions-acquisitions
Cette année, l’étude souligne également la capacité à réinventer le modèle d'entreprise comme une qualité fondamentale. La gestion des talents représente également un élément essentiel et déterminant dans le processus de création de valeur, en particulier dans le contexte de la course à l’IA et à la technologie.
Le marché du M&A devrait être, en 2024, hautement compétitif, soulignant ainsi l'importance de la réactivité. La préparation jouera un rôle clé et la rapidité deviendra un facteur de différenciation essentiel pour de nombreuses transactions. L’audace sera essentielle pour saisir les opportunités qui émergeront lors de la prochaine vague d’opérations de fusions-acquisitions. Il sera indispensable de relever les nouveaux défis et faire preuve d’agilité pour rester compétitif.