Lancés dans les années 60, les titres-restaurants aident plus de 5 millions de salariés à se restaurer ou acheter des produits alimentaires. Mais, depuis septembre, une start-up lyonnaise va plus loin et propose à ses utilisateurs de financer des projets agricoles via sa carte baptisée Coup de pousse. Avec l’idée, également, de recréer le lien perdu entre les Français et le monde agricole.
Canicule, pluies diluviennes, grêle…, chaque année de plus en plus d’agriculteurs doivent faire face aux conséquences directes du réchauffement climatique. Pour s’adapter, beaucoup choisissent de diversifier leurs activités ou optent pour renforcer leurs installations avec, par exemple, des toits plus résistants ou des ventilateurs pour lutter contre le gel. Mais, à chaque fois, ce sont plusieurs dizaines de milliers d’euros qui sont nécessaires pour pérenniser leurs exploitations. « L’un des moyens les plus simples, c’est l’obtention d’un prêt bancaire. Mais beaucoup d’établissements ne nous suivent pas. On nous demande d’avoir une vision à cinq ans, mais comment savoir à quel prix sera acheté la viande ou le lait d’ici-là ? Du coup, de nombreux agriculteurs n’obtiennent pas les financements souhaités », explique l’agricultrice Elsa Pivard.
Pour offrir une alternative à ces exploitants agricoles et les aider à financer leurs projets, une start-up lyonnaise a vu le jour officiellement en septembre dernier : Coup de Pousse.
Créée au sein de la cellule innovation de Groupama Rhône-Alpes Auvergne, elle propose aux entreprises une carte de titres-restaurants qui va plus loin que les solutions déjà en place sur le marché. « Notre innovation, c’est d’encourager les entreprises à se servir du titre-restaurant comme d’un levier RSE. Ils abondent notamment un fonds permettant de financer des projets de résilience agricole et alimentaire. Et les salariés peuvent eux aussi s’engager en se connectant sur leur application. Ils ont alors accès aux détails des différents projets et ils peuvent faire des dons », détaille Sophia Akhmatova, la co-fondatrice de Coup de Pousse.
Un objectif de 10 000 utilisateurs et des premiers projets financés dès 2024
Deux mois après son lancement, l’entreprise compte déjà plus de 250 détenteurs de sa carte titres-restaurants et ambitionne d’atteindre les 10 000 utilisateurs dans moins d’un an. « Avant de lancer cette entreprise, nous nous sommes immergés dans le quotidien des agriculteurs avec Roch Rochon du Verdier, le co-fondateur de Coup de Pousse. Nous les avons vus travailler plus de 80h par semaine, ce sont de véritables passionnés. Pourtant, en général, quand on entend parler de l’agriculture, c’est souvent de manière négative. Nous voulons changer cela et montrer que chacun peut agir pour demain. Il y a quelques décennies, nous avions tous dans nos familles des agriculteurs. C’était le cas de ma grand-mère. Mais, peu à peu, ce lien s’est perdu. Si nous pouvons aider, à notre échelle, à reconnecter quelque peu les Français à l’agriculture, à ce qu’ils mangent, nous aurons mené à bien notre mission », conclut Sophia Akhmatova.
Ainsi, cette entrepreneuse de 25 ans s’est fixée comme objectif de financer les premiers projets d’ici le premier trimestre 2024.