Entretien avec Nicola Ebmeyer, co-fondatrice de Gain.pro
Nicola Ebmeyer a quitté McKinsey en 2018 et s’est installée à Amsterdam pour fonder Gain.pro avec Frister Haveman. Leur plateforme fintech associe une technologie d'intelligence artificielle avancée à une recherche locale afin d’offrir aux professionnels du capital investissement des informations et des données de haute qualité sur les entreprises privées.
Vous avez créé Gain.pro il y a cinq ans. Quelles ont été vos motivations ?
J’ai grandi en Bavière en ayant toujours à cœur d’aller au bout de mes projets. Dans le cadre de mes précédents postes professionnels, j’ai pu constater que les professionnels de l’investissement en non coté manquaient cruellement d’informations pertinentes. En créant Gain.pro, nous répondons à un besoin fort, étroitement lié à une problématique extra-financière d’actualité : le manque de transparence des entreprises. Notre plateforme mobilise les travaux de due diligence de nombreuses entreprises et centralise les données tout en ayant recours aux technologies d’intelligence artificielle.
Qui sont vos clients ?
La plateforme répond aux attentes des professionnels de l’investissement et des dirigeants d’entreprise. On y retrouve donc de grands noms du private equity tels que CVC, KKR et Blackstone, ainsi que des cabinets de conseils internationaux en fusions et acquisitions, tels que Goldman Sachs, UBS et William Blair. Il en va de même pour des banques et les principaux cabinets de conseil et d’avocats.
Pourquoi avoir choisi les Pays-Bas pour créer votre entreprise ?
Il s’agit d’un petit pays très ouvert à l’entrepreneuriat, qui dispose d’une forte culture financière et où de nombreux deals s’opèrent chaque année. Nous avons pu y déployer notre formule de test en six mois à peine avant de diffuser notre offre en Allemagne, au Royaume-Uni et, à présent, en France. La France est un pays très important pour nous dans la mesure où le secteur de l’investissement en non coté y est particulièrement important. On y retrouve de nombreuses entreprises familiales et les opérations de fusions et acquisitions y sont nombreuses.
Où en êtes-vous et quels sont vos objectifs aujourd’hui ?
Au printemps 2022, nous avons levé 10 millions d'euros auprès de fonds d'investissement, montant qui a depuis été porté à 20 millions d’euros. Gain.pro compte aujourd’hui 250 employés et plus de 150 clients. Notre objectif est de nourrir notre croissance afin de devenir un acteur à l’expertise reconnue au niveau mondial. Gain.pro couvre toutes les entreprises du monde entier comptant plus de 10 employés. Pour toute entreprise de taille significative, nous fournissons à nos utilisateurs le premier jour de travail - environ 10 heures de recherche par nos analystes.
Quel regard portez-vous sur le contexte actuel ? Est-il porteur pour votre activité ?
Le private equity continuera de bien se porter. Il s’agit d’un marché qui gagne en maturité et sur lequel les investisseurs devront désormais être davantage vigilants dans le nouveau contexte de taux d’intérêt. Ils devront définir clairement leur « sweet spot » et identifier un angle d'attaque. En outre, il leur faut devenir plus actifs sur le plan opérationnel. Par exemple, pour stimuler la croissance, ils peuvent s'engager dans des stratégies « buy-and-build ». S’appuyer sur un réseau professionnel ne suffit plus, il faut désormais affiner les approches en augmentant la visibilité et en améliorant la diffusion et la captation d’informations. En résumé, Gain.pro est la plateforme que nous aurions aimé trouver lorsque nous étions nous-même investisseurs.
Propos recueillis par Thierry Bisaga