La crainte de réactions de la part des salariés et la persistance de politiques de rémunération inadaptées sont les principaux freins à une plus grande transparence des rémunérations en France
La directive sur la transparence des rémunérations adoptée en mars 2023 par le Parlement européen prévoit que les employeurs fournissent à leurs collaborateurs, sur demande, des informations sur les niveaux de rémunération moyens des salariés effectuant un travail identique. Les entreprises devront également afficher la fourchette de rémunération sur leurs offres d’emploi. Elles doivent se préparer dès maintenant pour se mettre en conformité d’ici la transposition de cette directive dans le droit français, le 7 juin 2026 au plus tard.
Dans ce contexte, les résultats de l’enquête sur la transparence des rémunérations, publiés par WTW en France, met en évidence les pratiques actuelles des entreprises dans le monde, et en France notamment, en matière de communication sur les rémunérations et les opportunités d’amélioration en faveur d’une plus grande équité salariale.
Une plus grande transparence salariale induite par la réglementation
L'importance croissante des critères ESG (65%) et les exigences réglementaires en constante évolution (61%) sont les principaux facteurs qui encouragent les entreprises françaises à renforcer leur niveau de communication en matière de rémunération.
Au niveau mondial, près de la moitié des entreprises (48%) partagent actuellement des informations sur la manière dont elles prennent leurs décisions en matière de salaire de base et 35% prévoient ou envisagent de le faire.
En France, environ deux organisations sur cinq communiquent déjà à leurs salariés des informations sur leur politique de rémunération, en adoptant généralement une approche globale, avec des adaptations locales si nécessaire.
Parmi celles qui ne communiquent pas sur ce sujet, plus de la moitié envisagent de le faire à l’avenir.
En outre, elles sont trois sur cinq en France à avoir déjà commencé à communiquer volontairement des données sur les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes, au sein de leur organisation, ou à envisager de le faire.
Concernant la directive européenne sur la transparence des rémunérations, 43% des entreprises en France prévoient de suivre les dispositions et le calendrier de l'Union européenne, tels qu'ils seront définis par chaque État membre. Elles sont cependant également 43% à déclarer qu’il est trop tôt pour le faire.
Seules 4% des organisations en France prévoient d’indiquer aux candidats la fourchette de rémunération pour le poste concerné, indépendamment des exigences réglementaires.
L’exemple américain, pays où les candidats sont les mieux informés sur les salaires
Au niveau mondial, parmi les entreprises qui communiquent déjà des informations salariales aux candidats ou qui prévoient de le faire, deux tiers (64 %) indiquent la fourchette de rémunération à l’embauche et 42% communiquent ou envisagent de communiquer l'intégralité de la grille salariale.
La diffusion d'informations sur les fourchettes de salaires à l'embauche est plus répandue aux États-Unis que dans tout autre pays ou région, du fait notamment de la réglementation, en vigueur dans plusieurs États, qui l’impose.
L’importance de la formation des managers
Les managers (73%) restent le canal privilégié par les entreprises en France pour communiquer auprès des salariés les politiques de rémunération, suivis par l’intranet (57%) et le portail RH (55%).
Elles ne sont cependant qu’un peu plus de la moitié (53%) à affirmer être efficaces dans la formation des managers sur la rémunération (58%) et l'équité salariale (48%), un chiffre supérieur à la moyenne mondiale (37%).
Des freins persistants
La crainte de possibles réactions de la part des salariés (59%) et la persistance de politiques de rémunération mal adaptées (50%) sont les freins à une plus grande transparence sur la communication des salaires en France les plus fréquemment cités.
Au niveau mondial, près de deux tiers des répondants (65%) qui prévoient de communiquer sur les niveaux ou sur les fourchettes de rémunération pensent d’ailleurs que cela suscitera une augmentation des questions de managers et salariés. Cependant, seule la moitié de ceux qui communiquent déjà font effectivement état d'une augmentation de ces questions.
Autres freins majeurs à la transparence des rémunérations : la disponibilité et la qualité des données (38%), la réaction du CSE (36%), ainsi que l’absence d’une architecture claire des emplois (33%).
« Il est primordial pour les entreprises de revoir leurs pratiques en matière de transparence des rémunérations afin de garantir une plus grande équité salariale et de se mettre en conformité avec la directive européenne. Pour atteindre ces objectifs, nous leur recommandons d’instituer une architecture claire des emplois et d’établir une approche cohérente de la divulgation des fourchettes de rémunération. Elles doivent également vérifier qu’elles disposent des bons outils et analyses nécessaires pour mesurer les écarts de rémunération. Enfin, il est essentiel de sensibiliser les parties prenantes en élaborant une feuille de route qui définisse les engagements et priorités. », souligne Laura Grouberman, Directrice de l’activité Work, Rewards & Careers chez WTW en France.