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Questions de gestion
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[Question de gestion] Le point marché d'Eric Bleines

"Les marchés capitulent en octobre... mais le pire n'est jamais certain !" 

Eric BLEINES, Directeur Général de Swiss Life Gestion Privée

Comment les marchés financiers ont-ils évolué le mois dernier ?

Eric BLEINES : L’aversion au risque a été particulièrement forte en octobre. Les statistiques ont montré que l’économie américaine ne ralentit pas autant que prévu. Le marché redoute ainsi que la tâche de la Fed ne soit pas terminée et que la hausse des taux se poursuive. Cela a poussé vers le haut les taux longs, le rendement des obligations du Trésor à 10 ans dépassant la barre des 5 %. En Europe, ces craintes d’un nouveau durcissement monétaire aux Etats-Unis se cumulent avec une saison des résultats d’entreprises qui a déçu les investisseurs, sur fond de ralentissement économique.  On a donc assisté à une capitulation des marchés en octobre, très marquée de ce côté-ci de l’Atlantique : le CAC 40 a perdu 3,5 % et le Dax, 3,75 %, contre -2,78 % pour le Nasdaq et -2,20 % pour le S&P 500. Les indices chinois et japonais corrigent, quant à eux, de plus de 3 %. A l’inverse, l’or progresse de 7,34 % sur le mois.

Quels pans de la cote ont le plus particulièrement souffert ? 

Eric BLEINES : Les petites et moyennes valeurs ont davantage corrigé que les plus grandes, puisqu’elles ont perdu 4,3 % en octobre. Sur l’ensemble de l’année, elles chutent de plus de 13 %, quand le CAC 40 progresse de près de 10 %. Elles souffrent du ralentissement économique européen, qui pèse davantage sur des entreprises très tournées vers les marchés domestiques. Puisqu’elles sont moins liquides, leur cours a également tendance à décrocher plus fortement. Au sein des grandes capitalisations, toutes les valeurs ne sont pas non plus logées à la même enseigne. Les plus endettées, comme Alstom, Unibail ou encore les services aux collectivités et les biotechs, sont pénalisées par la hausse des taux. On constate aussi de très fortes divergences entre valeurs d’un même secteur. Les exemples sont nombreux : depuis le début de l’année, Hermès gagne 21.8% quand Kering perd 19.4%. De même, Accor progresse de 28.8 %, contre une baisse de 46.8 % pour TUI.  On trouve des cas similaires dans la restauration d’entreprise, la cosmétique, la banque… Ce sont les valeurs de qualité qui tirent leur épingle du jeu, tandis que les entreprises dont les résultats déçoivent sont très fortement pénalisées en Bourse.

La situation reste-t-elle toujours aussi dégradée début novembre ? 

Eric BLEINES : Les marchés ont rebondi depuis le début du mois. Le président de la Fed, Jerome Powell, a tenu un discours rassurant, tandis que la secrétaire du Trésor américain, Janet Yellen, a annoncé que les Etats-Unis lèveraient moins de dette que prévu, ce qui, là aussi, a atténué les craintes des investisseurs quant à la capacité de remboursement du pays. On a donc assisté à une détente sur les rendements à 10 ans américains, qui ont reflué de près de 50 points de base, et à un rebond des Bourses, avec par exemple le CAC 40 qui a redépassé les 7100 points. Après avoir vu le verre à moitié vide en octobre, les marchés semblent se dire que finalement, le pire n’est jamais certain.

Qu'est-ce qui va guider les marchés l'année prochaine ? 

Eric BLEINES : Il semble désormais clair que la hausse des taux se diffuse à l’économie, même aux Etats-Unis comme le montre la baisse du taux d’épargne des ménages. Sauf si le pétrole flambe, on devrait commencer à parler de baisses de taux courant 2024. L’an prochain, les Bourses devraient donc être tiraillées entre les effets positifs du reflux de l’inflation sur l’évolution des taux et les effets négatifs du ralentissement de l’activité sur les résultats des entreprises, mais pour nous c’est l’effet baisse des taux qui devrait prédominer et donner de l’oxygène aux marchés.

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