Semaine de la Finance Solidaire du 13 au 20 novembre
Une épargne qui séduit pourtant 1 français sur 4 mais qui pâtit d’un manque important d’information
A quelques jours de la semaine de la finance solidaire, France Active, FAIR et OpinionWay ont sondé pour la deuxième année consécutive les Français sur l’épargne solidaire. Dans un contexte marqué par l’inflation et un pouvoir d’achat en berne, quelles sont leurs intentions d’épargne pour 2024 ? Qui sont les personnes intéressées par la finance solidaire ? Pour quelle finalité ? Pour quels types de projets soutenus en priorité ? …
Pourtant essentielle à la vie économique et sociale de la France et de ses territoires, l’épargne solidaire doit encore faire face à de nombreux freins. Idées reçues qui perdurent, manque de connaissances sur les produits solidaires et leur finalité, l’enquête révèle qu’il est surtout urgent de mieux informer les Français.
1/ Dans un contexte économique tendu, des prévisions d’épargne en baisse mais des signaux positifs en faveur de l’épargne solidaire
Dans le contexte économique actuel, 61% des Français disent qu’ils ne vont pas ou qu’ils vont moins épargner en 2024, soit une baisse de 8 points en 1 an.
Parmi ceux qui peuvent épargner (39% des Français envisagent d’épargner plus ou autant que l’an dernier), c’est précisément le contexte économique, et notamment leur crainte pour l’avenir, qui les motive, loin devant le financement de nouveaux projets (immobilier, voyage, études, …).
Concernant le type de placement de leur épargne :
- 1 Français sur 4 souhaite qu’il ait une finalité solidaire (25%), dont 11% de manière exclusive, uniquement dans le but de soutenir le développement économique de leur territoire ou de contribuer à la réussite de projets solidaires dans leur région. Une volonté encore plus forte chez les jeunes (20% chez les moins de 35 ans, +2% vs 2022).
- Près de 3 Français sur 4 recherchent avant tout à sécuriser leur patrimoine et à faire fructifier leur argent.
S’ils devaient investir dans l’épargne solidaire,
- 31% des Français privilégieraient en premier des projets qui répondent aux défis environnementaux
- 19% des projets qui favorisent l’emploi des personnes qui en sont les plus éloignées
- 21% des projets qui favorisent le lien social et réduisent les inégalités
- 18% des projets qui permettent le développement économique des territoires.
Notons enfin que 46% des Français se disent prêts à se montrer patients et à investir sur des projets rentables à moyen ou long terme (+2 points vs 2022), un chiffre qui grimpe à 64% chez les 18-24 ans.
2/ Le manque d’information, premier frein auquel doit faire face l’épargne solidaire
Et pourtant, l’intérêt pour l’épargne solidaire stagne faute d’informations suffisantes, avec :
- 67% des Français se sentent mal informés sur les projets concernés par ce type d’épargne - 66% ne savent pas comment l’argent est utilisé et investi
- 66% n’ont pas d’idée sur sa rentabilité
- 64% ne connaissent pas les produits existants pour ce type d’investissement
Selon le directeur général de France Active, Denis Dementhon : « Aujourd’hui, 25% des Français recherchent une finalité sociale et solidaire à leurs placements. Il est donc crucial de continuer à les informer pour qu’ils passent tous à l’acte ! En effet, l’actualité a mis récemment en lumière les difficultés de nombreuses associations de solidarité. Or, l’épargne solidaire est justement réinvestie dans des associations ou des entreprises, dont les projets sont utiles à la société et porteurs de transformations sociales et écologiques. Nous les aidons à jouer leur rôle face aux défis auxquels nous devons faire face collectivement. Près de 7 français sur 10 ont le sentiment d’être mal informés sur l’utilisation de cette épargne ou sa rentabilité. Cela nous oblige à faire davantage de pédagogie et à montrer toute l’utilité de l’action des bénéficiaires sur nos territoires ».
3/ L’épargne solidaire en chiffres
En 2022, l’épargne solidaire des Français collectée via l’épargne salariale solidaire, les banques et mutuelles d’assurance ou encore via l’investissement dans une entreprise solidaire, représente 26,3 Mrds€ au 31/12/2022 (source : Observatoire de la finance à impact social de FAIR). Par rapport à l’année précédente, l’encours de l’épargne solidaire a donc augmenté de 1,8 Mrd€ (+7%).
Si les encours augmentent chaque année, la part du solidaire dans l’épargne des Français reste en revanche très faible : l’épargne solidaire représente 0,45% de l’épargne totale des Français.
Du côté des financements, l’épargne solidaire a permis de verser 4,8 M€ de dons à des associations et de générer 841,5 M€ de financements solidaires pour soutenir plus de 1 590 projets à impact social ou environnemental.
Et qu’en est-il de la rentabilité des produits financiers ?
Les placements financiers solidaires offrent une double rentabilité :
- Une rentabilité sociale pour commencer : leur souscription a permis en 2022 de loger 1 440 personnes, d’approvisionner 8 381 foyers en énergie renouvelable, de mettre à disposition 1 559 hectares d’agriculture biologique dans l’année, de soutenir plus de 90 agriculteurs, etc.
- Mais aussi une rentabilité financière, grâce à leurs performances financières et aux avantages fiscaux auxquels certains produits d’épargne solidaires donnent droit.
Patrick Sapy, Directeur général de FAIR qui gère le label Finansol, rappelle : « Les enjeux de financement des entreprises de l’ESS sont à la hauteur des défis auxquels elles doivent répondre : exclusion, fractures territoriales, changements climatiques, solidarité à l’international, etc. A titre d’exemple, les besoins de financement supplémentaire liés à la transition écologique sont estimés à 66 milliards d’euros par an.
Depuis 40 ans, la finance solidaire propose une réponse pertinente à ces enjeux : en reliant directement les épargnants à des projets d’utilité sociale et environnementale, elle les mobilise concrètement au service d’un monde plus juste. L’argent reste un outil puissant pour changer le monde, pour peu que l’épargne soit correctement fléchée.
Il est urgent que tous les acteurs, entreprises de l’ESS, acteurs financiers, régulateurs, se mobilisent pour répondre aux attentes légitimes des citoyens et leur fournissent un cadre règlementaire adapté et des informations accessibles. Chez FAIR, c’est la mission que nous poursuivons, notamment avec le label Finansol, unique label français de finance solidaire, réelle boussole pour les épargnants engagés dans un monde complexe. »
4/ Parcours de l’épargne : de l’épargnant au projet financé
5/ En mobilisant l’épargne solidaire, France Active lance une nouvelle offre d’investissement
Dans le climat économique actuel, certaines structures de l’ESS connaissent des difficultés croissantes, dû au fait notamment, du renchérissement des coûts de production et d’un resserrement de l’accès au crédit. D’autres y voient des opportunités de développement pour répondre à de nouveaux besoins sociaux et écologiques. C’est dans ce contexte particulier que France Active annonce un renforcement de son soutien financier avec une nouvelle offre d’investissement en mobilisant tout le potentiel de l’épargne solidaire de nos concitoyens.
Cette nouvelle offre a pour but d’aider les entrepreneurs engagés à pérenniser leurs structures, à franchir des caps et à changer d’échelle, grâce à différentes solutions :
▪ Des financements accessibles et adaptables aux acteurs de l’ESS : taux d’intérêts, modalités de remboursement ajustables, plafond d’intervention allant jusqu’à 2 M€.
▪ Des capitaux patients avec pour certains produits financiers des taux de remboursement révisables à la baisse, en fonction de l’atteinte d’objectifs sociaux et environnementaux et des solutions de long terme afin de préserver le développement des structures.
▪ Un accompagnement et des interventions sur les phases clés de leur développement afin de favoriser et sécuriser leurs transitions.
▪ Une capacité de mise en réseau des dirigeants avec les acteurs financiers et économiques, tant au niveau national que dans les territoires. (140 points d’accueil de France Active, en métropole comme en Outre-mer)
6/ Exemples d’associations et d’entreprises bénéficiaires de l’épargne solidaire
En 5 ans, France Active a mobilisé 200 M€ au profit de plus de 2 000 structures de l’Économie sociale et solidaire dans leur projet d’entreprise. Ces structures ont un taux de pérennité à 5 ans de 87% contre 61% pour l’ensemble des entreprises (Insee).
3 exemples d’entreprises et associations soutenues par France Active
- Jardins de Solène dans le Vaucluse. Cette structure en SAS a développé un Foodhub ESS, un écosystème alimentaire local, durable et inclusif qui connecte les producteurs locaux aux consommateurs. Dans leur atelier de 350 m², ils transforment des fruits et légumes déclassés, voués à la destruction, en aliments frais et prêts à cuisiner. En 2022, ils ont revalorisé plus de 75 000 kg de produits et fournis plus de 620 000 repas à des hôpitaux, maisons de retraite, crèches... En plus d’encourager une économie de proximité et des circuits courts d’alimentation responsable, les jardins de Solène favorisent l’insertion professionnelle de personnes en situation de handicap.
- Centre Hélène Borel dans les Hauts-de-France. Une association qui depuis les années 60, permet d’améliorer les besoins des personnes, présentant des troubles physiques, en les aidant à vivre dignement malgré leur souffrance et leur perte d’autonomie grâce à des soins appropriés. Un soutien empreint d’humanité, afin que la personne en situation de handicap puisse occuper dans la société une place reconnue et approuvée. Le centre Hélène Borel gère aujourd’hui 11 établissements et s’apprête à ouvrir un village de répit en famille permettant au couple aidant/aidé de partir ensemble sur un temps plus ou moins long dans un même lieu, sans rupture et en toute sécurité grâce à un accompagnement différencié.
- Plateau Urbain à Paris. Une coopérative (SCIC) d’urbanisme temporaire, qui propose à des acteurs culturels, associatifs et de l’ESS, des espaces de travail à des prix entre 50 et 70% inférieurs à ceux du marché immobilier classique. En optimisant le foncier vacant il redynamise les friches, favorise la sobriété foncière et contribue à lutter contre l’artificialisation des sols. Depuis sa création il y a 10 ans, Plateau urbain a accueilli plus de 1 300 structures sur plus de 100 000 m² et a permis à plus de 2 000 personnes en situation de précarité de bénéficier d’un hébergement d’urgence.