Le secteur de la logistique se caractérise par de très puissantes dynamiques, notamment en lien avec le développement du e-commerce et la transition écologique. Il oblige en cela à une veille variée, constante et à 360°.
Par Arnaud Marquant, Directeur des opérations de KB Crawl SAS
Consistant à gérer tout ce qui concerne le transport et le stockage des produits d’entreprises, le secteur de la logistique connaît actuellement des évolutions sans précédent. Déjà en croissance avant la pandémie sanitaire des années 2020-2021, il fait face depuis trois ans à de très puissantes mutations. Les dynamiques à l’œuvre sont d’abord qualitatives : en France, la filière compte 1,8 millions d’emplois (soit 4 fois plus que la filière automobile par exemple), représente 200 M€ de chiffre d’affaires et produit 10% du PIB national. Elles sont également de nature qualitative : le secteur logistique, grand consommateur d’énergie, est directement impacté par les transitions écologique et numérique.
Une veille variée : marketing et innovation
Ce contexte rend la veille logistique particulièrement varié. Pour l’exprimer autrement, il existe une multitude de thématiques de veille autour de la logistique, des transports et de la distribution.
La première est la veille marketing. Surveiller son marché, ses concurrents, les tendances émergentes chez les clients, les nouvelles offres, relève d’un prérequis. Il est également central de se focaliser sur les aspects innovants de la logistique, que ce soit en lien avec les modes de transport ou encore avec le stockage des produits. Nous sommes ici en prise directe avec des thématiques telles que la livraison du dernier kilomètre, les modes de transports doux ou encore la multimodalité. Tous sont à surveiller !
Aspects internationaux et compliance
Dans le même temps, il convient de conserver un regard critique sur les aspects internationaux, tout particulièrement règlementaires. Relativement bien maîtrisés à l’échelle hexagonale, ceux-ci sont plus difficiles à capter à l’échelle mondiale. Est-on bien conforme à la règlementation en vigueur dans tous les pays où l’entreprise intervient ? C’est un premier point. Il faut également savoir anticiper, c’est-à-dire veiller les leaders d’opinion étrangers. Dans quelle mesure leurs prises de parole augure-t-elles de changements à venir ?
Il existe encore une autre dimension de la veille, à laquelle on pense habituellement peu : la veille compliance. Cette action consiste à se renseigner sur le respect des entreprises avec lesquelles l’on travaille vis-à-vis des normes juridiques et éthiques qui leur sont applicables. Les biens que l’on est amené à transporter sont-ils bien en règle ? Les sous-traitants ou les partenaires avec lesquels nous faisons affaire sont-ils pérennes financièrement ? Autant d’aspects à surveiller.
Des changements profonds à toutes les échelles
Ces actions de veille à 360° nous montrent combien le secteur de la logistique connait actuellement des changements rapides et profonds, et ce tous azimuts. Nous sommes confrontés ici à des évolutions tout à la fois conjoncturelles et structurelles dont il convient de mesurer la très grande portée.
Conjoncturellement, le secteur ne cesse de se réinventer. Prenons l’exemple du packaging des produits, notamment des parfums. L’enjeu logistique consiste à être en capacité d’en assurer un stockage dans de bonnes conditions, mais aussi à faire en sorte que les emballages ne souffrent pas trop des multiples manipulations dont ils vont être l’objet entre le moment de la fabrication et la livraison chez le client final. Les matériaux de packaging sont ainsi au cœur de l’intérêt manifesté par les veilleurs. Il convient de connaître quels sont les nouveaux matériaux utilisés, ceux qui seront en capacité d’allier robustesse et légèreté. Ces matériaux peuvent-ils, en plus de cela, être durables ? Tel est précisément le propos d’une veille sur la R&D…
Vers une révolution structurelle
Mais c’est surtout structurellement que le secteur de la logistique et des transports est appelé à connaître une révolution majeure dans les années qui viennent. Car si le e-commerce a fait évoluer les flux, les modalités durables de transport sont en passe de le faire aussi. Avec une flotte de moins en moins thermique et de plus en plus électrique, le domaine logistique est en train d’engager l’une des plus importantes mutations de son histoire. Qui aurait dit, il y a 5 ans, que le diesel ne serait plus roi dans ce secteur ? En 2040, près de 100% des camions qui transportent nos marchandises seront électriques…
Il faut également veiller en profondeur les aménagements routiers à venir. Eux aussi sont susceptibles de connaître des innovations radicales, à l’image du système de la route électrique dont l’Etat étudie actuellement l’articulation avec le transport routier. De telles réflexions ne peuvent être ignorées par les acteurs de la logistique et des transports, tant les options stratégiques à opérer seront orthogonales lorsque le changement de paradigme aura été entériné juridiquement.
Dans un monde connaissant de profonds bouleversements, le secteur de la logistique, dont les modalités d’actions sont très concrètes, se trouve aux avant-postes. Fabrication, stockage, transports… C’est une chaîne complète - et complexe - d’acteurs qui se trouve mobilisée, avec des changements profonds attendus à de multiples niveaux. Déjà sur le qui-vive, les professionnels de la veille devraient le rester, et ce pour de nombreuses années encore…