VerbaTeam alerte sur les enjeux de santé et les inégalités qui subsistent
La santé des femmes souffre encore aujourd’hui de nombreux clichés et tabous empêchant une prévention efficace en entreprise. C’est ce que confirme un récent rapport du Sénat, publié en juin 2023, qui révèle le déficit persistant d’approche genrée en matière de santé au travail. Cela a pour conséquence l’insuffisance de la prévention en faveur de la santé des femmes au travail.
Selon les experts de Verbateam, acteur dédié à la prévention santé en entreprise, il est temps de changer de regard sur la santé des femmes pour mieux orienter les programmes de prévention en entreprise. Mais avant d’agir, il convient de mieux connaître les clichés et les freins qui persistent autour de la santé des femmes. Selon le baromètre Vivavoice sur les inégalités hommes-femmes en matière de santé publié en 2019, 35% des femmes ont le sentiment de subir des clichés ou stéréotypes lorsqu’il s’agit d’aborder leurs problématiques de santé.
« Aujourd’hui, les entreprises doivent aborder la question de la prévention santé en fonction de l’impact des risques professionnels sur les hommes et les femmes. Dans le cas contraire, elles risquent de creuser des inégalités existantes, d’avoir des programmes de prévention incomplets et qui n’apportent pas les résultats attendus. Une politique différenciée aura bien plus de poids et d’efficacité car elle prend en compte la réalité de chacun. Il y a cependant un équilibre à trouver afin d’aborder les sujets de manière équitable entre les hommes et les femmes et ceci au bénéfice de tous », explique Géraldine Mandefield Dirigeante et Fondatrice de VerbaTeam.
Alors que ce mois d’octobre est marqué par Octobre rose, la journée de la Santé Mentale et la journée des Aidants, les experts de Verbateam font le point sur les clichés, et les principaux freins à la santé physique et mentale des femmes en entreprise dans un livre blanc à paraitre le 25 octobre 2023.
Cliché n°1 : « Les femmes vivent plus longtemps que les hommes et elles sont donc en meilleure santé naturellement. »
Il est vrai que les femmes vivent plus longtemps que les hommes. En France en 2022, l'espérance de vie à la naissance s'établit à 93 ans pour les femmes et à 90 ans pour les hommes, selon les projections de l'Insee. Ces quelques années de vie supplémentaires des femmes ne sont pas toujours associées à une très bonne santé. Les raisons sont diverses, mais la principale est une tendance générale à minimiser ou à méconnaître leurs pathologies.
Cliché n°2 : « Les femmes sont mieux suivies que les hommes »
Il s’agit d’un cliché que nous entendons fréquemment sur la santé des femmes. Elles seraient mieux suivies que les hommes en raison des grossesses et des contrôles gynécologiques annuels. En réalité, les femmes s’oublient ! 81% d’entre elles font passer la santé de leurs proches avant la leur et repoussent le moment de consulter. Elles ont ainsi un suivi médical en pointillés et une prévention « bricolée ». Ce constat révélé en 2021 par l’étude inédite d’AXA Prévention est encore plus vrai pour les femmes dont le niveau de vie est plus modeste que la moyenne des Français. 53% des femmes CSP- déclarent faire un suivi gynécologique régulier contre 67% des femmes CSP+. Ce manque de prévention entraîne notamment des retards de diagnostic.
Cliché n°3 : « Les femmes sont moins exposées aux maladies cardiovasculaires que les hommes »
Un autre cliché est que les femmes seraient mieux protégées contre les maladies cardiovasculaires du fait d’une consommation moindre que les hommes de tabac et d’alcool. Leurs spécificités hormonales auraient également des effets protecteurs. Or, les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez les femmes en France. Pourtant, les femmes n’en ont pas conscience : 74% d’entre elles ne le savent pas selon la Fédération Française de Cardiologie. Ainsi, en France, 200 femmes meurent chaque jour de maladies cardiovasculaires. Par ailleurs, les signaux d’alerte d’un accident cardiaque chez les femmes peuvent être atypiques. Hélas, lorsqu’elles ressentent des douleurs annonçant un infarctus, elles appellent les secours en moyenne 15 minutes plus tard que les hommes. Ce retard de diagnostic diminue leur chance de survie. En effet, les femmes meurent plus fréquemment d’un accident cardiaque que les hommes alors qu’elles en sont moins victimes.
Cliché n°4 : « Les femmes exercent des métiers moins pénibles que les hommes, elles sont donc moins exposées aux accidents et aux maladies professionnelles. »
Dans son rapport publié en 2020, par le Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes celui-ci montre que les femmes sont plus sujettes aux TMS (54%) que les hommes (46%). Ce chiffre monte même à 60% dans le rapport publié par le Sénat sur la santé des femmes au travail qui a été publié en juin 2023. Dans ce même rapport du Sénat, il est indiqué qu’on recense 3 fois plus de signalements de souffrance psychique chez les femmes, et que 20% des femmes ont subi au moins un fait de violence (agression, harcèlement, Violences Sexistes et Sexuelles) dans le cadre du travail au cours de l’année écoulée.
Entre 2001 et 2019, l’Anact a constaté une baisse de 272% des accidents du travail chez les hommes et une hausse de 41,6% des accidents du travail chez les femmes sur la même période (en majorité dans les secteurs de la santé, de l’action sociale, du nettoyage, du travail temporaire, des services de commerce et de l’industrie alimentaire.)
Et encore de nombreux tabous
- La ménopause, l’endométriose, le cycle menstruel…
De nombreux sujets concernant la santé des femmes sont méconnus voire encore tabous. Les règles douloureuses en sont un notamment dans le monde du travail. À l’heure actuelle, aucun traitement curatif n’est disponible. En revanche, des solutions commencent tout juste à voir le jour pour permettre à ces femmes de concilier leur état de santé et leur travail. La ménopause est également encore un sujet trop peu souvent abordé notamment dans le monde de l’entreprise. Pourtant, elle concerne environ 500 000 femmes chaque année et 14 millions de femmes en France (selon le rapport du Sénat).
- La précarité et le statut d’aidant ...
La précarité représente un réel frein à la prévention santé, à l’accès aux soins et à la prise en charge médicale. Les femmes représentent 64% des personnes qui reportent des soins ou y renoncent, soit près de 9,5 millions de femmes chaque année.
Les femmes sont souvent en première ligne pour accompagner des parents vieillissants tout en s’occupant encore de leurs enfants voire de leurs petits-enfants. Cette génération de femmes, âgées entre 45 et 70 ans est souvent qualifiée de génération « pivot » ou « sandwich ». En effet, selon le rapport du Sénat publié en juin dernier, 57% de femmes assurent la fonction d’aidante. Des femmes qui sont encore actives et doivent ainsi concilier leur travail, le soutien auprès de leurs enfants et assurer le rôle d'aidante auprès de leurs parents âgés. Elles sont donc plus sujettes aux risques dont l’épuisement, le syndrome d’épuisement professionnel, l’isolement, etc.
Effectivement, selon les résultats des études Kantar pour AXA réalisées dans le cadre du livre blanc des salariés aidants, il s’avère que la fatigue et la charge mentale sont les éléments qui pèsent le plus en entreprise, notamment pour les femmes. En effet, 57% des salariés aidantes déclarent que la fatigue est la difficulté principale rencontrée dans la vie professionnelle et pour 45% d’entre elles, il s’agit de la santé mentale.
« Aborder la prévention santé en levant les biais de genre est également une façon d’être cohérent avec les politiques d’inclusion et de RSE qui sont de plus en plus déployées dans les entreprises. La prise en compte de la santé des collaborateurs dans leur diversité sera mieux accueillie et aura plus d’impact que l’uniformisation des actions et des messages qui risque au final de ne parler à personne », conclut Christel Schmuck, Responsable Conseil RH et Prévention chez Verbateam
A partir du 25 octobre 2023, retrouver ICI le livre blanc « Santé des femmes : comment lut ter contre les idées reçues et les inégalités en entreprise ? ».