Les points de vue divergents de deux entrepreneurs français sur le sujet.
I - Paul Courtaud, CEO de Neobrain, scale-up de la HR Tech utilisant l’IA pour accompagner le collaborateur dans sa carrière, et pour aiguiller les RH et les dirigeants dans leur stratégie de recrutement, de formation, de mobilité interne.
Neobrain était en 2018, un des premiers acteurs français à travailler sur l’IA en France ; l’entreprise est même reconnue comme un véritable laboratoire et centre de recherche européen en IA (équipes basées au Portugal).
Paul Courtaud a récemment publié le livre « Will AI Replace Me ? » bientôt disponible en français. Selon lui : « L’AI Act européen s’apparente à une « prison pour l’innovation. Actuellement, sur les 20 IA les plus en vogue mondialement (ChatGPT, Poe, Perplexity…) aucune ne porte le label européen. Avant même d’avancer, nous nous restreignons et diminuons de fait notre capacité d’innovation. Prenons un exemple : l’AI Act met l’accent sur la transparence, classant les Large Langage Models parmi les plus risqués. Or, dans le cadre d’une collaboration avec une multinationale américaine, nous avons combiné un LLM à un autre algorithme et cela a permis d’augmenter la sélection de profils dits « atypiques » de 2 à 15%. Ironique, non ? »
Pour résumer son propos, l’Europe a la capacité, les talents et la vision pour être leader en matière d’IA. Mais pour y parvenir, elle doit trouver le subtil équilibre entre encadrement et liberté d’innovation. Il faut faire preuve d’audace pour avancer, innover avant de restreindre.
II - Maxime Cariou, CEO de T.O.P., start-up à l’origine d’une solution basée sur l’IA et visant à prédire les démissions en entreprise et à réduire ainsi le turn-over.
T.O.P. fait partie du Hub France IA et contribue aux recherches sur l’éthique de l’IA en France et en Europe.
Selon Maxime Cariou, la situation est moins critique et l’AI Act semble aller dans le bon sens, car les entreprises et le grand public ont besoin d’être rassurés sur ces questions. « Les répercussions de l’AI Act seront sans aucun doute positives : démocratisation des usages et des produits, mais également différenciation d’une IA (RH pour ce qui nous concerne) reconnue et normée, sur la scène mondiale, au nvieau de l’OCDE, tout comme la RGPD qui est devenue une norme internationale. Si un certain retard a peut-être été pris du côté de l’Europe, par rapport à la Chine et aux Etats-Unis (beaucoup plus libérés sur le sujet), il peut être rattrapé. Mais il faut bien sûr, que les états européens continuent d’investir massivement sur les acteurs IA afin qu’ils soient en mesure d’innover et de scaler le moment venu. »
Comme vous le percevez, ces deux acteurs, experts de l’IA, ont deux positionnements différents sur ce sujet, qui cristallise de nombreuses attentes, tant du côté des entreprises innovantes qui développent des outils basés sur ces technologies, que du côté des utilisateurs finaux.