Medicen Paris Region et Ayming publient les résultats du baromètre des grandes tendances de l’innovation en santé.
- La filière santé, une filière particulièrement complexe à cartographier, comptabilise +1 440 sociétés healthtech et 53 641 emplois, avec 40% des financements privés sur la période 2020-2022, et un montant moyen qui augmente largement en 2022.
- 75% des projets de santé numérique ne sont pas financés, malgré un soutien public majeur.
- La Région Ile-de-France se caractérise par des filières healthtech dynamiques dont les axes « Biothérapies et Bioproduction » et la « Chirurgie du Futur ».
Devenir la première nation européenne innovante et souveraine en santé : tel est l’objectif du Gouvernement qui s’est attelé à la création de bioclusters et de nouveaux Instituts hospitalo-universitaires (IHU), illustrant un effort financier de l’Etat pour accélérer la recherche et l’innovation en santé. Depuis les annonces du plan France 2030, lancées en octobre 2021, où en sommes-nous ? Quelles tendances à venir ?
A l’occasion de son évènement annuel Medicen Day, le pôle de compétitivité Medicen Paris Region dévoile, en partenariat avec le cabinet Ayming, les résultats de son baromètre des grandes tendances de l’innovation en santé sur le territoire francilien et français.
« Nous sommes ravis de présenter le baromètre des tendances de l’innovation santé et de valoriser les atouts de notre écosystème francilien. Pour cette seconde édition, nous avons voulu analyser les dynamiques de financement de l’innovation santé. Le Medi’Scope est un réel outil de réflexion pour alimenter nos priorités stratégiques et celle de la Région Ile-de-France », commente Julien Ettersperger, Délégué Général Adjoint de Medicen Paris Region.
L’Île-de-France : un territoire dense d’acteurs et d’emplois avec des hétérogénéités et des spécificités
En travaillant avec les acteurs de terrains de l’écosystème, Medicen et Ayming ont souhaité apporter un éclairage sur ce qui caractérise le territoire francilien.
Ce travail montre que la santé, à l’inverse d’autres filières, est particulièrement complexe à cartographier.
Ainsi, si plus de 1 440 sociétés de la healthtech et 53 641 emplois sont identifiés, ces chiffres sont largement sous-évalués et doivent être mis en relief avec deux observations :
- 45% des emplois identifiés sont invisibles des analyses classiques par code d’entreprise.
- 50% des emplois de la filière ne sont pas retrouvés dans cette cartographie terrain.
Medicen et Ayming ont également analysé les pratiques en financement de l’innovation santé à travers une analyse des données de levées de fonds et des financements publics des acteurs franciliens. Sur la période 2020-2022, les guichets nationaux sont principalement mobilisés pour financer les projets de R&D (>80% des montants). Des financements privés qui représentent plus de 2,5Mds€, soit 40% des levées de fonds nationales, avec une diminution du nombre de levées de fonds en 2022 par rapport à 2021. Néanmoins, le montant moyen de la levée de fonds augmente largement, pour atteindre les 17M€ contre 12,3M€ en 2021 et 11,4M€ en 2020. L’analyse des pratiques du crédit d’impôt recherche montrent une spécificité francilienne avec un grand recours à la sous-traitance et des projets deux fois plus gros en termes de montant moyen déclaré.
Des filières santé hétérogènes et qui évoluent dans le panorama des financements publics
Le Medi’Scope montre qu’au sein de la filière santé, il existe des nuances sur les différentes filières (biotech, medtech, santé numérique). L’analyse des financements publics indiquent que les projets Biotech et Medtech ont des taux de succès de financement à hauteur de 50%, indiquant une maturité du secteur alors que ce taux tombe à 25% des projets en santé numérique. Malgré les plans nationaux initiés, les effets ne sont pas encore visibles, ¾ des projets ne sont aujourd’hui pas soutenus par des financements publics.
Par ailleurs, l’analyse des aires thérapeutiques des projets de R&D et des entreprises ayant levées des fonds confirme un fort leadership sur l’oncologie et la neurologie, et conforte la logique récente des annonces France 2030 sur les bioclusters (Paris Saclay Cancer Cluster en Oncologie et Brain & Mind en Neurologie). A noter que la cardiologie - angiologie se démarque particulièrement au niveau francilien par rapport au niveau national avec un nombre très important de projets R&D et de sociétés sur ce secteur, notamment en medtech.
Des focus techniques sur des axes prioritaires pour Medicen et le territoire francilien
En complément de cette analyse, l’édition 2023 du Medi’Scope s’est intéressée à deux axes stratégiques pour le pôle Medicen et la Région Île-de-France, la bioproduction et la chirurgie du futur.
La bioproduction : un enjeu francilien décliné en 4 piliers depuis 2019 et aligné avec les politiques nationales. La région Ile-De-France possède :
- Un réseau d’excellence académique avec le Domaine d’Intérêt Majeur (DIM) BioConvergences pour la santé
- 3 des 6 plateformes technologiques « integrateurs » (IVETh, MAGENTA et MEARY).
- Une concentration d’acteurs industriels (+180 entreprises) de premiers plans alliant startups, T/PMEs, Grand Groupes et ETI.
- Des capacités d’hébergement, qui doubleront dans les 3 à 5 ans, permettant la croissance de ce tissu.
- Des collaborations et formations qui favorisent le recrutement des futurs collaborateurs
L’innovation chirurgicale : une filière en véritable transformation qui doit se structurer
- Un besoin de cadre de définition commune : « la mise en œuvre des technologies innovantes en boucles digitales fermées pour une meilleure prise en charge des patients en continuum et une efficience médicale, technique, économique et environnementale »
- Elle concerne toutes les aires thérapeutiques (onco, cardio, gynéco, neuro…), se retrouve pendant tout le parcours patient (préopératoire, per-opératoire et post-opératoire) et englobe +70 champs d’innovation technologiques.
- Le territoire francilien représente un hub d’expertise qui peut être un fer dans lance dans l’écosystème national, notamment en robotique chirurgicale (centralisation des structures publiques et des centres de recherche, concentration des acteurs économiques…)